• Le pousse-pousse - Lao SheLe pousse-pousse est l'un des plus célèbres romans de l'écrivain Lao She. Cette oeuvre parue en 1937 sous forme de nouvelles, est une satire sociale de son époque centrée autour du personnage de Siang-Tse (Xiangzi), honorable tireur de pousse à Pékin.

    Siang-Tse, dit Le chameau, est un modèle dans son métier, il est courageux, honnête et économe. Jeune paysan arrivé de sa campagne, il souhaite s'intégrer dans cette cité par son ardeur au travail et ses manières impeccables. Son objectif : S'acheter son propre pousse-pousse pour être indépendant.

    Cependant, Siang-Tse, va connaître tout au long du récit, de nombreuses péripéties, qui finiront par avoir raison de sa force de caractère et le précipiteront dans le cercle vicieux de l'échec. Son ascension lente et laborieuse sera ainsi réduite à néant en un temps record jusqu'à l'amener à ressembler à toutes ces personnes qu'il méprisait lorsque plein de vigueur, il foula pour la première fois le pavé de Pékin. 

    Lao She s'intéresse ici, comme à son habitude, aux gens ordinaire de Pékin, ville dont il est lui-même issu. Siang-Tse est ainsi l'ambassadeur du petit peuple qui lutte pour survivre, mais dont la machine infernale de l'injustice, broie sans cesse les efforts.

    Le roman, écrit pendant le règne du Guomindang et à la veille de l'invasion japonaise, est considéré comme une critique de l'ancien régime où l'exploitation des masses laborieuses avait atteint un point critique.

     

    Siang-Tse est ainsi présenté comme une victime de la cruauté de cette société mais également comme un fautif. Son entêtement à vouloir s'en sortir seul et à économiser le moindre sou gagné auront en effet raison de lui et précipiteront sa chute sans fin. Son individualisme est ainsi montré du doigt aussi par Lao She qui a déjà, à cette époque, épousé les thèses communistes qui se répandent chez les intellectuels chinois de puis le début des années 1920, portées par des figures de premier plan comme Lu Xun, considéré comme le fondateur de la littérature moderne chinoise.

    Cette critique est d'ailleurs directement exprimée dans le roman par cette phrase :"Lui [Siang-Tse], le malheureux, le déchu, l'"individualiste" qui croyait pouvoir réussir tout seul, quand donc serait-il enterré avec cette société cruelle et pourrie qui l'avait enfanté?"

     

    Lao She nous livre par ce roman, une vision de son époque via un autre prisme, celui d'un tireur de pousse-pousse "immigré" dans cette ville impitoyable, où de nos jours encore, la vie est cruelle pour ceux qui travaillent de leurs mains.

    Il fait preuve une fois de plus d'un talent indéniable dans la description des éléments constitutifs de son récit. Ainsi, les saisons qui passent sont décrites dans le détail le plus fin à tel point que nous pouvons presque ressentir ces changements. Les rues de Pékin sous la plume de Lao She sont vivantes et odorantes, et les habitants de ce petit monde ont tous quelque chose qui les distingue.

    Ce roman qui précède l'excellente trilogie Quatre générations sous un même toit [Dont je vous recommande grandement la lecture malgré ses 1900 pages, voir mon précédent article : ICI] est une très bonne introduction à cet auteur majeur de la littérature chinoise que je conseille vivement à celles et ceux qui souhaitent revivre une époque et une ville aujourd'hui disparues.

    Le pousse-pousse - Lao She


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  • The rural migrant workers have never been really welcomed in megacities across eastern China, and the trend is not to change as the government has unveiled, in its 2016 Five-Year Plan, a specific chapter about its great ambition to relocate this population in the coming years.

    The objective of Xi Jinping set in the Plan is double: steer millions of Chinese out of poverty and develop new centers of growth in order to reduce the pressure on the Tier one cities of coastal China. Indeed, the government has recently announced its wish to curb population in main cities to avoid congestion in these urban centers, thus, Shanghai for example, will have to limit its population to 25 million by 2035 (A figure the city already overpassed: See also this recent article from The Guardian).

     

    The ambition of the government is big as we are talking about 100 million people that will be forcefully evicted from the richest megacities, then urged to settle in smaller cities in order to spread the economic growth in more remote areas within central and western China. This policy, accompanied by great urban developments and incentives for migrant workers, has already begun, and the reaction to this Plan is not yet clear.

     

    The documentary below directed by NHK World (Japanese TV channel) tries to analyse this project from the migrant workers' point of view to answer the central question of this strategy: Will the 100 million targeted population react to the Plan as Beijing intends them to do? Let's wait for the statistics in 2021...

    Migrant Worker Beijing


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  • It has been a while since my last article, and thus I come to tell that, no... this blog has not been shut down.

    This come back may seem a bit lazy, as I chose to share with you a video made by Wired about Shenzhen: The city wich is reshaping the way China innovates.

    The magazine analyses how Shenzhen evolved on the value chain of technology and hardware from a low-cost manufacturing center in the 90's to a dynamic center for innovation today.

    The report points out the factors that led Shenzhen to this amazing transformation, explaining the elements that have favoured its hi-tech sector, especially the ubiquitous "Shanzhai*" spirit which has always been a part of the innovative process in China.

    (*) Shanzhai: This expression refers to products that are counterfeited, which does not indicate the level of quality. The characters literally mean "Mountain village", which is a reference to the regional warlords of ancient who used to live under their own rules in remote parts of China, far from the central government control.

    Video below:

    Shenzhen - The Silicon Valley of Hardware [Wired Video]


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  • La vie communautaire, engendrée par le principe de piété filiale, a longtemps rythmé le quotidien des chinois jusqu'à une époque récente. Des générations ont ainsi perpétué ce mode de vie au fil des siècles, forgeant une cohésion au sein de groupes restreints.

