• Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyensLa rentrée des classes a eu lieu en Chine comme ailleurs. Cela nous donne l'occasion de nous pencher sur un phénomène en plein développement dans le pays : l'utilisation des toits d'établissements scolaires comme aires de jeu en plein air pour pallier au manque de place en milieu urbain.

    La tendance n'est pas nouvelle mais est actuellement sujet à débat sur la toile chinoise. Beaucoup s'inquiètent en premier lieu de l'aspect sécuritaire de ces installations : les barrières protégeant les élèves sont-elles stables? Le poids de ces structures ne fait-il pas courir un risque pour la solidité de l'immeuble?...

    Toutes ces questions légitimes de parents inquiets cache également un questionnement plus profond de cette problématique sur la société chinoise et son système éducatif fortement inégalitaire, et c'est sur ce point que je vais m'attarder.

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

    Le débat social derrière l'anecdote

    L'apparition de ces terrains de sports et jeux pour enfants sur les toits d'écoles de certaines villes de Chine a attiré l'attention de nombreux internautes chinois ces dernières semaines et inévitablement relancé le débat sur la spéculation immobilière en Chine.

    Les prix des terrains dans les centres urbains du pays ont en effet atteint des sommets faisant pression sur l'espace alloué aux terrains moins rentables, dont les écoles font partie. Le phénomène est particulièrement critique dans les établissements scolaires pour les enfants de travailleurs migrants venus de l'intérieur du pays.

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

     

     

    La photo ci-contre date de 2010 et montre l'établissement pour enfants migrants Tianhua de Hangzhou

     

     

     

     

     

    Une réglementation nationale existe pourtant à ce sujet pour régir l'espace minimum que les municipalités doivent allouer aux écoles, collèges et lycées. Des données chiffrées y sont mêmes fournies selon le nombre d'élèves, la taille de l'établissement...

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

     

    La photo ci-contre (2010) nous montre les classes d'une école primaire de la ville de Wuhan réunies sur le toit de leur école pour les exercices matinaux. Au vue de la structure de l'immeuble, la sécurité n'est clairement pas assurée pour ces enfants.

     

     

     

    Les officiels locaux sont ainsi souvent peu enclins à respecter ces quotas d'espace "récréatif" tant la spéculation immobilière fait pression sur les prix des terrains. La faible morale des promoteurs rend donc le développement des structures éducatives bien plus complexe en milieu urbain.

    Une inégalité sociale mais surtout territoriale

    Le débat évoqué ci-dessus peut encore être élargi aux problématiques d'équipement et de moyens donnés à l'éducation en Chine, qui dépassent largement ces problématiques d'équipement en milieu urbain, car la situation en milieu rural est encore bien plus préoccupante.

    Ces écoles manquent souvent de professeurs et d'équipement scolaire de base. On peut voir sur la photo ci-dessous de 2012, une illustration à l'extrême de cette pénurie de matériel dans cette école rurale du Hubei où la moitié des élèves doit apporter sa propre table en cours!

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Une autre illustration de la situation catastrophique des régions les plus reculées nous est donnée par cette photo de 2011 dans une zone rurale de la région du Guangxi, où par -10°C, les élèves doivent suivre les cours dans des salles aux fenêtres cassées sans chauffage!

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ces exemples extrêmes peuvent nous sembler inacceptables mais reflètent avant tout une très mauvaise allocation des ressources de l'Etat chinois au niveau local, un soutien du système éducatif quasi-inexistant en milieu rural et plus généralement, un abandon des enfants de travailleurs migrants et ruraux qui n'ont, dans ces conditions, que très peu de chance de succès face à leurs homologues citadins.

    Beaucoup de petites villes et villages sont en effet laissées à l'abandon car peuplés en majorité de travailleurs migrants partis s'exiler dans les grands centres industriels du pays pour subvenir aux besoins financiers de leurs familles. Les écoles dans ces zones rurales tiennent plus grâce au bénévolat de professeurs locaux que grâce à des aides de l'Etat, et en l'absence de moyens décents mis à leur disposition, c'est souvent le système D et la motivation des bénévoles qui priment.

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

    Les enfants suivant leurs parents dans les grandes villes de l'Est du pays arrivent eux aussi dans des écoles délaissées à moitié légales. Ces établissements d'enfants de "migrants" sont victimes de la folie immobilière qui ravage le pays et sont donc régulièrement démolies puis reconstruites à d'autres endroits, parfois plusieurs fois par an! Le statut d'"immigré" de ces enfants dans ces villes ne leur donne donc accès à rien et la ségrégation dont ils sont victimes est forte.

    Il parait utopique, dans ces conditions, pour des enfants de travailleurs migrants de profiter d'un réel système éducatif en ville comme à la campagne, et d'accéder ainsi à l'enseignement supérieur.

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

    Photo de 2011 à Pékin où une école primaire pour enfants de travailleurs migrants a été détruite en pleine année scolaire car son contrat arrivait à expiration


  • Commentaires

    1
    Am
    Dimanche 21 Septembre 2014 à 22:13

    C est pas drôle mais la photo avec le scooter fait tout de même sourire!

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :