Moine bouddhiste dans le temple LingYin (灵隐寺)

Hangzhou (杭州) / Juillet 2010

Le Yunnan (云南) est une région paradisiaque du sud-ouest de la Chine connue pour ses paysages de rizières, ses montagnes, son climat très doux ou encore sa diversité ethnique (26 minorités chinoises dont les peuples Naxi, Bai, Tibétains...). Tous ces éléments font le plaisir des touristes qui ont pu s'y rendre comme moi.

Cependant, cette région est également renommée en Chine pour de plus sombres raisons : les trafics en tout genre, et notamment le trafic de drogues. Le sud du Yunnan fait en effet partie de cette région mondialement célèbre qu'est le Triangle d'Or, coeur de la production d'opium en Asie.

Le gouvernement communiste de Mao Zedong à l'apogée de sa gloire, avait pourtant réussi à éradiquer le fléau en 1952. Cependant, l'ouverture au monde qui a accompagnée le renouveau économique dans les années 1980 a ouvert la voie à la reprise du trafic avec les pays voisins que sont la Birmanie et la Thaïlande.

Mais, peut-on parler de fléau externe malgré cela? Ce serait en effet une erreur de penser que "l'offre" vient de l'incapacité des autorités birmanes et thaïlandaises à combattre le problème. Les plantations et autres ateliers clandestins du Yunnan sont évidemment en nombre restreints par rapport aux voisins sud-asiatiques, mais ils existent bel et bien et de toute évidence, les cartels sont à majorité chinois dans la province.

Les mesures du gouvernement pour lutter contre ce fléau

Le gouvernemet chinois a reconnu ce problème depuis les années 1990 et a dès lors mis en place des mesures : unités anti-drogues renforcées, coopérations avec les autorités des pays frontaliers, avec Interpol et autres organismes internationaux de lutte anti-mafia. Cependant, les moyens restent encore insuffisants face à la dimension qu'a pris le problème. De plus, la situation géographique du Yunnan est plutôt propice au développement de cette économie souterraine : vallées encaissés, montagnes, jungle, frontières poreuses avec les pays voisins et évidemment corruption assez forte : les éléments sont donc réunis pour permettre un essor florissant de cette économie.

Certains spécialistes émettent malgré tout quelques doutes sur les moyens mis en oeuvre par Pékin pour éradiquer ce problème. En effet, certains éléments semblent montrer que le gouvernemnt fait preuve d'un certain laxisme pour des raisons diplomatiques et économiques notamment. La Chine reste le premier fournisseur d'armes de la Birmanie qui tire une partie non négligeable de ses revenus de l'opium. Certains politologues estiment également que Pékin ménage la Birmanie afin de négocier un accès à l'océan indien via Rangoon, mais aussi pour éviter au pays de se rapprocher de son voisin : l'Inde, principale rivale de Pékin en Asie du Sud.

La drogue impose son empreinte dans le paysage chinois

Qui dit trafic dit consommateurs, or si une partie de cette drogue part à l'export en occident et ailleurs, une autre partie est consommmée en Chine. Ainsi, le nombre de toxicomanes est en inquiétante augmentation dans le pays. La Chine reconnaît d'ailleurs 150 000 héroïnomanes "officiellement" (ce détail doit être souligné...) dont 36 000 dans le Yunnan : le fléau devient donc un peu trop visible pour être ignoré. 

Les villes chinoises frontalières de Ruili et Wanding dans le Yunnan sont d'ailleurs déjà dépassées par l'ampleur de cette crise et le nombre croissant de toxicomanes. Pékin investit donc désormais massivement dans la prévention au sein  des écoles afin d'éviter aux jeunes à la fois de tomber dans ce cercle vicieux, mais aussi de devenir eux-mêmes trafiquants : les revenus des dealers sur place attirent en effet la convoitise de jeunes ruraux qui n'ont que peu de chances d'accéder aux études et à une vie confortable.

Pékin est également soucieux de la diversification de ce marché et l'apparition depuis quelques années de drogues de synthèse dont la plus connue : le 病毒, la "drogue glace" (du fait de son apparence de roche cristalline) qui est fabriquée à partir de médicaments et d'éléments de synthèse.