    Quatre générations sous un même toit - Lao ShePékin plus que n'importe quelle autre ville chinoise, a su conserver cette tradition jusqu'au milieu du XXème siècle grâce à une organisation urbaine particulière : Les hutongs (Rues traditionnelles du nord de la Chine) liant entre eux des quartiers parsemés de Siheyuan, maisons à cours carrées où habitaient des familles dont la vie se retrouvait immanquablement liée à celles de leurs voisins (Je vous invite également à lire l'article de ce blog du 24/07/2013 : A-travers-les-hutongs-de-pekin).

    C'est ce quotidien que nous décrit Lao She dans sa célèbre trilogie Quatre générations sous un même toit, l'histoire d'une époque désormais (presque) révolue, où la communauté primait sur l'individu et où les affaires du foyer étaient discutées entre générations. Lao She, lui même pékinois, nous fait ainsi pénétrer dans cet univers cloisonné à une période trouble de l'histoire chinoise : l'invasion de Pékin et d'une grande partie de la Chine par l'armée japonaise. L'auteur nous présente ainsi ses protagonistes dont les destins seront à jamais bouleversés par une guerre qui n'épargne personne, pas même la vie paisible des habitants des hutongs de Pékin.

    Quatre générations sous un même toit

    Le roman débute naturellement - peut-être aussi dans un souci de respect des anciens avant tout - par une description du vieux Qi, le doyen de la ruelle du Petit-Bercail, théâtre de cette trilogie. La "scène" de ce récit n'est décrite que dans le second chapitre où Lao She dessine ce petit quartier de vie comme un corps humain auquel il donne vie au fil des pages, et où tous les axes semblent aboutir à l'épicentre du quartier, cette partie, qu'il qualifie de "thorax", et qui unifie les destins de ses habitants.

    Le décor posé, nous pouvons désormais nous représenter plus en détail l'écosystème qui régit cet espace confiné. Au fur et à mesure des chapitres nous découvrons donc les différentes familles dont les trois principales : les Qi, les Qian et les Guan, qui rythmeront l'ensemble du récit. Le lecteur est d'ailleurs rapidement amené à prendre parti contre les Guan et leur morale légère. Cependant, les choses ne semblent pas toujours être ce qu'elles sont réellement avec Lao She, et les personnages du récit peuvent évoluer voire, changer leur point de vue à plusieurs reprises suite à des événements injustes, dont la violence ne fait que croître au fil des pages.

    L'injustice majeure, représentée par cette invasion agressive de la part du voisin japonais, n'a de cesse d'alimenter un sentiment nationaliste de la part des principaux protagonistes, sentiment qui ne cessera de se développer avec le nombre croissant de "traîtres" coopérant avec l'ennemi.

    Dans ce contexte troublé, les jeunes prennent des décisions, tandis que les anciens, le vieux Qi en tête, font profil bas et ne peuvent qu'assister au démembrement de la structure du groupe. Lao She nous dépeint ainsi le quotidien des hutongs en même temps qu'il nous laisse entrevoir la destruction lente de son tissu social.

    La guerre mondiale s’immisce peu à peu dans le quotidien de ces familles, et aux conflits armés s'ajoutent les rivalités entre les clans qui finiront par diviser les familles de la ruelle du Petit-Bercail.

     

    Quatre générations sous un même toit - Lao SheLao She a écrit Quatre générations sous un même toit en plein conflit sino-japonais (1942-1944), alors que les japonais occupaient déjà Pékin depuis 1937. Sa description très précise de cette ambiance unique qui régnait dans les hutongs de Pékin des années 1930, lui a valu une renommée internationale.

    Certains articles n'hésitent d'ailleurs pas à le comparer à Victor Hugo ou Balzac qui ont été les grands narrateurs de Paris au XIXème siècle. Lao She serait donc de la même manière, le chroniqueur et historien de Pékin au XXème siècle.

    Plus globalement, Lao She aura surtout su décrire ses contemporains de toutes les couches sociales comme personne, avec une plume toujours simple et modeste destinée à toucher le plus grand nombre.

    D'autres ouvrages passionnants sont à découvrir sur cet auteur majeur de la culture chinoise (Des articles suivront au fur et à mesure de mes lectures de cet auteur).


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  • Arte est une chaîne pleine de bonnes surprises, et une fois de plus, elle ne faillit pas à sa réputation en nous proposant cette série de trois reportages fort sympathiques sur ces chinois qui vivent depuis des générations aux abords de la Grande Muraille, ou plutôt des Grandes Murailles, comme on le sait désormais.

    Ci-dessous, les liens vers ces reportages, c'est cadeau pour clôturer ce weekend!

    Vidéo

    Pour les plus curieux, également, un autre reportage Arte livre certains des secrets de ce monument unique au monde :

    Le long de la grande muraille (Arte Reportage)


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  • L'âge de l'ambition (Evan Osnos)"Chine - l'âge des ambitions" (Titre original : Age of ambition: Chasing Fortune, Truth and Faith in the New China) est un ouvrage sur la Chine contemporaine rédigé par le journaliste américain Evan Osnos en 2014.

    L'auteur nous décrit dans ce livre les changements notoires dans la société chinoise à travers les expériences de chinois, célèbres ou anonymes, qu'il a pu interviewer. Ce travail d'enquête, agrémenté d'analyses personnelles basées sur son expérience dans le pays, a l'avantage d'exposer au lecteur occidental non initié à l'environnement chinois, une vision assez détaillé des bouleversements gigantesques qu'a connu la Chine au cours des 25 dernières années. Si l'ouvrage n'évite pas certains raccourcis sur le pays, il n'en reste pas moins un travail soigné. L'auteur essaie en effet de conserver une approche neutre lors de ses interviews, même si son opinion reste palpable en trame de fond de son récit (Ne serait-ce que par le choix de certaines personnes interrogées).

    L'objectif de l'ouvrage

    Tout d'abord, L'âge des ambitions ne peut être lu comme une étude académique sur la Chine, mais plutôt comme un essai empirique, basé sur l'enquête de terrain en limitant les a priori théoriques.

