• L'impuissance des manifestants à Hong KongLes manifestations pro-démocratie des étudiants à Hong Kong s'enlisent et se sont nettement radicalisées depuis quelques semaines dans l'ex colonie britannique. Les affrontements avec la police, aujourd'hui encore, sont plus fréquents, marquant une tension accrue dans la guerre des nerfs entre les manifestants et le gouvernement. 

    L'heure n'est plus au dialogue malgré les appels bien hypocrites du gouverneur de Hong Kong, Leung Chun-Ying, ouvertement pro-Pékin. Et si ce dialogue a bien eu lieu le 21 Octobre, ce dernier, retranscrit publiquement a été courtois mais complètement creux : un tour d'intimidation pour décourager les manifestants.

    Les manifestants au pied du mur

    Les "occupations" des points centraux de la ville continuent donc, non sans une certaine lassitude. La centaine de manifestants reste déterminée à militer pour l'avenir de Hong Kong. Ils espèrent toujours freiner Pékin dans ses ambitions impérialistes sur l'ex-colonie britannique et surtout permettre des élections au suffrage universel en 2017, comme cela devait être le cas avant la parution du livre blanc du Parti sur l'avenir de Hong Kong le 10 Juin 2014 (Voir article précédent : Le jour le plus long...pour la censure chinoise).


    L'impuissance des manifestants à Hong KongCependant, le gouverneur de Hong Kong, Leung Chun-Ying, ne montre pour le moment aucun signe d'ouverture et continue de prôner la ligne de Pékin. Sa stratégie vis-à-vis des manifestations, consiste à les laisser s'enfoncer dans leur politique d'isolement sans prendre le risque d'une intervention policière dangereuse. Il laisse ainsi la grogne populaire des hongkongais, monter contre ce mouvement qui paralyse une partie de la ville depuis plus de six semaines, et notamment son cœur économique. 

    Dans ces conditions, toute action des étudiants sur la durée semble vouée à l'échec. C'est pourquoi les principaux leaders du mouvement ont dernièrement émis l'idée d'aller porter leurs griefs directement à Pékin afin de remuer les consciences. Ils souhaitent ainsi profiter du sommet de l'APEC du 05 au 11 Novembre à Pékin pour rencontrer des dirigeants tels que Barack Obama ou Shinzo Abe afin de s'attirer leurs soutiens. Cette idée met Pékin dans l'embarras car, d'une part ces étudiants représentent une voix dissidente sur le territoire chinois, mais d'autre part, toute action de Pékin pour les empêcher d'entrer en Chine Continentale, serait critiquée à Hong Kong et ailleurs.

     

    Le bras de fer entre les manifestants et le pouvoir central de Hong Kong et Pékin semble ainsi plutôt mal engagé pour le mouvement démocratique en marche à Hong Kong. Les semaines passent, le gouvernement maintient sa position et le mouvement s'affaiblit naturellement. Ne resteront bientôt que des irréductibles bercés d'idéaux, que l'activité bouillonnante de la ville viendra peu à peu balayer, dispersant les illusions d'une jeunesse désabusée.

    L'impuissance des manifestants à Hong Kong


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  • L'écrivain "Tie Liu" arrêté à PékinHuang Zerong, plus connu sous son nom d'auteur "Tie Liu", vient d'être arrêté à Pékin à l'âge de 81 ans, ce qui fait de lui le dissident le plus âgé emprisonné sous l'ère Xi Jinping.

    L'auteur est accusé d'activités commerciales illégales ainsi que de troubles à l'ordre public. Ces motifs grossiers étaient évidemment un prétexte pour arrêter l'homme qui a lui même recueilli pendant plusieurs décennies, des mémoires de survivants des camps de travail de l'ère Mao. Ce sujet tenait particulièrement à cœur le vieil homme qui a également passé 23 ans dans ce type de camp [1957-1980] accusé à l'époque d'être un "droitier" ennemi du Parti.

    La femme de Huang Zerong a ainsi affirmé aux autorités que ce minutieux travail d'archives de son mari (parfois même manuscrit), n'avait rien de subversif dans la mesure où il ne comptait absolument pas publier les informations récoltées et n'avait pas l'intention d'en retirer un quelconque profit.

    Cependant, les liens trop proches de Huang avec les milieux activistes chinois et quelques publications récentes critiques envers le Parti, ont finis par avoir raison de la relative "liberté" dont il jouissait jusqu'alors.

    Huang Zerong, victime de la chasse aux dissidents de Xi Jinping, risque jusqu'à 7 ans de prison.

