Mong Kok (旺角)

Hong Kong (香港) / Juin 2010

La Chine reste un des pays où la peine de mort est la plus fréquemment utilisée. 4000 personnes ont ainsi été exécutées en 2011 selon les statistiques du gouvernement, mais Amnesty International refuse d'avancer un chiffre tant ces estimations sont éloignées de la réalité.

Mais ces exécutions posent également un autre problème de taille qui entraîne des dommages collatéraux : la Chine ne reconnaît pas les enfants des condamnés à mort chinois comme des orphelins, les condamnant de ce fait à une vie de paria. En effet, dans bien des cas, personne ne veut s'occuper de l'enfant car ils sont le fruit d'un foyer baigné dans la violence, ce qui fait que les autres membres de leur famille eux-mêmes, les craignent. Ces enfants de condamnés ont donc toutes les chances de finir dans les rues des villes chinoises à devoir voler ou faire des petits boulots pour survivre. 

Cette situation explique que ces enfants ont six fois plus de chances d'aller en prison que les autres (Statistique Morning Tears). Ainsi, le nouveau gouvernement, qui souhaite améliorer le sort des enfants des rues, a déjà engagé des actions dans ce sens avec l'aide d'organisations internationales comme Morning Tears afin de mettre en place des centres pour recueillr ces enfants. 

Un des premiers centres en la matière, géré à la fois par le gouvernement local et Morning Tears, a ouvert ses portes à ZhengZhou. Il accueille 44 enfants de prisonniers condamnés à mort ou exécutés : Une nouvelle chance de recommencer à zéro. 

Le Chengguan (城管) est l'abbréviation de 城市管理行政执法局  Chéngshì Guǎnlǐ Xíngzhèng Zhífǎ Jú, qui est l'équivalent de notre police municipale. Cette unité spéciale urbaine oeuvre ainsi à "l'harmonie" des rues chinoises. Ses missions consistent donc à arrêter les fauteurs de troubles du pavé chinois que sont les vendeurs de rue, les mendiants ou encore les prostituées.

Cette police locale a été créée au début des années 2000 en réponse à l'augmentation importante de la population des villes chinoises.

Cependant, si cette unité répond à un besoin de sécurité certain, les méthodes utlisées par le Chengguan sont largement décriées par les chinois eux-mêmes qui dénoncent fréquemment la violence de leurs interventions.

Des interventions qui scandalisent la toile chinoise

Le chengguan représente pour les chinois, la personnification d'un Etat brutal et particulièrement injuste. Ainsi, de nombreuses personnes se sont mis à relayer ces interventions par des vidéos et des photos qu'ils publient sur les sites de partage chinois.

Dernièrement, plusieurs cas ont eu un fort retentissement sur l'opinion publique chinoise comme ce mendiant aveugle, cette semaine, frappé par le Chengguan avant d'être jeté dans un cours d'eau comme un malpropre. Ou encore, il y a quelques semaines à Canton, une marchande ambulante violemment arrêtée devant les yeux de sa fille de deux ans, restée seule sur le trottoir à la regarder s'éloigner.

Mais si ces scandales sont devenus quasi-quotidiens en Chine, d'autres ont un écho particulier auprès de l'opinion publique particulièrement active sur les réseaux sociaux. En 2011, la mort d'un vendeur ambulant à AnShun (Province du Guizhou) a provoqué de violents heurts avec les forces de l'ordre de la ville durant plusieurs jours, les manifestants accusant le Chengguan d'avoir battu à mort l'individu unijambiste.

Le spectacle désolant de ces interventions alimente donc une haine populaire croissante. 

Des réactions violentes à ces injustices

Cette haine populaire peut mener à des comportements d'une extrême violence. Ainsi, les membres du Chengguan sont de plus en plus pris à partie par la popuation.

La semaine dernière, par exemple, un vendeur de rue a ainsi frappé un membre de l'unité qui venait l'arrêter avec une pioche, causant la mort de ce dernier. Mais au-delà du fait divers, la surprise est venue des nombreux commentaires des internautes chinois qui ont salué un geste courageux du vendeur. Le signal est très clair quant au degré de mépris qu'ont les chinois face à cette police parallèle.