    Ce livre est en effet le fruit des huit années qu'Evan Osnos a passé en Chine en tant qu'envoyé spécial successivement pour le Chicago Tribune puis le New Yorker. Son ouvrage nous plonge ainsi dans les récits personnels des chinois, trop peu entendus à l'intérieur du pays comme à l'étranger, à qui il donne une tribune pour exprimer leur vision des évolutions de la Chine contemporaine.

    Osnos organise ces récits en trois parties principales. Le livre s'ouvre ainsi sur le boom économique chinois et l'ascension spectaculaire de ces hommes et femmes, qui partis de rien, ont construit les bases de la Chine actuelle. La seconde partie de l'ouvrage, à mon sens plus partiale, s'intéresse à la rébellion des chinois face à la censure et aux limites qui leur sont imposées. L'auteur finalise ce récit par une partie consacrée à la classe moyenne : ses valeurs et sa quête d'un nouvel équilibre moral dans un pays déstabilisé par plus de trois décennies d'ouverture économique acharnée.

    Les rêves de fortune

    Osnos débute son récit par l'expérience de Lin Zhengyi, brillant soldat, qui a décidé, dés le début de l'ouverture économique chinoise en 1979, de déserter Taïwan pour aller rejoindre la terre de ses ancêtres, sa "mère patrie", qu'il souhaite accompagner dans son développement. Cet homme parti sans rien, deviendra, après un long périple, un éminent économiste en Chine, en se faisant le fervent défenseur d'un Etat fort et interventionniste sur le plan économique. Lorsqu'il est interrogé sur ses motivations à tout quitter pour rejoindre une terre alors hostile, Lin Yifu ("Un homme persévérant engagé dans un long voyage" Comme il se fait appeler désormais), répond qu'il souhaitait "disparaître" et quitter ce monde d'injustice qu'il avait connu à Taïwan pour "revenir" dans le berceau de sa civilisation. Cet idéaliste venu de cette île qualifiée de "félonne" par Pékin, incarne plus que quiconque, l'état d'esprit en Chine dans les débuts de l'ouverture : L'espoir en l'avenir. Cette époque des "fortunes à mains nues", qui ont ouvert la voie à la croissance effrénée qu'a connue la Chine durant les deux décennies suivantes, est une période d'optimisme économique où des pionniers apparaissent et se font un nom. 

    L'âge des ambitions (Evan Osnos)

    Les rêves de fortune s'accompagnent pour ce "groupe des enrichis d'abord" de rêves de statut et d'envies de loisirs, ce qui ouvre en parallèle un marché gigantesque pour l'industrie du divertissement et de la culture qui se répandra au fur et à mesure à un nombre toujours croissant de chinois.

    Cette ouverture économique et cet enrichissement de la population, cependant ne sont pas suivis de réformes structurelles de l'Etat, et les chinois, dans leur quotidien doivent toujours vivre dans un environnement corrompu où l'information reste cloisonnée et contrôlée. L'auteur s'interroge ainsi dans une seconde partie à ce paradoxe de développement à deux vitesses et à la manière dont les chinois vivent avec cette "contrainte" permanente.

    Quête de vérité

    Le deuxième chapitre du livre s'intéresse ainsi à l'adaptation des chinois à la censure, mais également aux innovations dont ils font preuve en permanence pour exprimer des avis divergents en contournant la Grande Muraille de l'Internet.

    Cette partie peut être, d'une certaine manière, résumée dans cette expression chinoise utilisée par l'auteur : "Danser les fers aux pieds" qui exprime la capacité qu'ont certains chinois de partager habilement leurs opinions dans l'espace d'expression restreint qui leur est confié.

    A ce titre, de mon point de vue, la personne la plus intéressante interrogée par Osnos dans cette partie, est Hu Shuli, rédactrice en chef du magazine libéral Caijing (Désormais responsable de son propre journal indépendant : Caixin). Cette femme à la poigne de fer, a mené sa carrière sur le postulat que les citoyens souhaitaient de l'information réelle et détaillée hors des messages officiels des organes de presse étatique. En cela, Hu est la pionnière du journalisme d'investigation en Chine, ce qui représente une véritable prouesse dans le pays où les journalistes sont plus habitués à publier des articles "suggérés" par le Parti. Hu Shuli explique ainsi à Osnos comment elle a réussi à survivre en s'entourant des bonnes personnes mais surtout en sachant toujours juger avec habileté où s'arrêter, exercice évidemment complexe en Chine.

    Au cours des années 90, elle n'hésite ainsi pas à couvrir des cas de corruption, de délits d'initiés touchant des officiels, bien avant les campagnes anti-corruption de Xi Jinping. Cependant, elle subit des revers à partir de la fin des années 2000 lorsque sa ligne de publication quitte peu à peu la sphère purement économique et officielle pour glisser vers des sujets de société plus sensibles tels que les enquêtes sur le SRAS ou le tremblement de terre du Sichuan en 2008.

    Une autre interview attire mon attention dans ce chapitre. Osnos s'intéresse en effet à un jeune étudiant de l'université de Fudan, Tang Jie, qui tient à jour un site nationaliste où il publie des vidéos à la gloire de la Chine, contre l'impérialisme occidental. Ce portrait en effet, loin de caricaturer la personne permet au lecteur de comprendre la philosophie qui motive cet étudiant extrêmement érudit dont la ferveur connaît également les affres de la censure.

    Ce chapitre nous présente également des spécialistes chinois du contournement la censure comme l'artiste superstar Ai Weiwei, ou le bloggeur playboy Hanhan, mais également des personnes engagées corps et âme dans une lutte pour les droits de l'Homme, pour qui l'avenir semble plus sombre, tels le poète Liu Xiaobo ou l'avocat Chen Guangcheng.

    Le choix de ces figures fortes de la contestation engage le récit de l'auteur dans une vision plus pessimiste sur l'avenir intellectuel de la Chine.

    Illusions et nouvelles croyances

    Le troisième chapitre développé par Osnos me donne une impression plus sombre. L'auteur débute en effet ce chapitre par une partie dédiée au vide spirituel dont le Parti Communiste serait responsable, plaçant le développement économique comme unique indicateur du bien-être de sa population. Ainsi, nous y découvrons sans surprise que la nouvelle classe moyenne chinoise, désormais enrichie, ne voit plus dans le Parti une entité digne de confiance. Les messages à la gloire du socialisme égrainés par le Parti ne séduisent plus une population qui s'individualise de plus en plus et se désolidarise même du groupe.

    Dans ce contexte, un nombre croissant d'individus se tournent vers les croyances anciennes chinoises ou vers d'autres religions comme le christianisme.

     

    Ce chapitre est aussi l'occasion de faire un bilan des différents récits, ce qui permet de révéler les désillusions de la plupart des protagonistes interrogés.

    La triomphante Hu Shuli, par exemple, apparaît désormais désabusée quant à sa capacité à continuer à exercer un journalisme d'investigation dans un contexte de resserrement de la censure depuis quelques années. Ceci ne l'a pas empêché toutefois de recréer une équipe pour une nouvelle aventure, mais la tâche semble plus ardue.

    L'idéaliste Tang Jie, n'arrivant plus à vivre de ses convictions, doit raccrocher les gants et accepte un poste de professeur de philosophie dans une université.

    Les artistes mentionnés ci-dessus comme Ai Weiwei ou Hanhan se disent brisés par le système et ont perdu de leur combativité, voire se sont rangés.

    Le contrôle de l'Etat pour les uns, et le plafond de verre grandissant pour les autres, semble ainsi avoir entamé les ambitions des personnes présentées. Le lecteur garde ici l'image d'un pays frustré où les citoyens sont minés par une crise sociale et morale profonde.

    L'âge des ambitions (Evan Osnos)

    Cette description de la société chinoise, si elle peut s'avérer pertinente à certains égards, me dérange malgré tout, car elle ne rend pas compte de l'immense force de caractère qui anime les chinois et de leur désir toujours constant de s'élever (Élément qui ressort plus dans les parties précédentes). C'est pourquoi je préfère clore cet article par la dernière anecdote de ce livre : la rencontre avec Qi Xiangfu.

     

    Qi Xiangfu est alors balayeur dans le quartier du temple de Confucius de Pékin où réside l'auteur. Peu avant le départ de ce dernier, Qi vient lui parler pour lui présenter son travail en tant que poète, ce qui éveille la curiosité d'Osnos. Il prend alors connaissance de la vie cachée de ce personnage et découvre qu'il a une certaine renommée sur la toile.

    Il finit par demander à l'homme ce qui l'inspire dans la vie. Ce dernier lui répond : "Quand j'écris, tout est substance. Dans la vie je dois me montrer pragmatique. Mais quand j'écris, c'est à moi de décider". Cette phrase me semble plus à même de retranscrire la manière de penser des chinois, à savoir qu'il y a toujours un espace privé dans lequel ils se réfugient, et que cette espace est leur forteresse contre les difficultés du monde extérieur. L'optimisme et l'ambition des chinois persiste ainsi malgré le ralentissement de la croissance et les difficultés croissantes d'ascension sociale dans le pays.


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  • Mémoires - Zhao ZiyangLe 4 juin 1989 est une date aussi célèbre que tabou en Chine, et ce n'est pas ce 27ème anniversaire des événements de la place Tiananmen, qui changera quoique ce soit au silence gêné des autorités chinoises.

    Je souhaitais donc par cet article, revenir sur ce fait historique qui devient au fur et à mesure des années un mirage toujours plus trouble dans la mémoire collective chinoise et internationale.

    Pour ce faire, mon choix ne s'est pas porté sur les témoignages d'étudiants, ouvriers ou policiers présents place Tiananmen en 1989, mais plutôt sur le récit détaillé, de l'intérieur de la machine politique, d'un haut dirigeant de l'époque : Zhao Ziyang.

    Zhao Ziyang était, de 1987 à 1989, premier ministre puis secrétaire général du Parti Communiste Chinois (PCC), ce qui signifie qu'il occupait le second poste le plus important de l'appareil politique chinois. Le poste de dirigeant était officieusement, depuis le limogeage de Hu Yaobang en 1987, occupé - de nouveau - par Deng Xiaoping.

    Il faisait partie de cette tranche libérale du Parti des années 80 qui prônait l'ouverture économique mais aussi politique de la Chine. Il est en cela un des plus grands architectes du développement économique chinois lancé par Deng Xiaoping avec son fameux "Enrichissez-vous!".

    La Chine de la décennie 80 était alors en pleine effervescence et subissait des mutations importantes qui venaient bouleverser près de 30 ans de maoïsme. L'heure était à l'entrepreneuriat, à l'ouverture des marchés sur le plan économique, mais aussi à l'ouverture culturelle et idéologique : Comme le souligne la sinologue Luisa Prudentino "... Chacun s'est réapproprié son corps" dont il avait était privé sous l'ère communiste de Mao Zedong.

    C'est dans ce contexte favorable aux changements que Zhao Ziyang, sous la protection du réformateur Hu Yaobang, a oeuvré à ce gigantesque chantier d'ouverture qui prenait place sous ses yeux, et dont il allait devenir un acteur majeur.

    Du Sichuan aux sommets de l'Etat

    La ligne générale du Parti dans les années 1980 était "réformer le système", cependant, si la formule se voulait radicale, il s'agissait de définir plus précisément ce que cela allait induire en terme d'actions.

    Zhao Ziyang lui n'a pas attendu d'avoir une directive claire sur la question, puisqu'en 1976, il lançait déjà ses premières réformes dans le Sichuan où il occupait la fonction de Premier Secrétaire du Parti de la province.

    Ces réformes touchaient à l'économie rurale et urbaine. Elles débutèrent par des expériences afin d'accroître l'autonomie économique des chinois, c'est-à-dire sortir de l'économie collectiviste qui était alors la norme. Cette politique fonctionna plutôt bien dans cette province (La plus peuplée de Chine), si bien qu'une expression populaire commença à se répandre jusqu'à Pékin : "Si vous voulez des céréales, adressez-vous à Zhao Ziyang".