    L'écrivain "Tie Liu" arrêté à Pékin


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  • Une femme ivre part nager dans le Hubei... se réveille dans le JiangxiC'est l'histoire d'une femme de 57 ans du Hubei qui a dernièrement voulu jouer le remake de Very Bad Trip...

    Par une belle soirée d'automne, Shen Ailian, après une soirée bien arrosée au Baijiu, se sentait d'humeur joyeuse, et décida naturellement d'aller piquer une tête dans le Yangtse pour se rafraîchir les idées. Ailian, fatiguée par toutes ses brasses s'endormit peu à peu dans l'eau pendant.... 75km pour finir sa course à Ruichang dans le Jiangxi. 

    Mais toute cette histoire ne saurait être si sympathique sans le sauvetage de Li Chunfu, qui voyant notre amie dériver prés de Ruichang plongea sans hésiter pour la sauver. Ailian peut donc remercier son bienfaiteur philosophe qui ne manqua pas de lui asséner un conseil des plus avisés : "Évite d'aller nager après avoir bu".

    Ailian avouera devant les caméras (ci-dessous) que ce voyage de 10 heures est passé en un éclair pour elle, malgré une dérive sur un des fleuves les plus dangereux au monde.

    Une femme ivre part nager dans le Hubei... se réveille dans le Jiangxi


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  • 30% des chinois ne parlent pas mandarin30% des chinois seraient incapable de communiquer en mandarin (PuTongHua : 普通话), c'est le bilan d'une étude réalisée par le ministère de l'éducation chinoise dans le cadre d'un événement visant à promouvoir l'apprentissage de cette langue standard de l'empire du Milieu.

    Cette étude, pour le moins étonnante, ajoute également que dans ces 70% de chinois maîtrisant le mandarin, seuls 10% peuvent réellement le parler de manière fluide sans accent apparent.

    L'empire des dialectes

    30% des chinois ne parlent pas mandarinAinsi, 400 millions de chinois ne sauraient pas parler le mandarin : langue officielle en Chine depuis 1955, bien qu'elle soit dans les faits plus proche du dialecte de Pékin. La Chine est en effet célèbre pour ses nombreux dialectes locaux parfois parfaitement incompréhensibles pour qui n'est pas du coin, et malgré le rapide développement du système éducatif dans le pays, beaucoup de personnes, notamment en zone rurale, vivent reclus dans leur communauté et n'ont donc pas les notions de base de la langue commune du pays.

    Certains dialectes comme le cantonnais (广东话), le dialecte de Wenzhou (温州话) ou le dialecte de minnan (闽南话)... sont trop éloignés du mandarin pour être compris par la majorité des chinois, et sans le mandarin, des personnes de ces différentes régions ne peuvent communiquer avec leurs compatriotes!

    30% des chinois ne parlent pas mandarinC'est dans ce but ultime de souder le peuple chinois, d'un naturel très régionaliste, que le gouvernement communiste a voulu accélérer l'adoption du Putonghua comme langue commune dans la seconde moitié du XXème Siècle. Le gouvernement central essaie donc de pousser au maximum les chinois à utiliser le mandarin dans leur vie de tous les jours afin de s'habituer à le parler et limiter les problèmes d'accents et d'argot qui empêchent réellement une partie de la population de communiquer avec des chinois issus d'autres régions.

    Cependant, il est à noter pour l'anecdote, que même si le mandarin s'inspire très fortement de la langue parlée dans la capitale chinoise, il suffit de prendre le bus à Pékin pour réaliser que le pékinois peut aussi être un dialecte tout aussi incompréhensible qu'un autre (en tout cas pour moi...).

    Certains voient cependant d'un mauvais œil ces actions de communication de Pékin pour "épurer" la langue chinoise de ces accents et spécificités locales, car en Chine, la langue et les spécialités culinaires, sont les bases mêmes de l'appartenance à une région. Ainsi, la Chine connaît comme tout pays en plein développement, une transition d'une société traditionnelle vers une société dite "développée", et si les dialectes ont la vie dure, la disparition de beaucoup d'entre eux dans les prochaines décennies semble irréversible.

    Ci-dessous, une petite pub FedEx pour illustrer cet article :-)

    30% des chinois ne parlent pas mandarin


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  • Les écoles chinoises manquent de place et de moyensLa rentrée des classes a eu lieu en Chine comme ailleurs. Cela nous donne l'occasion de nous pencher sur un phénomène en plein développement dans le pays : l'utilisation des toits d'établissements scolaires comme aires de jeu en plein air pour pallier au manque de place en milieu urbain.

