• ADIZ : La chine montre les poings

    Après des années de tensions latentes entre la chine et le Japon à propos de la souveraineté des îles Diaoyu (Senkaku en Japonais), Pékin vient de franchir une nouvelle étape dans sa guerre des nerfs contre Tokyo.

    En effet, la déclaration unilatérale d'une ADIZ (Zone d'Identification de Défense Aérienne) par la Chine incluant ces îlots disputés, fait grincer des dents au Japon comme aux Etats-Unis.

    Mais qu'implique la mise en place d'une ADIZ?

    L'Air Defense Identification Zone est un droit de chaque pays de définir un contrôle sur un espace aérien donné qui délimite plus ou moins sa souveraineté, même s'il n'est pas à confondre avec les revendications territoriales. Cela implique, qu'en cas de doute pour la sécurité nationale, tout vol peut être intercepté et détourné par les autorités du pays en question. 

    ADIZ : La chine montre les poingsLa chine a ainsi indiqué que tous les avions militaires et commerciaux traversant sa zone, quelque soient leurs destinations, devaient se déclarer auprès des autorités chinoises : Exigence évidemment balayée par Tokyo qui a donné pour consigne aux compagnies japonaises de ne pas coopérer.

    Le spécialiste de la sécurité internationale, Rory Medcalf, interviewé par le NY Times, nous explique clairement que, plus qu'une menace, cette zone de défense aérienne, a en fait pour but de mettre le Japon dans la posture du fautif. En effet, au sein de l'ADIZ, tout écart japonais serait une violation de la zone de sécurité chinoise, et un prétexte parfait à une riposte en faisant porter la responsabilité par Tokyo.

    Il ajoute que cette zone fait office de test pour les mers de l'Est de la Chine. Ainsi, nous pourrions voir le même type de projet faire surface en mer de Chine du Sud, où Pékin a également des revendications territoriales fortes.

    Les Etats-Unis dans l'impasse

    Ce durcissement de la position chinoise est également un avertissement certain pour les Etats-Unis. Joe BIDEN, en visite en Asie dernièrement, s'est d'ailleurs fortement inquiété de cette escalade nationaliste.

    ADIZ : La chine montre les poingsMais, comment les Etats-Unis peuvent-ils influer sur cette situation? En effet, Washington doit prendre des positions fortes pour affirmer son soutien politique à un Japon relativement faible militairement, sans froisser pour autant son "banquier" : la Chine. L'armée américaine, suite à l'annonce de la création de l'ADIZ, a certes rapidement dépêché un B52 au-dessus de la zone aérienne des îles Diaoyu (Senkaku) pour soutenir le Japon dans sa décision de ne pas céder aux menaces chinoises. Cependant, ils se sont ravisés suite à la réaction chinoise de faire décoller des avions de combat prêts à intervenir dans la zone. De plus, là où Tokyo a encouragé les compagnies aériennes nippones à ne pas se plier aux contrôles chinois dans l'ADIZ, les Etats-Unis, ont à l'inverse indiqué qu'ils respecteraient ce protocole.

    La chine pousse donc l'administration Obama à se prononcer clairement sur ses positions en les plaçant face aux limites de leur géopolitique en Asie.

    Un conflit historique

    Si les tensions actuelles sur la souveraineté des îles Diaoyu (Senkaku) font couler de l'encre dans les journaux chinois, ce différend n'est en fait qu'un prétexte pour deux gouvernements nationalistes, d'affirmer leur puissance dans la région.

    Les nationalistes chinois et japonais ne font en effet qu'attiser les ressentiments profonds de deux peuples au passé bien lourd. Il faut en effet replonger dans l'Histoire mouvementée de la Chine depuis le XIXème Siècle, pour comprendre comment de telles situations se sont autant envenimées.

    ADIZ : La chine montre les poingsLe XIXème Siècle a été une période de décadence pour l'empire Chinois, déstabilisé par les invasions européennes et les deux guerres de l'opium qui s'en sont suivies. La chine de la dynastie des Qing est faible à tous les niveaux : l'armée, l'administration et l'économie sont vieillissantes. Le pays n'a pas saisi l'opportunité de développer son économie de manière industrielle comme l'Europe, les Etats-Unis ou le Japon à la même époque : ce retard peut en quelque sorte expliquer tous les déboires connus par le pays tout au long du XXème Siècle.

    Le Japon à l'inverse, pour ne pas sombrer face aux puissances occidentales qui frappaient à sa porte, a choisi la voie du développement industriel pour rattraper son retard et prendre l'ascendant sur ses voisins asiatiques, notamment la Chine. Ses réformes économiques profondes débutent avec l'ère Meiji en 1868.

    Ce développement prodigieux nourrit alors des visions impérialistes de la part du pays du Soleil Levant. La première agression significative débute ainsi en 1895 avec l'invasion de la Mandchourie (Région du Nord de la Chine d'où sont originaires les Qing) par le Japon. S'ensuivront l'invasion de la Chine dans les années 1930, avec le terrible "massacre de Nankin". L'armée nationaliste japonaise ayant fait preuve d'une brutalité particulièrement cruelle jusqu'à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la plupart des peuples asiatiques, la chine en tête, ont développé une haine envers le Japon qui perdure encore d'une certaine manière.

    ADIZ : La chine montre les poingsLa montée en puissance économique de la chine depuis les années 1990, a fait ressortir le nationalisme latent des chinois. La nouvelle position internationale de Pékin a redonné confiance aux élites politiques et à la population, ce qui explique le retour des revendications territoriales en mer de Chine, sur les îles Diaoyu (Senkaku) et même sur Taïwan.

    Le Japon à l'inverse, apparaît comme affaiblit par la crise économique, une influence déclinante en Asie et un sentiment de pessimisme ambiant sur l'archipel. Le Premier Ministre japonais, Shinzo ABE, ravive ainsi la fierté nationaliste caractéristique des pays en déclin, afin de contrer le nationalisme triomphant de Pékin. Les îles Diaoyu dans ce contexte, et plus globalement, ses prises de position face à Pékin font partie de cette stratégie.

     

    La mise en place de l'ADIZ, loin d'être anodine, montre à l'inverse une escalade des tensions entre la Chine et le Japon. Si les risques pour la stabilité de la région sont faibles, en revanche, le message de Pékin est clair : "Personne ne ralentira nos ambitions sur le continent asiatique, pas même les Etats-Unis". Ces tensions, en dehors de leur impact international, permettent également au Parti Communiste de fédérer sa population vers la haine d'un ennemi commun, pour mieux asseoir son pouvoir en interne. Cette guerre des nerfs n'est donc pas prêt de s'arrêter puisque aucune des deux puissances n'a intérêt à montrer un signe de faiblesse en interne comme sur la scène internationale. 


  • Commentaires

    1
    Mardi 1er Juin 2021 à 18:14
    Chris
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    Mardi 1er Juin 2021 à 18:14
    Chris
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    Mardi 1er Juin 2021 à 18:14
    Chris
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    Mardi 1er Juin 2021 à 18:14
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