    Au même moment, Hu Yaobang mettait en oeuvre des réformes plus structurelles pour le système politique chinois, puisqu'il travaillait à la réhabilitation des victimes de la Révolution Culturelle (1966 - 1976), ce qui marquait un vrai tournant vis-à-vis de l'héritage de Mao Zedong, car cela revenait à reconnaître officiellement pour le Parti, les erreurs commises par le Grand Timonier quelques années seulement après sa mort.

    Les faits d'armes de Hu Yaobang et Zhao Ziyang leur permirent très vite de rejoindre le Comité Permanent du Bureau Politique à Pékin dès 1980, la Chine entrait alors dans l'ère des réformes décrite par Zhao Ziyang lui-même dans ses Mémoires.

    Ces Mémoires relatent cette ouverture de la Chine tant au niveau économique qu'idéologique et sont en cela un héritage laissé par Zhao Ziyang à la postérité. L'ouvrage est le fruit d'enregistrements réalisés par Zhao Ziyang depuis sa résidence surveillée entre 1999 et 2000 [NDLR - Suite au massacre du 4 juin 1989, Zhao Ziyang fut assigné à résidence jusqu'à sa mort en 2005]. Ces cassettes ont pu être récupérées, authentifiées et rendues publiques via l'édition d'un livre en 2009, par Bao Tong, ancien bras droit de Zhao Ziyang à la tête de l'Etat. 

    Le contenu qui suit est issu de ces Mémoires sans interprétation complémentaire de ma part. Le déroulement des événements se veut factuel tel que décrit par Zhao Ziyang.

    Le printemps de Pékin

    Mémoires - Zhao ZiyangL'élément déclencheur des manifestations étudiantes fut la mort du réformateur Hu Yaobang le 15 avril 1989, il s'agissait donc d'une démarche spontanée pour honorer la mémoire d'un membre du Parti apprécié par la population chinoise.

    Zhao Ziyang explique dans ses Mémoires ces rassemblements de la façon suivante : L'éviction de Hu Yaobang en 1987 avait été perçue comme injuste par les chinois, elle marquait un virage quant à la campagne de libéralisation que connaissait la Chine et un retour au conservatisme du Parti. De plus, depuis 1988, les réformes économiques et politiques avaient nettement ralenties voire régressées. Les chinois s'enrichissaient moins vite alors les prix augmentaient plus vite. Ces facteurs sociaux et économiques, ajoutés au climat international de relâchement progressif du système communiste rigide de l'URSS, donnait des ailes aux étudiants chinois.

    La position de Zhao Ziyang face à ces manifestations fut d'être souple quant à la réponse à donner. Il décida dès le début de se placer du côté des manifestants et avait même rapidement préconisé de réduire la répression au minimum, à savoir punir les délits, débordements et tout autre acte de vandalisme. L'idée était de laisser la population exprimer son deuil afin de contenter une foule pacifique, mais également de contenter le peuple chinois, en relançant les réformes politiques et économiques au point mort depuis l'automne 1988.

    L'approche de Zhao était compréhensive et rationnelle, elle présentait une image paternaliste du Parti Communiste auprès des jeunes étudiants. Cependant, ce point de vue ne faisait pas consensus, et la frange conservatrice du Parti menée au début par Li Ximing [Secrétaire du Comité du Parti de Pékin] et Chen Xitong [Maire de la ville] entendait bien profiter du mouvement pour rétablir une politique plus répressive et forcer un retour à l'ordre, et par là, stopper les réformes politiques libérales qui mettaient mal à l'aise les membres les plus anciens du comité permanent du Parti.

    Mémoires - Zhao ZiyangA force de conviction, les conservateurs finirent par convaincre Deng Xiaoping d'adhérer à cette ligne dure. Le coup d'envoi fut d'ailleurs donné dans le dos de Zhao Ziyang alors même qu'il était absent de la capitale pour une rencontre diplomatique prévue de longue date en Corée du Nord. Le 26 Avril 1989, un éditorial fut ainsi édité dans le Quotidien du peuple sous l'impulsion de Li Peng [Premier ministre en remplacement de Zhao Ziyang quand ce dernier succéda à Hu Yaobang] et Yang Shangkun [Ancien président en 1988], d'autres partisans de la ligne conservatrice du Parti. Il définissait le mouvement étudiant comme une "lutte organisée, planifiée et préméditée contre le Parti et le socialisme". Cet éditorial eu l'effet d'une bombe, puisque dès le 27 avril, on décompta plus de 100 000 manifestants. L'agressivité de cet éditorial fit prendre conscience à beaucoup qu'ils risquaient leur vie en allant place Tiananmen, ainsi nombreux furent ceux qui rédigèrent leurs testaments avant de rejoindre leurs camarades.

    A son retour de Corée du Nord, Zhao Ziyang était furieux de cette maladresse impardonnable. Cependant, il dût bien vite se rendre à l'évidence que son approche serait désormais beaucoup plus difficile à mettre en place dans la mesure où il avait perdu ses principaux soutiens dont Deng Xiaoping.

    Zhao tenta malgré tout d'inverser la tendance et de calmer les esprits, comme lors d'un discours mémorable qu'il donna devant les représentants de la Banque Asiatique pour le Développement (BAD) durant lequel il réitéra devant des délégations étrangères, son souhait de régler cette crise de manière ouverte et démocratique. Mais rien n'y fit, le recours à la répression armée commençait à se répandre au sein du Parti : tout retour en arrière paraissait impossible.

    L'appel à l'armée

    Pour Zhao Ziyang, le Parti aurait pu calmer le jeu en lâchant du lest sur les réformes mais surtout en invalidant l'éditorial du 26 avril qui avait mis le feu aux poudres. Cependant, il devait lui-même faire face à son éviction prochaine du Parti, son avis ne comptait déjà plus.