    La tendance n'est pas nouvelle mais est actuellement sujet à débat sur la toile chinoise. Beaucoup s'inquiètent en premier lieu de l'aspect sécuritaire de ces installations : les barrières protégeant les élèves sont-elles stables? Le poids de ces structures ne fait-il pas courir un risque pour la solidité de l'immeuble?...

    Toutes ces questions légitimes de parents inquiets cache également un questionnement plus profond de cette problématique sur la société chinoise et son système éducatif fortement inégalitaire, et c'est sur ce point que je vais m'attarder.

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

    Le débat social derrière l'anecdote

    L'apparition de ces terrains de sports et jeux pour enfants sur les toits d'écoles de certaines villes de Chine a attiré l'attention de nombreux internautes chinois ces dernières semaines et inévitablement relancé le débat sur la spéculation immobilière en Chine.

    Les prix des terrains dans les centres urbains du pays ont en effet atteint des sommets faisant pression sur l'espace alloué aux terrains moins rentables, dont les écoles font partie. Le phénomène est particulièrement critique dans les établissements scolaires pour les enfants de travailleurs migrants venus de l'intérieur du pays.

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

     

     

    La photo ci-contre date de 2010 et montre l'établissement pour enfants migrants Tianhua de Hangzhou

     

     

     

     

     

    Une réglementation nationale existe pourtant à ce sujet pour régir l'espace minimum que les municipalités doivent allouer aux écoles, collèges et lycées. Des données chiffrées y sont mêmes fournies selon le nombre d'élèves, la taille de l'établissement...

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

     

    La photo ci-contre (2010) nous montre les classes d'une école primaire de la ville de Wuhan réunies sur le toit de leur école pour les exercices matinaux. Au vue de la structure de l'immeuble, la sécurité n'est clairement pas assurée pour ces enfants.

     

     

     

    Les officiels locaux sont ainsi souvent peu enclins à respecter ces quotas d'espace "récréatif" tant la spéculation immobilière fait pression sur les prix des terrains. La faible morale des promoteurs rend donc le développement des structures éducatives bien plus complexe en milieu urbain.

    Une inégalité sociale mais surtout territoriale

    Le débat évoqué ci-dessus peut encore être élargi aux problématiques d'équipement et de moyens donnés à l'éducation en Chine, qui dépassent largement ces problématiques d'équipement en milieu urbain, car la situation en milieu rural est encore bien plus préoccupante.

    Ces écoles manquent souvent de professeurs et d'équipement scolaire de base. On peut voir sur la photo ci-dessous de 2012, une illustration à l'extrême de cette pénurie de matériel dans cette école rurale du Hubei où la moitié des élèves doit apporter sa propre table en cours!

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Une autre illustration de la situation catastrophique des régions les plus reculées nous est donnée par cette photo de 2011 dans une zone rurale de la région du Guangxi, où par -10°C, les élèves doivent suivre les cours dans des salles aux fenêtres cassées sans chauffage!

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Ces exemples extrêmes peuvent nous sembler inacceptables mais reflètent avant tout une très mauvaise allocation des ressources de l'Etat chinois au niveau local, un soutien du système éducatif quasi-inexistant en milieu rural et plus généralement, un abandon des enfants de travailleurs migrants et ruraux qui n'ont, dans ces conditions, que très peu de chance de succès face à leurs homologues citadins.

    Beaucoup de petites villes et villages sont en effet laissées à l'abandon car peuplés en majorité de travailleurs migrants partis s'exiler dans les grands centres industriels du pays pour subvenir aux besoins financiers de leurs familles. Les écoles dans ces zones rurales tiennent plus grâce au bénévolat de professeurs locaux que grâce à des aides de l'Etat, et en l'absence de moyens décents mis à leur disposition, c'est souvent le système D et la motivation des bénévoles qui priment.

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

    Les enfants suivant leurs parents dans les grandes villes de l'Est du pays arrivent eux aussi dans des écoles délaissées à moitié légales. Ces établissements d'enfants de "migrants" sont victimes de la folie immobilière qui ravage le pays et sont donc régulièrement démolies puis reconstruites à d'autres endroits, parfois plusieurs fois par an! Le statut d'"immigré" de ces enfants dans ces villes ne leur donne donc accès à rien et la ségrégation dont ils sont victimes est forte.

    Il parait utopique, dans ces conditions, pour des enfants de travailleurs migrants de profiter d'un réel système éducatif en ville comme à la campagne, et d'accéder ainsi à l'enseignement supérieur.