Les centres de désintoxication ont donc progressivement fait leur apparition dans le paysage chinois et le nombre de patients va sans-cesse croissant. Ces centres n'ont rien de cliniques mais ressemblent plutôt à des centres de détention surveillés par des policiers armés où les patients sont soignés à la "dure". C'est une méthode à la chinoise mais déjà, la reconnaissance qu'il y a un problème interne et qu'il faut s'y attaquer. Les traitements vont en s'améliorant et les aides à la réinsertion professionnelle se développent même si de nombreux efforts restent à faire.

La Chine doit comme tous les pays faire face aux problèmes liés à la drogue. Le Yunnan est une région accoutumée à tenir tête à Pékin, mais en cette période de transition dans le pays et de "conquête de l'Ouest", le pays ne peut laisser une partie de son territoire à la main des cartels et autres parrains locaux.

Un groupe de sécurité informatique privé américain, Mandiant, a rendu public dernièrement les fruits d'une enquête de six ans sur les cas de cyberattaques perpétrées contre des gouvernements, des firmes multinationales mais aussi des journaux (NewYork Times...) à travers le monde.

Ils ont ainsi réussi à localiser l'origine de nombre de ces attaques dans un immeuble du quartier de Pudong à Shanghai. Cet immeuble discret serait donc la base secrète de l'unité 61 398, la cyber-cellule secrète de l'Armée Populaire de Libération.

Un groupe d'internautes Taïwanais nous propose de revenir sur ces faits d'actualité non sans une certaine dose d'humour. Voir la vidéo ci-dessous : 

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=FhsU85fDmTc

Bon visionnage

La Chine a depuis quelques années multiplié les rachats ou prises de participations dans des infrastructures portuaires à travers le monde.

Certains ports de Corée du Nord sont ainsi sous pavillon chinois. D'autres rachats d'embarcadères dans le port du Pirée en Grèce ou d'entrepôts au Havre, en Russie... ont également fait la une de l'actualité économique ces dernières années.

Un article daté d'aujourd'hui revient sur cette stratégie chinoise suite au rachat dernièrement du port de Gwadar au Pakistan par la société d'Etat chinoise China Overseas Ports Holding. Cette opération répond ainsi à une stratégie évidente de la Chine de maîtriser au mieux ses importations de pétrole tout en contournant son ennemi N°1 dans la région : l'Inde.

http://www.lepoint.fr/monde/la-chine-achete-le-port-pakistanais-de-gwadar-18-02-2013-1629113_24.php

Bonne lecture

Aujourd'hui, je partage avec vous quelques photos prises lors de la parade pour la fête du Printemps qui s'est tenue ce dimanche 17 Février dans le 13ème :

Bonne année du serpent !!

La Chine n'a cessé de gagner du terrain en Afrique depuis une décennie. La rencontre de Xi Jinping avec NKosazanaDlamini-Zuma, présidente de l'Union Africaine, ce dimanche à Pékin vient réaffirmer le soutien de la Chine au développement du continent africain et confirmer, par la même occasion, les liens étroits qui unissent déjà les africains à l'empire du Milieu.

Ces liens sont avant tout commerciaux et chacun y trouve son compte. Les échanges économiques entre le continent africain et la Chine représentaient ainsi 115 Milliards de Dollars en 2010, en croissance annuelle de plus de 40% selon le Daily Telegraph.

Et les chinois ne sont pas des partenaires économiques comme les autres, ils investissent certes de l'argent mais occupent également le terrain. En 2010, environ 750 000 chinois étaient répertoriés en Afrique dans tous les pays, ce qui en fait la première communauté non-africaine. Les chinois sur place sont également différents des autres "expatriés", ils travaillent dans les mêmes conditions que les africains dans les BTP, le pétrole, les télécoms, l'exploitation minière et forestière... Ils sont donc présents à tous les échelons et ne bénéficient pas forcément d'un traitement de faveur : ce qui nuit davantage à l'image qu'ont les africains des occidentaux sur place.