    Le 17 mai, la loi martiale fut déclarée à Pékin, Zhao s'y opposa et mit ainsi fin à son rôle politique.

    Mémoires - Zhao Ziyang

    Il joua tout de même sa dernière carte le 19 mai en se rendant officiellement place Tiananmen, où il improvisa un poignant discours suppliant les manifestants de quitter la place, car il savait que l'Armée Populaire de Libération (APL) prenait déjà position dans le centre de Pékin. Cette apparition publique est la dernière connue avant son assignation à résidence qui durera jusqu'à sa mort.

    Dès le 20 mai, les troupes de différentes provinces avoisinantes de Pékin commencèrent à se déployer dans Pékin. La tâche fut d'ailleurs ardue car les convois de l'APL étaient sans cesse ralentis dès la banlieue de Pékin par les habitants bien décidés à les empêcher de pénétrer dans la ville. Des personnes âgées, jeunes, ouvriers, étudiants, cadres, employés... formaient ainsi des barrages face à l'APL complètement déboussolée par cette solidarité soudaine.

    Sur la place Tiananmen, des centaines de milliers de manifestants demeuraient. La situation, qui était jusqu'alors maîtrisée par les étudiants eux-mêmes qui faisaient preuve d'autodiscipline, devint de plus en plus tendue avec l'arrivée de l'armée.

    L'ordre fut donnée à l'armée d'évacuer la place le 4 juin, dans le bain de sang que l'on connaît aujourd'hui. Zhao Ziyang était déjà assigné à résidence dans les faits, son passé et ses réformes commençaient peu à peu à être effacées de l'Histoire collective chinoise.

    Cet événement au-delà du symbole marqua la fin des réformes politiques en Chine et le début d'une ère de développement effréné basée uniquement sur l'économie.

     

    Référence : "Mémoires - Un réformateur au sommet de l'Etat chinois" Zhao Ziyang [Editions du Seuil]


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  • The Sinosphere blog by the NY times is a good inspiration for many of the articles posted on my blog. Thus, once again, I got some materials from this newspaper to provide you with this good documentary that has just been released.

    The film presented is about a hard headed Chinese mayor in the city of Datong (Northern China), but don't go too fast thinking that this documentary must be just another harsh criticism of the rampant corruption in China, as this film should be seen as a simple report of a man trying to do his work through the multiple difficulties of the country.

    Qi Zhao and Hao Zhou - The 2 filmmakers - aimed at doing something less artificial than what can be normally watched in the CCTV reports within the country: Good officials with fake smiles. Thus, with this documentary, we just get to know a straight-talking person with his strengths and weaknesses, successes and failures.

    This personal approach of the film makes it interesting as it doesn't leave you with a clear and comfortable opinion provided by an expert of chinese politics or whatever. Indeed, after watching this short feature film, this up to you to think what you want about the way this mayor implements the development of his city.

    Manufacturing China's future

    Qi Zhao and Hao Zhou are Emmy- and Golden-Horse-Award-winning documentary filmmakers who focus on China. This film is inspired by their feature film “The Chinese Mayor,” which won a special jury award at the Sundance Film Festival.


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  • Je suis en général bien informé sur les évènements qui touchent de près ou de loin à la Chine sur Paris, et ne manque jamais d'y passer une tête dans le but d'approfondir toujours plus mes connaissances sur l'empire céleste.

    C'est ainsi que, poussé par cette curiosité permanente, j'ai décidé, il y a peu, de prendre ma place pour assister à 5000 ans d'Histoire chinoise avec la troupe désormais renommée Shen Yun - Vous avez certainement déjà vu ces affiches de danseurs chinois sur fonds multicolores qui tapissent les stations du métro parisien.

    Je suis allé voir Shen Yun... Et je vous invite à ne pas faire la même erreurJe suis donc allé au palais des congrès de Paris en ce paisible dimanche afin de profiter d'une performance sur l'histoire du pays qui me passionne, oubliant mes quelques craintes sur les motivations réelles de ce spectacle...

    Je me suis donc installé confortablement dans mon siège pour me laisser bercer par cette mise en scène des légendes millénaires de la Chine, ces tableaux vivants de l'histoire chinoise.

     

    Mais voilà, très vite, les raisons de cette mise en scène historique deviennent claires, c'est ainsi que je me souviens que, loin d'être un simple hommage flamboyant à la culture de l'empire du milieu, Shen Yun est avant tout un "show", une vitrine d'une puissante idéologie dont j'évoquerai par la suite les grandes lignes (Sans entrer dans le détail)... En effet, nos "gentils animateurs", qui entrecoupent chaque danse pour en expliquer le contenu et les aspects culturels associés, n'hésitent pas dès la première intervention à s'adonner sans transition à une critique extrêmement virulente du Parti Communiste Chinois (PCC), avec des phrases d'accroches d'une démagogie absolument choquante telles que : "Aujourd’hui, on ne peut pas voir Shen Yun en Chine, où la culture traditionnelle a quasiment disparu", Whaaat!!! Puis notre animatrice de continuer naturellement "Shen Yun présente les meilleurs danseurs classiques chinois au monde", Seriously???

     

    Cependant, ce flot de superlatifs était à prévoir, et je m'en veux d'avoir pensé que cette performance pourrait avoir un autre objectif que de promouvoir l'association organisatrice de cette mascarade : le Falungong (Dit Falun dafa : 法轮大法). Cette association (Secte?) a en effet pour objectif de promouvoir à grande échelle un courant de méditation bouddhiste par des pratiques physiques et spirituelles dérivées du Qigong. Cette méditation silencieuse connut ainsi un grand succès en Chine dans les années 1990, comptant plus de 90 millions de pratiquants au summum de sa gloire. La suite des événements était donc logique, le PCC décida d'en interdire sa pratique craignant la création d'un contre pouvoir puissant avec des ramifications aux quatre coins du pays. Des opérations de répressions de grande ampleur débutèrent donc contre les membres du Falungong, poussant certains leaders à l'exil. La question reste malgré tout en suspens sur les réelles motivations politiques des leaders de ce mouvement.

