Le "Bol de riz en fer" (铁饭碗 : tiě fàn wǎn) est une métaphore qui décrit le confort des emplois publics sous l'ère Maoïste. Le secteur industriel d'Etat assurait alors un emploi à vie et une couverture sociale aux salariés. Avec le temps, cette expression s'est adaptée à l'ensemble du secteur public.

Les réformes économiques de Deng Xiaoping à la fin des années 1970 ont réduit  considérablement la part de ces emplois publics dans l'économie chinoise afin de largement favoriser l'émergence du secteur privé.

Cependant, les jeunes chinois d'aujourd'hui tendent à revenir vers ce modèle face au stress du secteur privé. Pour les jeunes chinois, le privé signifie de plus en plus : stress, précarité et protection sociale peu développée.

Diplômé et balayeur de rue

La fonction publique est aussi devenue un refuge à une problématique plus méconnue en Chine : le chômage et notamment le chômage des jeunes diplômés.

Le journal chinois NanFang ZhouMo basé à Canton, reprend ainsi l'exemple de Tong Peng, diplômé d'une université peu prestigieuse de la ville de Harbin. Après de nombreuses expériences chaotiques dans le privé, il a décidé de postuler à une offre de balayeur de cette ville. Le journal ajoute ces détails surprenants : pour 457 offres de balayeurs dans cette ville, 10 000 personnes ont postulé dont 2954 titulaires d'un diplôme de Master.

Les jeunes diplômés chinois de 2012 connaissent ainsi les revers d'un marché qui n'absorbe plus le flux de matière grise entrant. Ce marché est devenu trop compétitif et fait de la fonction publique une voie plus attirante.

Un phénomène social en réponse au malaise d'une génération

Les concours de la fonction publique font désormais le plein de candidats. Les jeunes apprécient la séurité de l'emploi que leur garantie l'Etat mais aussi des salaires plus intéressants qu'auparavant.

Mais c'est surtout l'inégalité sociale qui pousse les jeunes chinois vers ce secteur. Le sociologue Sun Liping expliquait en 2006 que la pension de retraite d'un travailleur du public était en moyenne le double de celle d'un travailleur du privé et l'écart se creuse.

L'injustice sociale et la recherche de sécurité sont des atouts forts pour la nouvelle génération de travailleurs chinois et dans ces conditions, le secteur public devra se préparer à absorber un flux grandissant de travailleurs.

Consulter également l'article de Chine Plus : La fonction publique attire les jeunes chinois (31/12/2012)