Un gouvernement en quête d'actions

Le nouveau gouvernement fraîchement élu ne peut rester sourd à ce genre de cris de détresse d'une population pour qui l'injustice a atteint les limites du supportable dans une société de développement avancé qu'est devenue la Chine ces dernières décennies.

Xi Jinping et Li Keqiang sont arrivés avec des valeurs de justice sociale et de lutte contre la corruption fortement médiatisées. Ils sont donc attendus sur ce genre de sujets par une population exaspérée par l'Etat de non-droit que le Chengguan fait régner au seuil de leur immeuble. Cependant, en parallèle, Pékin ne peut désavouer ces unités qu'elle a créée et qui maintiennent un contrôle local des chinois que ne pourrait assurer une police classique.

La bataille du gouvernement sera donc avant tout médiatique et consistera à frapper fort contre les dérives de certains des membres du Chengguan pour apaiser une population fortement remontée.

La vidéo ci-dessous nous montre un jeune chinois qui tente de s'extirper d'une rame de métro, sans succès... Il y arrivera à la prochaine :-)

Lien vers la vidéo : 

http://chine.aujourdhuilemonde.com/video-train-en-chine-un-homme-tente-en-vain-de-descendre-du-train

C'est un fait divers étonnant qu'a révélé la presse chinoise aujourd'hui. Environ 1000 canards ont en effet été repêchés dans un fleuve de la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine. Les autorités locales n'ont pas encore trouvé les coupables qui pourraient être des fermiers locaux. En revanche, elles affirment également que les cadavres d'animaux n'ont pas contaminé l'eau du fleuve, chose évidemment immédiatement remis en question par les internautes chinois.

Cette actualité singulière fait suite à un autre fait divers similaire survenu il y a deux semaines dans le fleuve HuangPu, près de Shanghai. 16 000 porcs y avaient ainsi été retrouvés en amont de la mégapôle. Cette découverte avait alerté les autorités sanitaires sur l'état de l'eau dans la capitale financière chinoise. Et des internautes d'ajouter "Le gouvernement dans sa grande bonté nous met non seulement de l'eau à disposition mais également du bouillon".

Ces faits pourraient se multiplier en Chine où les contrôles sanitaires se sont beaucoup renforcés ces dernières années suite aux différents scandales alimentaires. Ainsi, certains éleveurs souhaitant éviter les très lourdes amendes infligées par les autorités locales ont-ils décidés de se débarrasser de leur moyen de subsistance par ce type de d'actes extrêmes.

Ces actualités sont encore une fois une preuve que le pays doit revoir profondément son système de contrôle alimentaire. Il s'agit peut-être aussi d'un signal au gouvernement pour l'inciter à privilégier l'accompagnement au changement avec sa population plutôt que la répression à tout-va envers les contravenants qui peut mener à ce genre de comportements.

Le dernier film du réalisateur Lou Ye, Mystery sort sur les écrans français cette semaine. Le scénario de ce thriller à la sauce chinoise a tous les ingrédients pour plaire : trahison, meurtre et violence... d'accord, rectifions, c'est un film comme je les aime et chinois en plus, donc comme je les adore.

L'histoire se déroule dans la ville de Wuhan (武汉) et met en scène un couple dont le mari a une maîtresse. Cette dernière finit renversée par une voiture... ce qui introduit la trame sombre au coeur du drame sentimental qui se joue. Le scénario a été inspiré librement des récits sur l'Internet chinois, d'une femme trompée par son mari.

Mystery est le septième film de Lou Ye et le second seulement à être projeté en Chine. Lou Ye a en effet souffert d'une interdiction de tourner par le Bureau du Cinéma de Pékin pour la présentation de son film Une jeunesse chinoise à Cannes sans autorisation des autorités chinoises. Ainsi, cette fois-ci, Lou Ye a retenu la leçon en décidant de ne pas essayer de contourner une censure trop stricte, mais plutôt de travailler en coopération avec eux de manière à maîtriser son film au maximum sans le voir répudié par Pékin. cela n'a pas empêché le réalisateur de refuser d'afficher son nom au générique en signe de protestation face à la censure de certains passages.

