La troupe du ballet de Shanghai se produit actuellement à Paris au palais des sports porte de Versailles. Cette troupe, créée en 1979, a la particularité de briller techniquement dans l'interprétation des ballets classiques, mais aussi de proposer des ballets chinois alliant tradition orientale et technique occidentale.

J'ai donc eu la chance d'assister à la représentation du ballet A sign of love ce weekend. Ce ballet contemporain (2006), raconte une histoire d'amour caché dans le Shanghai des années folles à la veille du conflit sino-japonais. Ce ballet est le fruit d'une collaboration rapprochée entre le chorégraphe Bertrand d'At et les équipes chinoises qui l'ont aidées à ressentir l'atmosphère de la ville à cette époque.

Une tragédie chinoise classique

L'histoire de A Sign of Love prend donc place dans un Shanghaï des années 1930 où tout le monde profite de la vie dans l'exubérance la plus totale, où tout le monde semble savourer cette dernière danse avant d'entrer dans une époque troublée de déchéance où la ville perdra son blason doré.

On se laisse emporter par de sublimes décors représentatifs de cette époque et des rythmes jazz qui nous replongent dans un Shanghaï épanoui oublié aujourd'hui.

Mais le point central de ce ballet, c'est l'histoire d'un amour impossible entre un homme et une femme vivant chacun avec leur conjoint, et dont la flamme semble se consumer jusqu'au dénouement. La passion de M LI et de Mme WANG restera donc discrète, pudique en public, dans les cabarets, comme dans l'intimité d'une chambre ou d'un réverbère : à l'inverse de leurs conjoints qui ne se refusent aucun plaisir dans la ville du vice de l'Orient.

L'influence du film In the mood for love et sa suite 2046 du génial réalisateur chinois Wong-Kar WAI, est ainsi évidente dans la conception de ce ballet, de son ambiance et dans la profondeur avec laquelle sont décrits les personnages.

Le ballet ajoute à ces références le traumatisme de la guerre qui vient ici accélérer le dénouement tragique de cette histoire d'amour déjà tourmentée.

Vous l'aurez donc compris, je suis conquis et vous conseille donc fortement ce ballet dont vous pouvez visualiser un extrait ci-dessous accompagné d'un second extrait de La Fille aux Cheveux Blancs, autre représentation jouée actuellement par la troupe : 

La Chine est en état de choc suite aux attaques survenues ce weekend dans le sud-ouest du pays. Des individus masqués, armés de couteaux, ont en effet fait irruption samedi soir dans la gare de Kunming (Province du Yunnan) tuant 29 personnes et en blessant 130 autres. Quatre des assaillants ont été abattus par la police.

Les images ont fait le tour de la presse et des réseaux sociaux chinois. Les autorités ont tout de suite porté leur attention sur les groupuscules islamistes ouïghours du fait du mode opératoire des terroristes et de l'identification des personnes abattues.

Cette minorité chinoise musulmane turcophone du nord ouest de la Chine est en effet connue pour sa contestation du pouvoir chinois, menant parfois à des actes violents contre les Hans (Ethnie majoritaire du pays) qui se sont largement radicalisés ces dernières années. Les groupes extrémistes ouïghours reprochent à Pékin de "coloniser" leur région pour la dompter économiquement, culturellement et religieusement. La Chine redouble donc d'efforts depuis plusieurs décennies pour garantir la sécurité dans son "Far West" et conserver une stabilité dans cette partie du pays pour mener ses projets de développement dans la région inscrits dans sa politique du Go West.

Cependant, la politique actuelle de développement économique à outrance dans la région et le déni de l'identité culturelle de cette ethnie, ont menés à une multiplication des violences. Nous pouvons noter à titre d'exemple, les évènements de Juillet 2009 à Urumqi, qui avaient fait plus de 200 morts, en majorité Hans, ou plus récemment l'attentat à la voiture suicide sur la place Tiananmen. Ces actions de groupuscules, parfois liés à Al-Qaïda, oblige le gouvernement à revoir sa politique sécuritaire dans la région. En effet, les méthodes sont désormais plus proches de terroristes du Moyen-Orient ou du Caucase russe avec des attentats plus préparés et ciblés.

