• La lutte contre la corruption passe à la vitesse supérieure

    La lutte contre la corruption passe à la vitesse supérieureLa lutte contre la corruption, cheval de bataille du mandat de Xi Jinping, commence à porter ses fruits et montrer des résultats tangibles. Des indicateurs comme l'évolution du marché des produits de luxes, du secteur immobilier et même, la nette baisse des revenus des casinos de Macau, semblent indiquer que les officiels chinois de tout le pays ont adopté un comportement beaucoup plus prudent, craignant les sanctions du Parti.

    Cette lutte contre les "Tigres et les mouches" (Les hauts dignitaires et les petits officiels locaux) a en effet ratissé large puisque près de 200 000 officiels ont été sanctionnés ces deux dernières années en Chine (Peines d'emprisonnement, suspensions, amendes, expulsion du Parti...). Un article du NY Times revenait d'ailleurs cette année sur des témoignages de chinois évoquant les impacts directs sur leur vie quotidienne de l'efficacité de cette lutte : moins de pots-de-vin à verser à des maires locaux pour ouvrir un business, moins de frais de scolarité pour les écoliers...

     

    Cependant, si les résultats positifs de cette politique sont incontestables, la plupart des enquêtes émanaient jusqu'alors plus du Parti que de la société civile. C'est pourquoi, sûr de la direction donné à sa lutte, le Parti a récemment décidé d'élargir son dispositif anti-corruption pour le faire passer à la vitesse supérieure grâce à la contribution active des chinois.

     

    L'ouverture de la chasse aux corrompus

    Différentes initiatives mises en place par la très sérieuse CCDI (Central Commission for Discipline and Inspection), l'organe de lutte anti-corruption du Parti, ont vu le jour ces dernières semaines, et doivent être perçues comme des annonces officielles d'une nouvelle ligne directrice du Parti : Laisser le peuple s'exprimer sur les abus de la corruption.

    Parmi ces initiatives figurent par exemple la création d'un site public pour la lutte anti-corruption. Cette plate-forme, soutenue par la CCDI et l'agence de presse officielle Xinhua, permettra aux chinois d'exposer leurs plaintes face à des abus de manière anonyme. 

    D'autre part, l'organe d'information central du Parti, la chaîne de télévision CCTV, s'apprête à diffuser une série de quatre documentaires sur les abus des "tigres" et les méfaits des "mouches" pour accompagner ce dispositif d'ouverture de la "chasse". Cette série agrémentée de témoignages de victimes, de documentaires sur les clubs privés des cadres du Parti, ou encore d'investigations au sein de ce milieu de débauche, a pour objectif premier de lancer un message fort aux chinois : "Réagissez sur ce mal qui ronge la Chine".

     

    La campagne marketing du Parti est donc plutôt bien rodée. La grogne populaire étant à son paroxysme, il est temps de laisser les chinois s'exprimer sur le fléau qu'est la corruption, tout en encadrant ce mécontentement dans un appareil public organisé. Xi Jinping met donc peu à peu en place une stratégie astucieuse de "fausse" ouverture maîtrisée, dont le dessein ne peut réellement faire l'objet de critiques.

    Le Parti central veut montrer une fois de plus sa détermination et sa professionnalisation au peuple chinois par un message publicitaire simple : "Vous n'êtes pas seuls face aux injustices quotidiennes qui vous entourent". Xi Jinping s'assure par ce geste, un soutien populaire, tout en faisant le ménage dans le Parti, et si cette incitation à la dénonciation peut avoir un goût amère de Révolution Culturelle, elle n'en reste pas moins légitime sur le fond du problème, et vitale pour la survie du système en place.


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