     

    Shen Yun, vous l'aurez compris, n'est pas un spectacle innocent, mais bien un moyen pour le Falungong, en plus de ses autres médias (La chaîne de télévision New Tang Dynasty ou encore le journal The Epoch Times...), de rallier un maximum de personnes à leur cause en utilisant l'Histoire chinoise pour ce faire :  C'est affligeant! Cette propagande est distillée tout au long de ce spectacle par des danses qui exposent la bravoure des pratiquants de cette doctrine face à la répression communiste, ou pire, des sopranos qui interprètent des morceaux à la gloire de cette "pratique divine de la méditation". L'objectif final est évidemment de faire de nouveaux adeptes à cette pratique bouddhiste tout en insufflant une haine envers le Parti Communiste Chinois, l'ennemi du Falungong...

     

    Cette représentation me laisse donc un goût amer. J'ai la désagréable sensation d'avoir jeté les 85€ du prix de ma place dans une poubelle nauséabonde remplie de propagande infâme d'une association à l'idéologie outrageusement réactionnaire.


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  • 解救吾先生 - Saving Mr Wu

    J'ai visionné le film Saving Mr Wu du réalisateur Ding Sheng, et je dois avouer que ce thriller palpitant a su me tenir en haleine du début à la fin.

     

    Le scénario, centré autour d'un kidnapping, nous plonge dès les premières minutes dans un suspens qui, j'en suis sûr, saura vous tenir éveillé jusqu'au dénouement.

    Le film est en effet servi par une réalisation impeccable et des acteurs plutôt convaincants tels Andy Lau (Otage) et surtout Wang Qianyuan (Chef du gang) - A noter que ce dernier est parfaitement à sa place dans son rôle de chef de meute froid et cruel.

    Cependant, au-delà de la qualité indéniable de la mise en scène, ce film trouve son originalité par les faits mêmes qui y sont relatés. En effet, l'histoire, a priori d'inspiration purement hollywoodienne, est en fait le récit très détaillé d'un fait divers qui a secoué la Chine il y a quelques années. Les faits prennent place à Pékin en 2004 alors que le nouvel an lunaire bat son plein. Wu Ruofu, acteur en vogue à l'époque, est arrêté par des policiers en pleine rue pour subir un contrôle, c'est alors que tout bascule et qu'il est emmené de force dans une planque secrète dans la banlieue de Pékin où il est détenu contre une demande de rançon : Son calvaire durera 24 heures.

    Après quelques années de retrait, Wu Ruofu accepte finalement qu'un film soit tourné sur sa mésaventure, il y tiendra même un rôle, celui d'un officier de police chargé de l'affaire. Le film est donc extrêmement réaliste jusqu'au dénouement où le réalisateur a pris le parti d'aller jusqu'au bout du processus, mais je n'en dévoilerai pas plus.

    Je vous invite à visualiser la bande annone (Image ci-dessous) :

    解救吾先生 - Saving Mr Wu

    Film complet en chinois sous-titré chinois et anglais (Pas de version française) :

    解救吾先生 - Saving Mr Wu


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  • Happy New Year / Bonne année / 新年快乐 !!

    ... And what better way to start this new year than having a quick look to the chinese macroeconomic forecasts for 2016.

    This is exactly what the magazine The Diplomat intends to do with the article you will find below, and it appears clearly that Beijing is willing to reinforce its supply-side economic reforms for the coming year in order to manage its gradual transition into a service-based economy and to improve the efficiency of its public sector.

    Have a good reading:

    Chinese economic forecasts for 2016


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  • De la créativité dans l'AirpocalypseL'ouverture de la COP21 à Paris hier a coïncidé avec un pic de pollution sans précédent à Pékin. La ville est en effet recouverte d'une épaisse couche poisseuse qui ne devrait pas disparaître avant Jeudi au mieux. Le niveau de PM2.5 - particules les plus fines dont le diamètre est inférieur à 2,5 micromètres - a ainsi atteint le chiffre affolant de 976 microgrammes/m3 d'air cet après-midi dans certains quartiers de la ville, soit 40 fois la limite de 25 fixée par l'OMS.

    Si la Chine du Nord connaît régulièrement des alertes à la pollution, celle-ci est malgré tout d'une ampleur démesurée, et ruine une fois de plus le moral des chinois trop habitués à ce fléau qui n'épargne personne.

    Certains cependant, essaient de remonter la pente par une bonne dose d'humour noire, seul recours pour une population excédée par cette piètre qualité de vie.

    Certains weibonautes (Utilisateurs de Weibo, l'équivalent de Twitter) ont ainsi décidé de proposer une visite guidée de leur ville pour tous ceux qui, actuellement en visite dans la capitale, ne pourraient profiter de leur séjour :

    De la créativité dans l'Airpocalypse

    La cité interdite


     De la créativité dans l'Airpocalypse

    La tour CCTV

    De la créativité dans l'Airpocalypse

    Chaoyang (Quartier d'affaires)

    De la créativité dans l'Airpocalypse

    Le nid d'oiseau

    D'autres, comme l'artiste "Frère noisette" (坚果兄弟), ont choisi d'exposer littéralement à la population la pollution de la capitale. Frère noisette a ainsi arpenté les rues de Pékin durant 100 jours tenant un aspirateur en l'air afin de "nettoyer" l'air ambiant. L'objectif de cette étrange expérience n'est autre que de modeler une brique de pollution condensée afin de visualiser ce désastre. Cette brique incarne finalement la première pierre de l'édifice de notre folie destructrice.

    De la créativité dans l'Airpocalypse

    De la créativité dans l'Airpocalypse


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  • Beijing Silvermine : Un certain regard sur la Chine ordinaireCertaines histoires nous parlent dès les premiers mots et éveillent en nous une curiosité naturelle. Dans mon cas, j'aime les récits photographiques et les histoires imaginaires ou même banales vers lesquelles nous emmènent ces clichés. C'est ainsi que je suis tombé il y a quelques semaines, par un heureux hasard, sur le projet "Beijing Silvermine" du collectionneur et éditeur français Thomas Sauvin. Cette initiative m'a immédiatement intéressé par sa simplicité et son accessibilité, puisqu'elle s'attache à décrire une période étrangement peu abordée : Le développement des loisirs et de la photographie grand public en Chine.

    C'est en 2009 que Thomas, installé à Pékin depuis 10 ans, lance son projet titanesque de récolte des négatifs abandonnés par les chinois depuis le milieu des années 2000 et le développement du numérique. Son travail commence donc dans les centres de recyclage de la banlieue de Pékin où il récupère ce matériel brut destiné à être réduit en cendres afin de récupérer du nitrate d'argent. Cette récolte en masse d'images abîmées par le temps nous ramène aux balbutiements du développement des loisirs en Chine des années 1980 aux années 2000, nous offrant ainsi un récit touchant de cette période à travers le regard des chinois eux-mêmes.

    Beijing Silvermine : Un certain regard sur la Chine ordinaireLe projet Beijing Silvermine, à travers le demi-million de clichés déjà récupérés par Thomas en 6 ans, nous permet également d'entrevoir une Chine en pleine transition, où la population découvrait les joies du tourisme et de la consommation après des décennies de privations. Les années 1990 ont en effet marqué le développement du tourisme domestique et notamment des parcs à thème à travers le pays, élément prédominant des nombreuses photos présentées dans ce projet. L'accumulation de ces photos banales, pouvant même être perçues comme ennuyeuses par certains, représente également un travail d'archivage précieux de la mémoire récente de la Chine dans un pays trop tourné vers l'avenir.

    Beijing Silvermine : Un certain regard sur la Chine ordinaire

    La première étape de Beijing Silvermine, récolter et archiver ces mémoires de la période post Révolution Culturelle, est maintenant suivie par une seconde étape de "réanimation" de ces négatifs. Pour ce travail, Thomas Sauvin s'est entouré d'artistes chinois afin de l'aider à redonner vie à ces moment figés de la vie de chinois ordinaires. L'artiste Lei Lei a ainsi réalisé des vidéos hypnotisantes qui explorent d’une autre manière la dimension surréaliste et la profondeur de ces archives.

    Beijing Silvermine : Un certain regard sur la Chine ordinaire

    Beijing Silvermine est un projet comme je les aime, une réanimation du passé par une démarche simple et proche des gens. Chacun peut s'amuser à reprendre ces clichés aléatoires, puis les assembler, recréer une histoire ou même s'imaginer quel type d'homme ou de femme est le photographe qui a pris ce cliché.


    Vous trouverez ci-dessous un reportage intéressant sur ce projet peu commun :

    Beijing Silvermine : Un certain regard sur la Chine ordinaire


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  • #LegosforAiweiwei : Le mauvais coup de com de LegoLa complaisance des firmes occidentales vis-à-vis du pouvoir chinois est monnaie courante. Être présent sur le marché chinois et pouvoir y développer son activité, reste pour beaucoup de multinationales, le meilleur moyen de palier à la faible croissance des marchés occidentaux. Cependant, il ne faut jamais sous-estimer un autre pouvoir prédominant pour ces sociétés mondialisées : le consommateur. C'est cette leçon que vient d'apprendre le plus célèbre des fabricants de briques.

    L'histoire commence par un refus du fabricant danois d'honorer une grosse commande de briques Lego effectuée par l'artiste dissident chinois Ai Weiwei dans le cadre de sa future exposition en Australie sur la liberté d'expression. Ce refus de vendre des briques à l'artiste pour des raisons "politiques" contraires à l'éthique de la marque, loin de décourager Ai Weiwei, l'amène au contraire à partager son anecdote sur les réseaux sociaux pour mettre la marque face à ses responsabilités et au jugement des internautes du monde entier.

    #LegosforAiweiwei : Le mauvais coup de com de Lego

    Détournement du célèbre cliché où Ai Weiwei casse un vase de la dynastie Han

    Et force est de constater que les internautes sont très réceptifs à cette injustice au grand dam de Lego. Nous assistons donc depuis quelques jours à une véritable campagne de contre-communication contre la marque : Lego qui incarnait la possibilité pour chaque enfant de modeler ses rêves ne serait-elle qu'un fabricant d'illusions? Il semblerait que oui...

    #LegosforAiweiwei : Le mauvais coup de com de Lego

    Loin de s'arrêter là, la contestation d'une partie des internautes dépasse désormais le cadre du "post" pour devenir plus concrète. De plus en plus d'internautes se proposent même d'envoyer des Lego à Ai Weiwei pour lui permettre de réaliser son oeuvre subversive : Le fabricant doit ainsi faire face à une dissidence mondialisée dont il avait certainement sous-estimé l'impact.

    #LegosforAiweiwei : Le mauvais coup de com de Lego

    Enfant proposant ses Lego à l'artiste via une photo sur Instragram

    L'affaire, au-delà de son ridicule apparent, pose la question de l'auto-censure des grandes firmes occidentales, car dans le cas présent, rien n'obligeait Lego à refuser cette vente. Rappelons que l'exposition ne se tenait pas en Chine. 

    La justification de ce rejet est également douteuse. La firme refuserait d'être utilisée à des fin politiques ou religieuses, ce qui peut effectivement se comprendre, sauf qu'ici, il s'agit d'un sujet assez "classique" pour un pays occidental comme l'Australie : la liberté d'expression.

    L'aspect positif de cette affaire malgré tout, est peut être que la voix citoyenne et la dégradation de l'image de la marque, risquent de peser plus sur ses ventes que les répercussions gouvernementales que Lego craignait tant et qui ont motivées sa décision.


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  • Une petite vidéo de Hangzhou vue du ciel en HD, c'est toujours bon à prendre :-)

    谢谢杭州 / Thank you Hangzhou


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