Cette attaque sonne aussi comme un avertissement à Pékin, deux jours avant l'ouverture officielle, lundi, de la session parlementaire annuelle chinoise, moment de l'année où l'ensemble des agences de sécurité œuvrent à assurer une« stabilité » maximale à travers le pays.

La Chine est donc face à un dilemme : elle doit d'abord revoir son approche des mouvements de contestation afin de mieux assurer sa sécurité intérieure face à des attaques de plus en plus sophistiquées et coordonnées, mais surtout éviter d'attiser les tensions communautaires en luttant "contre" une population, au risque de se mettre à dos les musulmans de Chine, mais aussi du monde entier.

Li Guixin s'est rendu célèbre ces derniers jours sur les réseaux sociaux chinois par un acte peu ordinaire dans le pays : porter plainte contre le gouvernement.

Cet homme originaire du Hebei, province extrêmement polluée du nord de la Chine, a en effet porté plainte la semaine dernière contre le département de la protection environnementale local pour "air pollué". L'homme, excédé de devoir dépenser de plus en plus à cause de la pollution (Masques, équipement sportif d'intérieur...), a décidé d'agir seul. Pour lui, ce sont en effet les autorités qui devraient payer pour les conséquences de la pollution et non la population.

Contrairement à ce que l'on aurait pu penser, ses critiques ont été plutôt bien accueillies par le gouvernement local, se félicitant que des citoyens se sentent concernés par les problématiques environnementales et aident le Parti dans sa lutte pour un air propre dans le nord du pays.

Mais, plus qu'une action symbolique, l'acte de Li Guixin montre au monde que la pollution, dans le nord de la Chine notamment, est une très forte source de mécontentement populaire, qui s'est déjà hissée au premier rang des préoccupations des chinois, et pourrait par la suite, causer de plus en plus d'instabilités. Il ne s'agit plus de "vagues de pollution", mais plutôt d'une situation devenue tragiquement "banale".

La pollution, de plus, a atteint un niveau global dans le pays, et notamment au nord. Il ne s'agit donc plus de parler de villes polluées mais plutôt d'environnement pollué car les campagnes ne sont guère épargnées par ces smogs incessants. A titre d'exemple, la dernière vague de smog sur Pékin, aurait envahit près de 15% du territoire chinois... L'effort du gouvernement doit donc se porter de plus en plus vers les industries polluantes des campagnes et petites villes, au lieu de se focaliser en permanence sur les grandes métropoles : évolution de stratégie qui se traduit déjà par des actions concrètes du Parti dans ce sens.

En complément de cet article, vous trouverez ci-dessous, le lien vers un article du journal Le Monde qui revient sur les éléments polluants qui composent ce fameux "smog" :

Que contient le smog de Pékin?

Ces dernières semaines, la Chine a donné un signal fort dans le sud du pays pour affirmer ses positions face au commerce du sexe.

Il semblerait qu'après la chasse au gaspillage et à la corruption, Pékin veuille désormais s'attaquer au plus vieux métier du monde pour montrer que l'Etat est partout, vraiment partout...

Une nouvelle chasse aux sorcières en somme, qui n'est pas sans rappeler les sombres époques maoïstes, où le Parti faisait régulièrement la guerre aux "fléaux". Cette fois, comme le rapporte astucieusement le Monde, il s'agirait de la guerre aux trois vices : le jeu, la drogue et la prostitution.

Un coup de filet médiatique dans la capitale de la prostitution

C'est un reportage de CCTV à Dongguan qui a mis le feu aux poudres (Voir extrait vidéo ci-contre). Cette cité industrielle de 8 Millions d'habitants dans le Guangdong, coeur de l'usine du monde, est en effet devenue la capitale chinoise de la prostitution avec un nombre de travailleuses dans ce domaine, estimé à 300 000. 

Le reportage de CCTV nous montre ainsi des journalistes en caméra cachée commander des services dans différents établissements du "redlight" de la ville.

Mais, ce sont plus les suites de ce documentaire qui ont frappées les esprits. Hu Chuhua, secrétaire du Parti de la province du Guangdong, a peu après la diffusion de ce reportage, décidé d'organiser un raid sur les maisons closes de Dongguan afin de montrer que les pouvoirs locaux sont aussi impliqués dans cette lutte.

Résultat : 2000 policiers dépêchés dans la ville, les caméras de CCTV partout, le tout pour... 67 arrestations directes, la fermeture de 12 établissements et l'arrestation de deux policiers : bilan plutôt mitigé pour un coup de pub!