De plus, les chinois souhaitent faire évoluer leurs relations avec le continent en se plaçant comme "grand frère". Il ne s'agit plus de considérer l'Afrique comme un simple vivier de matières premières, même si la grande majorité des échanges portent sur le pétrole, mais bien de coopérer et d'imposer son modèle de développement sur le continent. Cette stratégie mise en place depuis une bonne décennie a été formalisée par l'expression Chinafrique qui désigne les relations économiques, politiques et diplomatiques plus étroites qui se sont tissées entre le continent et l'empire du Milieu. Ces relations privilégiées ont permis à la Chine de s'imposer sur le continent face aux européens, américains mais également d'évincer Taïwan dont la présence était encore forte au début des années 2000.

La rencontre d'aujourd'hui est donc un réengagement du prochain gouvernement chinois envers l'Afrique, mais surtout un message clair de Pékin d'accentuer sa mainmise sur le continent pour la prochaine décennie.

Si ce sujet vous intéresse, je vous invite à lire :

La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir, de Serge MICHEL et Michel BEURET (Ed. GRASSET)

Hier se tenait le réveillon du Nouvel An Chinois qui célèbre le changement d'année par rapport au calendrier lunaire. Ainsi, chaque année est associée à l'un des 12 animaux de la mythologie chinoise. Nous venos de quitter l'année du Dragon pour entrer dans celle du Serpent.

Chaque animal ayant ses caractéristiques, il influence donc l'environnement durant une année. Les personnes portent également dans leur caractère, les caractérisitiques de l'animal de l'année de leur naissance.

Certains maîtres de Feng Shui (风水) ont donc déjà fait quelques analyses de l'année à venir, et pour le serpent, les avis divergent, comme nous l'explique l'article ci-dessous du Figaro paru hier : 

http://www.lefigaro.fr/international/2013/02/09/01003-20130209ARTFIG00377-la-chine-entre-dans-l-annee-du-serpent.php

Bonne lecture

Nouvel an chinois 2012

13ème arrondissement (Paris)

La société chinoise de téléphonie mobile Huawei se lance à la conquête du marché africain.

La firme s'est associée à Microsoft afin de commercialiser un Smartphone bon marché dans 7 pays d'Afrique (Afrique du Sud, Angola, Côte d'Ivoire, Egypte, Kenya, Maroc et Nigéria).

Le prix de ce téléphone baptisé Huawei 4Africa, devrait avoisinner les $200, soit plus de trois fois moins cher que la moyenne. Microsoft y installera son dernier système d'exploitation Windows8.

Huawei et Microsoft ont perçu les potentiels énormes de croissance sur ce continent où le nombre d'abonnés a été multiplié par 32 entre 2000 et 2012 pour atteindre 500 millions de personnes. Autre donnée intéressante : seuls 10% de ces abonnés possèdent des Smartphones offrant ainsi un potentiel de croissance immense. D'autant plus que sur le continent africain, l'achat d'un ordinateur reste onéreux et dans ces conditions, la possession d'un Smartphone permettrait aux jeunes africains de pouvoir utiliser les fonctionnalités d'un PC sans en supporter le coût trop élevé.

Cependant, si Huawei et Microsoft arrivent à point nommé sur le marché africain, ils ne sont pas les seuls à avoir perçu les opportunités de business sur le continent. Apple travaille en effet sur un Smartphone à destination des pays émergents avec dans le viseur : l'Afrique et la Chine où ses produits sont actuellement trop chers pour être vendus à grande échelle.

La guerre des Smartphones se déplace vers les marchés émergents et les acteurs du marché adaptent leurs stratégies pour s'imposer.

Foire aux célibataires (Wuhan)

La chine est un pays de tradition qu'elle aime  conserver dans ces temps agités par la modernité.

Trouver l'âme soeur, et le mariage qui s'ensuit, est donc primordial une fois entré dans la vie professionnelle. Les jeunes filles doivent vite trouver chaussure à leur pied pour ne pas finir seules et délaissées, "剩女" (Sheng Nü) comme le résume cette expression chinoise s'appliquant notamment aux femmes trentenaires célibataires.

Et à ce jeu, ce sont les parents, voire les grands-parents, qui se montrent les plus impliqués pour trouver le meilleur parti à leur enfant unique.

Les évènements organisés par les parents ou les agences matrimoniales font le plein de candidats à l'union : foires aux maris ou aux femmes, speed-dating, cours de séduction, rendez-vous organisés par les parents. A tout cela, il faut bien sûr ne pas oublier les rassemblements désormais mythiques des parents sur les places publiques des grandes villes chinoises où les pères et mères désoeuvrés brandissent des photos de leur chère progéniture avec tout le CV inclu : taille, poids, diplôme, groupe sanguin... : un Wall Street où l'échange de numéros de téléphone a remplacé l'échange de titres.

L'approche du Nouvel An chinois ravive ce stress subi par les jeunes chinois vis-à-vis de leurs aînés. En effet, de retour dans leur province pour les fêtes, ils vont devoir essuyer le flot de questions sur leur travail, l'achat d'un logement (également central en Chine) mais surtout l'avancement de leur recherche de l'âme soeur...

Anticipant ces retrouvailles parfois gênantes, certains weibonautes donnent des conseils à leurs concitoyens sur comment aborder et contrer les questions des parents avec une bonne dose d'humour.

D'autres solutions plus radicales se développent afin d'éviter aux chinois célibataires de perdre la face lors de leur retour à la maison : la location d'homme ou de femme. Il est ainsi plus facile de revenir chez ses parents la tête haute car leur désir de voir leur enfant casé dans une bonne situation matrimoniale est désormais comblé.

La Chine est décidément un pays plein de surprises et les traditions ancestrales qu'elle conserve repoussent sans cesse les limites de la créativité des chinois.

  Lac Napa (纳帕海)

Province du Yunnan (云南) / Août 2012

Ce soir était une soirée cinéma classique à la maison : enfin, c'est ce que je croyais... 

Après avoir hésité sur le choix du film pendant 30 minutes, notre décision se porte finalement sur un film chinois de 2012.

Ce film m'a marqué comme peu de longs-métrages y arrivent et m'a donc forcé à prolonger la soirée pour vous en faire partager mon ressenti. On ne tombe pas tous les jours sur un film aussi surprenant et intelligent.

Le scénario prend place dans le Yunnan dans le sud-ouest de la Chine, au coeur du triangle d'or : centre névralgique du trafic de drogue en Asie qui s'étend sur les régions du nord de la Birmanie, de la Thaïlande et du sud-ouest de la Chine.

Le film raconte le lien tissé entre une petite fille et un dealer, lorsque ce dernier est forcé de la kidnapper pour échapper à la police chinoise. Il l'emmène ainsi en Birmanie où il décide de l'élever.

Ce scénario, aussi original soit-il, ne fait pas la richesse du film qui trouve sa spécificité dans la narration adoptée par son réalisateur, Cheng Er. Ainsi, nous passons d'une époque à une autre et découvrons des personnages sans liens apparents dont les destins vont cependant se croiser tout au long du film et influencer le cours de l'histoire. 

Il s'agit également d'une plongée sans concession (pour un film chinois!) dans le milieu de la drogue du sud de la Chine, ce qui n'empêche pas au film de conserver une part d'humanité bienvenue.

Je conseille donc ce film à ceux qui ont pu apprécier des films originaux tels Pulp Fiction pour la narration, mais également aux amateurs de films de mafia, sans oublier les aficionados du cinéma asiatique.

N'ayant pas trouvé de bande-annonce intéressante, je vous ai mis ci-dessous le lien vers la vidéo YouTube du film (version complète chinoise sous-titrée en chinois et anglais).

Lien vers la vidéo : Lethal Hostage

Bon visionnage à tous ;-)

"Une armée arrogante sera toujours vaincue" : pêché d'orgueil ne va pas sans danger.

Ce proverbe est mentionné dans le Han Shu (汉书), le livre des Hans antérieurs écrit à la fin du IIème siècle avant notre ère.

Un membre républicain du Congrès Américain a repris ce proverbe en 2008 pour conseiller aux Etats-Unis de ne plus sous-estimer la Chine.

A bientôt pour un autre proverbe.

 Lac de l'Ouest (西湖) à Hangzhou (杭州)

Province du Zhejiang (浙江) / Mars 2010

Je vous ai sélectionné ci-dessous un article du magazine Chine Plus qui effectue une analyse du futur de la croissance chinoise.

Le point de vue de cet article est personnel à son auteur mais évoque des questions que l'on associe peu à ce pays qui a longtemps connu une croissance de son PIB à deux chiffres :

http://www.chine-plus.com/eco_business/2013/0130/1249.shtml

Bonne lecture