Le film garde donc une atmosphère très pesante et réaliste sans tomber dans la platitude d'une propagande mal dosée. Plus qu'un simple thriller, Mystery est aussi une redoutable satyre sociale du pays s'attaquant à la corruption, l'individualisme, la cupidité ou encore, un thème très à la mode en Chine, la perte des valeurs de la société.

Ce film s'annonce donc comme une très bonne surprise et vient donner un peu de sang neuf en France, où les films coréens ont tendance à dominer le marché du cinéma asiatique.

Bande-annonce sur Allo Ciné : 

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19476796&cfilm=206428.html

Cité Interdite (故宫)

Pékin (北京) / Août 2012

La qualité de l'eau en Chine et l'état de ses cours d'eaux sont plutôt mauvais voire désastreux.

L'article du Monde de ce jour revient sur ce constat alarmant suite à un fait divers survenu récemment à Shanghaï. Je vous laisse découvrir le contenu de cet article édifiant :

http://ecologie.blog.lemonde.fr/2013/03/12/le-fleau-de-la-pollution-des-rivieres-chinoises/

Bonne lecture

"Ajouter des pattes au serpent que l'on vient de dessiner": Faire du zèle, le mieux est l'ennemi du bien.

L'origine de ce ChengYu remonte au IIIème Siècle avant JC, il décrit comment en faire trop peut gâcher une belle chose. Ainsi, un groupe d'amis participait à un concours de peinture consistant à peindre un serpent le plus rapidement possible pour se voir récompensé par une jarre de vin. Le plus rapide d'entre eux voulut affiner sa peinture en dessinant des pattes à son serpent et fût ainsi disqualifié par ses amis, considérant à raison qu'il n'avait pas dessiné l'animal souhaité.

Le quotidien China Daily nous expose aujourd'hui une combinaison de 225 photos prises depuis le même immeuble à Pékin. Ces clichés ont été pris tous les jours entre 8h et 9h du matin sur la période Mars 2012 et Mars 2013. Les pics de pollution atteints en Janvier de cette année sont donc compris dans ces clichés.

Vous trouverez ci-dessous un lien vers le blog Shanghaiist qui publie aujourd'hui un article (en Anglais) de Stanley Chao qui revient sur ses 20 ans d'expérience professionnelle en Chine en tant que consultant aux entreprises désireuses de travailler dans le pays.

Ses différentes mésaventures l'ont amené à établir une liste de 12 règles sur les erreurs à éviter pour ne pas échouer en Chine. Il s'agit donc d'un regard extrêmement lucide sur le pays qui permettra certainement à certains entrepreneurs occidentaux d'éviter les revers que la croissance vertigineuse chinoise dissimule trop bien.

http://shanghaiist.com/2013/03/05/12_rules_for_doing_business_in_china_for_small_medium_enterprises_stanley_chao.php

Comme je l'évoquais dans mon précédent article sur la croissance chinoise, la session parlementaire de l'Assemblée Nationale Populaire (ANP) s'est ouverte ce dimanche à Pékin. Elle débouchera, dans deux semaines, par la désignation officielle des nouveaux dirigeants du pays : Xi Jinping et Li Keqiang qui succèderont respectivement à Hu Jintao et Wen Jiabao.

Cette cérémonie débute avec la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois (CCPPC) où de nombreux intellectuels, économistes, célébrités de tous bords ou encore représentants des peuples minoritaires sont invités à venir s'exprimer.

Les environs du Palais du Peuple ressemblent ainsi davantage au tapis rouge de Cannes qu'au centre du pouvoir chinois ces derniers temps.