Les internautes raillent les pouvoirs publics

L'action menée par la province du Guangdong à Dongguan, suivie par d'autres actions de masse dans tout le pays, ont consternées les internautes chinois sur les réseaux sociaux. Beaucoup déploraient ce coup d'épée dans l'eau, d'autres préférant utiliser l'humour avec des commentaires comme "Nous sommes tous des dongguanais" ou encore en qualifiant ces descentes de "farces".

Mais derrière ces moqueries, vite censurées, se cache les interrogations d'un peuple qui ne comprend pas cette guerre contre les "victimes".

Le Xinijing Bao, un journal de Pékin, estime que lors de ces opérations, ce sont les prostitués plus que les responsables, qui sont pris pour cibles. Certains visages dans les reportages n'étaient même pas floutés! 

Surtout, la population se demande pourquoi les autorités ne s'en prennent pas plutôt aux parapluies, ces policiers et officiels qui couvrent les nombreux réseaux.

Car avant ce tapage médiatique et ces arrestations musclées filmées par CCTV, les rues de quartiers rouges comme ceux de Dongguan étaient connues pour leur absence totale de forces de l'ordre.

Une lutte molle

Il ne fait aucun doute que les actions des forces de l'ordre de ces derniers jours n'ont rien de coordonnées et sont d'une inefficacité choquante. Mais n'est-ce pas cette lutte contre la prostitution de manière générale en Chine depuis les décennies d'ouverture qui manque de détermination?

Les maisons closes et autres vices ont toujours fait partie de la vie des chinois,or le gouvernement chinois en touchant au sexe et au jeu, n'est pas sûr de s'attirer les faveurs du peuple cette fois.

Face à ce cuisant échec médiatique, certains n'hésitent pas à réouvrir, en Chine, le débat sur la légalisation de la prostitution. C'est le cas de la sociologue Li Yinhe qui explique que décriminaliser la prostitution libérerait ces femmes de l'emprise de groupes mafieux, de la police et permettrait de mieux encadrer l'activité. Son post n'aura été accessible que 24 heures avant d'être censuré.

En conclusion, le gouvernement chinois s'est engagé sur un terrain idéologique glissant et hostile. La chasse aux sorcières n'est pas du goût de tout le monde et les résultats décevants de ces actions ne font que ternir l'initiative. Ces actions médiatiques ont aussi un effet assez visible qui est une fuite massive de prostituées de Dongguan pour retourner vers l'intérieur des terres ou aller vers Hong Kong et Macau : le Parti ne fait donc que déplacer le problème (Voir carte ci-dessous).

"Perdre quelques moutons puis réparer l'enclos" : Mieux vaut tard que jamais.

Un paysan trouva un jour sa bergerie détruite par l'orage. Ces voisins, sachant qu'un loup rôdait dans les parages, lui conseillèrent de réparer l'enclos au plus vite. Le paysan préféra rentrer chez lui et remettre cette corvée au lendemain. Le jour suivant, deux de ses moutons avaient été dévorés par le loup, il décida donc de réparer sa barrière.

Ce ChengYu populaire et plein de bon sens, nous renvoie à l'expression "mieux vaut tard que jamais", ou plus appropriée ici, l'expression "il ne faut pas remettre au lendemain, ce que l'on peut faire aujourd'hui".

Bonne année du cheval à tous!!

Aujourd'hui marque en effet le passage de l'année du serpent à celle du cheval. 

Le cheval, c'est la vigueur, le travail, mais aussi l'innovation. C'est donc un signe à la fois conquérant, mais réfléchi, contrairement au tigre. On peut ainsi dire que la classe politique chinoise est plutôt en adéquation avec les signes du zodiaque, puisque le pays opère un virage qui tend à calmer sa fougue rageuse pour s'inventer un futur modèle plus durable.

Mais le Nouvel An, c'est avant tout la famille

En effet, le Nouvel An en chine, c'est le retour aux sources, le pèlerinage de la piété filiale, LE moment de l'année où il faut, par tous les moyens retourner auprès des siens et profiter de ces moments uniques où toutes les générations partagent un même instant : ce qui, avec tous les déplacements de population ces dernières décennies, est devenu un luxe en Chine.

Rappelez-vous en effet, le film Last Train Home, que j'avais diffusé sur ce blog l'année dernière (Voir la rubrique cinéma), et qui raconte les difficultés des travailleurs migrants pour rentrer chez eux pour le Nouvel An chaque année. Et la réplique de cet homme : "Si on ne peut pas célébrer le Nouvel An en famille, la vie n'a pas de sens." : Cela résume l'importance de cette fête dans le coeur des chinois où la famille reste encore aujourd'hui une notion centrale.

Beaucoup de travailleurs migrants ne pouvant acheter un billet de train pour retourner chez eux, enfourchent ainsi leur moto, scooter... et tracent la route sur des milliers de kilomètres pour arriver à temps pour le repas familial. Beaucoup de pompes à essence dans le Guangdong, destination favorite des travailleurs migrants industriels, proposent ainsi des pleins gratuits pour faciliter le retour, car le Nouvel An, c'est aussi une période de générosité, proche de ce que l'on pourrait avoir pendant Noël en occident.

La plus grande migration mondiale s'opère donc dans la plus grande anarchie, vidant les métropoles chinoises de l'est, de leurs employés. A titre d'exemple, Pékin vient de se vider de plus de 9 millions d'habitants en une semaine, entraînant une désertification des rues commerçantes, faute d'employés pour ouvrir les magasins...

Le Nouvel An, ce sont aussi les cadeaux

Et en terme de cadeaux, le plus apprécié reste l'enveloppe rouge remplie d'argent, la fameuse "Hongbao", qui est donnée par les aînées aux plus jeunes.

Ce bon vieux cadeau connaît malgré tout des innovations depuis quelques années. Ainsi, des applications mobiles comme WeChat (微信), proposent aujourd'hui des e-hongbao, pour les proches restés à distance. L'idée est d'autant plus innovante que l'application du groupe Tencent donne la possibilité de faire des micros dons jusqu'à 1 Yuan, et sans frais : c'est fun, tout à fait dans l'esprit du Nouvel An.

Sur ces quelques paroles je vous souhaite une bonne année du cheval à tous!!

马年快乐! 恭喜发财!!

"The fastest changing place on earth" est un reportage de la BBC. Une journaliste a ainsi suivi pendant six ans le destin d'un village isolé du Sichuan, de l'annonce de la destruction de leurs maisons jusqu'au développement ultra-rapide de cette nouvelle cité champignon.

C'est une histoire banale en Chine, certes, mais ce reportage a l'avantage de poser les bonnes questions et de livrer une vision atypique de ce développement au forceps que subissent les chinois des régions rurales.

A travers l'un des projets de construction les plus ambitieux de ces dernières années, nous sommes ici les témoins des étapes d'un projet d'urbanisme en Chine : du rejet des populations locales à l'acceptation, en passant par les phases de doute inévitables d'un peuple méfiant envers son gouvernement.

Le reportage nous pousse également à une réflexion plus profonde sur l'intérêt économique à long-terme de tels projets : comment maintenir la prospérité d'une ville champignon après l'effervescence des premiers jours? Ou encore, peut-on modifier la vie des populations de manière si radicale sans perturber l'équilibre d'une région?

Tout n'est pas blanc ou noir dans la Chine du XXIème siècle, mais une ligne directrice doit exister pour faire les bons choix et éviter à des villes comme celle-ci de s'ajouter à la liste des villes fantômes chinoises (Voir aussi mon article précédent : Chenggong ville fantôme).

Lien vers le reportage ci-dessous (En anglais) :  

En pleine lutte anti-corruption du président Xi Jinping, voilà une série d'annonces qui font tâche dans le monde politique chinois. L'internet chinois a connu une vague de censure sans précédent ces derniers jours suite à la diffusion par des journaux étrangers de Wikileaks rassemblés par l'ICIJ (Consortium International des Journalistes d'Investigation) exposant les fortunes colossales détenues par les "princes rouges" chinois dans divers paradis fiscaux, dont les îles Vierges Britanniques. 

Mais qui sont ces princes rouges? Des parvenus ayant profités des relations politiques de leur illustre famille pour engranger des fortunes inestimables. Ces personnalités de l'ombre liées aux plus hauts dignitaires chinois, ont parfois attisé la colère du peuple chinois par leur étalage indécent de richesse (Voitures luxueuses, châteaux, soirées à excès...). Mais à l'heure du "grand nettoyage" contre la corruption, comment les hommes politiques les mieux placés du pays peuvent-ils rester crédibles tout en protégeant leurs proches eux-mêmes corrompus?

Des révélations dérangeantes

L'annonce sonne comme un pavé dans la marre. Les exemples révélés par Le Monde entre autres, montrent l'ampleur du sentiment d'impunité qu'éprouvent ces princes rouges. 

Des dizaines de milliers de riches chinois issus d'une lignée "rouge" élaborent en effet des stratégies complexes pour faire sortir leur argent de Chine via Hong Kong et le placer dans des paradis fiscaux, les îles Vierges Britanniques figurant en tête.

Parmi les personalités, citons Deng Jiagui (Beau-frère de Xi Jinping) qui détient des participations dans plusieurs sociétés, toutes basées aux îles Vierges.

Zhang Shugang, cadre dirigeant des chemins de fer chinois, a plaidé coupable pour avoir placé plus de 1,8 Milliards de Dollars sur des comptes Off-Shores.

Mais l'exemple le plus parlant est celui de Wen Jiabao (Ancien Premier-Ministre sous l'ère Hu Jintao) dont la famille serait à la tête d'une fortune de plusieurs milliards de Dollars gagnés dans différents secteurs dont l'énergie ou encore les diamants. "Oncle Wen", comme les médias se plaisaient à le surnommer du fait de sa proximité avec le peuple, a même été obligé d'expliquer la provenance de sa fortune rendue publique par le New York Times.

Mais ce sont les affaires  ayant éclaboussés ses enfants, et notamment sa fille Wen Ruchun, qui ont mis le feu au poudre. Cette dernière, à la tête de la société de conseil Fullmark, s'est en effet vue verser une prestation de 1,8 Millions de Dollars par la banque JP Morgan Chase : montant totalement disproportionné au vue de son travail! La banque américaine est d'ailleurs en procès avec le gouvernement américain pour avoir embauché un nombre important de princes rouges payés une fortune au sein de ses bureaux chinois, afin d'élargir son réseau. Le plus étonnant dans cette histoire étant la société de Wen Ruchun, Fullmark, une société fantôme enregistrée aux îles Vierges par son mari unique actionnaire...

L'organisation de "l'optimisation fiscale" des princes rouges

Les documents de l'ICIJ nous révèlent également que cette évasion fiscale des princes rouges est un business bien organisé depuis des années. Des acteurs peu scrupuleux de sociétés d'audit et de grandes banques internationales et suisses notamment, ont des services spécialisés pour organiser les transferts de fonds.

Les placements s'effectuent la plupart du temps via Hong Kong avant de se destiner vers les paradis fiscaux de la planète. De là, les riches chinois créent des sociétés afin d'investir dans le monde entier, y compris... en Chine continentale : ce sont les "opérations circulaires".

La Banque Centrale de Chine estime ainsi que depuis le milieu des années 1980, les responsables publiques chinois ont fait sortir plus de 120 Milliards de Dollars vers ces paradis fiscaux.

La Chine a montré cette dernière année, qu'elle était déterminée à lutter contre la corruption, ce que fait réellement Xi Jinping selon moi. Cependant, le mal qui ronge la société chinoise est si fortement ancré dans les rouages de la société qu'il paraît difficile d'aller jusqu'au bout de cette lutte, à moins de devoir arrêter la quasi-totalité des dirigeants du pays. Le gouvernement commence malgré tout à lutter "timidement" contre cet exode fiscal. En effet, depuis le 1er Janvier 2014, les chinois sont obligés de déclarer leurs actifs à l'étranger... une mesure plutôt molle pour contrer la grogne populaire, car au final, d'une manière ou d'une autre, une part non négligeable de ces capitaux sont réinvestis en Chine, alors à quoi bon lutter? 

Je viens enfin de voir le dernier film de Jia Zhangke, A touch of sin à Paris (Le film est en effet censuré en chine continentale).

J'ai donc décidé de vous faire partager mon ressenti suite au visionnage de cette oeuvre unique qui nous dépeint une chine complètement occultée des médias traditionnels.

 Synopsis du film

Le film se veut une vraie satire de la société chinoise actuelle dirigée par l'argent, la corruption et le mépris du plus faible.

Jia Zhangke est ainsi reparti de quatre faits divers qui ont eu un fort retentissement dans les réseaux sociaux chinois ces dernières années. Le film est donc divisé en quatre parties qui se focalisent sur ces personnages qui ont fait l'actualité en chine dans la rubrique faits divers. Le lien entre ses personnages est de faire partie de cette masse dite "docile" de Chine rarement mise en avant au cinéma : les travailleurs migrants, ouvriers, serveurs...

Le premier récit débute avec Dahai, un militant aux tendances syndicalistes, du nord de la Chine qui s'oppose violemment à ses patrons qui s'enrichissent sur le dos des ouvriers. Jia Zhangke y dénonce ici la corruption et l'écart de richesse monstrueux en Chine. Notre homme se ferme peu à peu au monde pour adopter une attitude violente qui le mènera à une tuerie sanglante, ne voyant aucun autre moyen d'agir sur la société.

La seconde histoire revient sur San Er et prend place à Chongqing dans le sud ouest du pays. On y découvre un personnage troublé, en manque de repères, qui braque des banques et tue sans états d'âme.

Le troisième fait divers prend place dans le Hubei où nous suivons le destin de Xiaoyu, une jeune réceptionniste d'un salon de massage. Notre protagoniste est obligée de tuer un client qui tentait de la violer. Le réalisateur s'en prend ici aux hommes qui, fortunés, pensent qu'ils peuvent commettre n'importe quel crime impunément.

Le quatrième récit enfin nous emmène dans le Guangdong, "l'usine du monde". Xiaohui est un jeune homme qui passe de petits boulots en petits boulots sans espoir en l'avenir. Il finira par se suicider de dépit. Le clin d'oeil aux vagues de suicides dans les usines Foxconn, qui fabriquent la plupart des produits Apple, est clair. Jia Zhangke revient ici sur les conditions difficiles des travailleurs migrants dans les usines et leur désespoir en l'avenir.

La philosophie du film

A touch of sin est un film très critique envers la société chinoise et les revers de sa croissance. Le film est très cru (Un peu trop parfois...) et montre de manière assez réaliste et bien structurée, comment chaque personnage atteint au fur et à mesure un degré de folie qui le mène jusqu'aux actes extrêmement violents dépeints dans l'oeuvre.

Jia Zhangke donne ici un message de moralité et de justice dans la société en dérive qu'est la chine de 2013. Il rééquilibre les rapports de force en donnant un moyen à ces masses silencieuses de s'exprimer durant 2 heures.

Cependant, le réalisateur nous dévoile une justice violente car c'est la seule que la population la plus pauvre du pays puisse s'offrir. Tout laisse entrevoir cette violence latente tout au long du long métrage en commençant par la première scène. Deux des principaux protagonistes se croisent sur une route jonchée de tomates suite à un accident... Sorte d'avertissement du réalisateur qui nous prévient que le rouge dominera ce film.

A l'opposé de cette violence déversée par torrents, Jia Zhanggke nous abreuve de magnifiques paysages sur une Chine parfois majestueuse, parfois poussiéreuse ou poisseuse, mais toujours grandiose.

J'ai apprécié tout particulièrement la touche positive introduite par le réalisateur à la fin du film qui tranche avec les récits assez sombres. On y voit les spectateurs d'une représentation en plein air de face. Ils sont de tous âges et observent tous dans la même direction plein d'espoir et passifs à la fois, attendant qu'on les guide vers un avenir meilleur.

Bande-annonce du film 

C'est une bien triste nouvelle que j'apprends à mon retour de chine. La ville anicenne de Dukezong (Dans la municipalité de zhongdian dans le Yunnan) dans le district mondialement célèbre de Shangri-La, a été dévorée par les flammes ce 11 Janvier détruisant près de 300 édifices. Voir la vidéo ci-dessous :

Le feu, qui s'est déclaré dans la nuit de vendredi à samedi, a très vite ravagé les anciennes bâtisses de style tibétain en bois de cette ville millénaire, sans faire de victimes. Beaucoup de volontaires et pompiers se sont relayés toute la nuit pour sauvegarder au maximum le prestigieux patrimoine de cette cité. Les habitants ont tous été évacués par les autorités de la ville.

L'incendie a donc emporté des édifices uniques très bien conservés de cette ville de style tibétain ainsi qu'un Thangka tibétain (Peinture) à la valeur inestimable.

Ayant moi-même parcouru ce site unique à l'été 2012, écrire cet article m'est étrange et assez pénible. Vous trouverez ci-desous quelques-unes de mes photos en comparaison de celles de ce Weekend afin de vous imaginer la beauté de ce lieu historique unique et de la perte énorme pour le patrimoine culturel mondial.

Aujourd'hui :

Eté 2012 :

L'Histoire de Shangri-La

Shangri-La pour l'histoire, est avant tout une ville imaginaire qui résonne dans l'imaginaire occidental depuis les années 1930, grâce au roman de James Hilton "Horizon perdu". Cet écrivain fut en effet fasciné par cette région des plateaux tibétains qu'il dépeint comme un paradis terrestre et  spirituel, la présence du bouddhisme tibétain dans cette région aidant grandement à créer cette atmosphère de pureté intense.

Personne ne sait réellement si le lieu décrit par Hilton est bien Zhongdian (Municipalité citée en début de cet article) qui s'apparente à son récit. En effet, perchée à 3300M d'altitude et abritant de nombreuses demeures tibétaines, ainsi que le magnifique temple tibétain de Songzanlin (Photo ci-contre), Zhongdian pourrait aisément faire office de paradis terrestre.

Zhongdian n'est donc pas qu'une utopie et a d'ailleurs longtemps été une étape de la route entre la province du Yunnan et le Tibet pour les échanges de chevaux et de thé notamment. 

La perte d'une partie de ce patrimoine millénaire est donc un désastre historique mais aussi touristique pour une région qui vit massivement de cette manne financière.

Bonne année 2014 à tous!

J'en profite pour vous faire parvenir quelques photos de Chine，dans la province de l'Anhui, où je me trouve actuellement :

Wuhu, Province d'Anhui (芜湖，安徽)

Wuhu, Province d'Anhui (芜湖，安徽)

La famille

Repas chez la Grand-mère

TianMenShan (天门山)

Je vous propose une petite vidéo sympathique de deux riders dans Shanghai.

Bonnes fêtes à tous!

Zhapu Road (District de Hongkou) est une rue de Shanghai fort sympathique par son côté rétro et animé. Elle n'est pas sans rappeler les petites rues bondées de Hong Kong ou l'ambiance survoltée du Shanghai des années folles.

A tous les shanghaiens qui passent sur ce blog, je vous invite à y faire un petit tour si ce n'est déjà fait. J'y passerai cet hiver à coup sûr.

C'est officiel, la Chine est devenue la troisième nation à visiter la lune, après les Etats-Unis et la Russie. La sonde chinoise Chang-e 3 a réussi son alunissage ce samedi 14 Décembre, elle doit désormais libérer le véhicule d'exploration lunaire téléguidé : "Lapin de Jade" ( 玉兔).

La Chine poursuit donc sa conquête spatiale et marque sa détermination à avancer les recherches débutées par ses prédécesseurs. Mais cette mission scientifique cache mal la stratégie conquérante de la Chine de s'affirmer face aux Etats-Unis dont les budgets de la NASA sont au plus mal. 

Depuis quelques années, la folie constructrice chinoise, a conduit à des projets de plus en plus irrationnels à l'écart de la demande de la société.

Assoiffés par l'inflation immobilière dans le pays, certains promoteurs, aidés par des gouvernements locaux avides de placements et de pots-de-vin, ont réalisé des projets totalement dénués de sens et de stratégie : La ville de Chenggong en est un bon exemple. 

Cette ville, dont la construction a commencé en 2003, était censée accueillir 100.000 personnes, mais aujourd'hui c'est une vaste cité fantôme où la poussière se dépose et façonne un nouveau paysage.

Pour illustrer cela, je vous invite à regarder cette vidéo tournée par un amateur :

 Chenggong, cependant, n'est pas un cas à part puisque nombre de ces villes fantômes ont émergés aux quatre coins de la chine. Je vous propose ci-dessous un petit guide touristique de ces No Man's Lands urbains : 

Quartier de Kangbashi (Ordos - Mongolie-Intérieure)

TianDu Cheng (Près de Hangzhou - Zhejiang)

Florentia Village (Près de Pékin)

Wonderland (Près de Pékin - Aujourd'hui en-cours de destruction)

Cliquer sur la photo pour la vidéo