Voir le panorama de photos du Monde en suivant le lien ci-dessous :

http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/portfolio/2013/03/04/au-parlement-chinois-stars-paillettes-et-minorites_1842311_3216.html

A la veille de la prochaine assemblée du peuple, le premier ministre sortant Wen Jiabao souhaite contenir la croissance chinoise avec un objectif de 7,5% sur l'année. La croissance du budget militaire sera cependant toujours soutenue avec une hausse prévue en 2013 de 10,7% (contre 11,2% en 2012) pour atteindre 115,7 Milliards de Dollars, ceci afin de poursuivre la modernisation de l'armée chinoise et réduire l'écart technologique avec les Etats-Unis.

Le gouvernement prévoit donc de contenir l'économie globale pour garantir une inflation stable à 3,5% et conserver une "politique monétaire prudente".

Ces préconisations interviennent à l'approche de l'ANP (Assemblée Nationale Populaire) qui doit se tenir le 17 Mars prochain et qui consacrera officiellement les futurs dirigeants du pays : Xi Jinping (Président) et Li Keqiang (Premier Ministre).

Ces mesures répondent donc aux objectifs à venir de la chine, à savoir :

- Un développement plus harmonieux davantage tourné vers le peuple avec une maîtrise de l'inflation à un niveau acceptable, un frein à la spéculation immobilière notamment ou encore la mise en place d'une protection sociale... Il s'agit donc de ne plus alimenter l'économie en liquidités de manière aussi soutenue que dans les années 2000 pour calmer la frénésie de croissance du pays.

- Une affirmation de la puissance diplomatique et militaire de la Chine sur le plan international pour contrer l'hégémonie américaine encore forte.

Le prochain gouvernement chinois aura donc pour défi de garantir une meilleure qualité de vie pour sa population tout en renforçant la puissance de la Chine sur le plan international.

Avec ses 1,2 millions d'habitants, Fuling, cité de la préfecture de Chongqing (重庆), fait office de ville moyenne dans le paysage chinois. Perdue sur les bords brumeux du fleuve Yangtsé en amont du barrage des Trois-Gorges qui a innondé une bonne partie de la région, la ville connaît un développement sans précédent depuis une décennie.

Peter Hessler, un volontaire américain arrivé dans la ville à la fin des années 1990, se rappelle d'une réalité toute autre, d'une cité paisible bercée par les flots du fleuve Yangtsé et de la rivière Wu, mais également d'un état de développement bien différent des Shanghaï et autres Pékin qui ont tendance à faire oublier au monde que derrière les vitrines urbaines, la vraie vie suit son cours dans le pays.

J'ai ainsi déniché cet article de National Geographic où P. Hessler nous livre ses impressions sur son retour à Fuling aujourd'hui et ses souvenirs de la fin des années 1990.

Le lien ci-dessous vous mène vers l'article en question (En Anglais) : 

http://ngm.nationalgeographic.com/2013/03/fuling-china/hessler-text

P. Hessler est également l'auteur du livre River Town où il décrit son expérience. Personnellement, je vais me le procurer au plus vite.

Bonne lecture

Certains patrons chinois ne lésinent pas sur les politiques internes de leur entreprise pour améliorer les relations entre managers et employés. Ainsi, dans cette entreprise de Taizhou (台州) dans l'Est de la Chine, l'ensemble de la direction salue chaque année le retour des travailleurs après la fête du Printemps.

Cette pratique pour le moins atypique, est un bel effort (certes également une jolie publicité pour la firme) dans un pays où les travailleurs sont plutôt malmenés et où l'argent fait la force et impose le respect.

Ce genre d'initiative mise en avant par le journal d'Etat China Daily, montre encore s'il le fallait, quelle direction souhaite suivre Pékin en terme d'enjeux sociétaux : plus d'équité sociale et d'éthique en Chine. L'irritation de la population quant à l'accroissement sans cesse plus grand des inégalités a atteint des sommets insoutenables pour le dans le pays poussant les autorités à agir et à communiquer sur les efforts (publics ou privés) pour rétablir une certaine "morale" que le développement économique a laissée en retrait.