    Les écoles chinoises manquent de place et de moyens

    Photo de 2011 à Pékin où une école primaire pour enfants de travailleurs migrants a été détruite en pleine année scolaire car son contrat arrivait à expiration


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  • Pékin est une ville tentaculaire en perpétuelle expansion. L'agglomération compte déjà six périphériques en effet, dont le dernier a été achevé en 2009, mais les plans du gouvernement prévoient d'agrandir encore ce périmètre à l'avenir pour anticiper le déploiement futur de la ville avec la construction d'un septième périphérique dont les travaux doivent débuter en 2015. Le journal hongkongais South China Morning Post a dévoilé aujourd'hui une illustration de cette extension (Cliquer sur la photo pour aller sur l'article) :

     

    Et de 7... Pékin voit toujours plus grand

    Ce septième périphérique devrait donc être long de 940 km et contenir les 22 Millions d'habitants et surtout 5,3 Millions de véhicules de la ville.

    L'idée sous jacente derrière ce projet est la stratégie de Xi Jinping de créer une mégacité entre la préfecture de Pékin (22 Millions d'habitants), la ville de Tianjin (11 Millions d'habitants) et les grandes villes frontalières de la province du Hebei.

    Ce plan n'est pas sans rappeler un autre super projet que souhaite mener Pékin : La mégacité du delta de la rivière des Perles. Ce projet consiste à rapprocher les villes de Guangzhou (Canton), Shenzhen et Dongguan dans une même agglomération géante afin de rationaliser les services publics et infrastructures entre ces trois géants urbains.


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  • Guo Meimei : L'ambassadrice des maux de la ChineLa Chine aime médiatiser les affaires de corruption et d'immoralité. Ainsi, malgré une actualité des plus brûlantes depuis quelques semaines : catastrophes industrielles, tremblement de terre du Yunnan ou encore montée des violences au Xinjiang, la toile chinoise garde les yeux rivés sur une jeune arriviste : Guo Meimei. 

    L'annonce de son arrestation a été suivie par de nombreux chinois et son récent Mea Culpa sur ses erreurs passées le 4 Août dernier, jour du tremblement de terre du Yunnan qui a coûté la vie à plus de 500 personnes (bilan provisoire), a complètement éclipsé le reste de l'actualité de l'empire du Milieu.

    Les grands médias chinois semblent s'être mis d'accords pour faire de cette riche concubine, une cible parfaite du courroux populaire, appuyant la politique ultra-répressive du président Xi Jinping contre la corruption et les excès de pouvoir.

    Guo Meimei : Une maîtresse professionnelle

    Guo Meimei : L'ambassadrice des maux de la ChineGuo Meimei est une jeune prostituée de luxe de 23 ans connue depuis 2011 sur les réseaux sociaux chinois pour son étalage indécent de richesse. La jeune fille apparaît ainsi entourée de sacs de luxe, de liasses de billets ou encore au volant d'une Maserati. Victime de son succès, elle est donc devenue peu à peu la personne que l'on aime détester.

    C'est cependant un post sur le réseau social Weibo en 2011, qui a mis le feu aux poudres. La jeune fille, posant avec son apparat de luxe habituel, y affirme être "directrice générale de la chambre de commerce de la Croix-Rouge chinoise". Ce poste évidemment fictif a malgré tout semé le doute dans l'esprit des internautes, qui ont en revanche soupçonné un lien entre Guo Meimei et la Croix-Rouge chinoise, ce qui est plausible au vue des relations des "protecteurs" de cette dernière.

    La starlette a donc franchi un cap en souillant l'image deGuo Meimei : L'ambassadrice des maux de la Chine la branche chinoise de la Croix-Rouge déjà entachée par de précédentes suspicions de détournement de fonds. La crise de confiance populaire s'est ainsi rapidement étendue aux ONG chinoises en général, obligeant Guo Meimei à rapidement revenir sur son commentaire pour apaiser une situation devenue très tendue pour elle et ses puissants amants.

    Les frasques de miss Guo ont donc pris fin cet été après son arrestation très médiatisée en Juillet pour son implication dans la mise en place d'un système de paris illégaux sur la coupe du monde, plan échafaudé selon CCTV, pour combler ses revenus de prostituée.

    Le vice du jeu bien connu de Guo Meimei a donc signé sa perte et donné un prétexte facile au Parti pour lancer une campagne moraliste contre les nantis du pays.

    Une chasse aux sorcières sur fond de leçon de morale

    "I love to show off" affirmait Guo Meimei en pleurs le 04 Août lors de ses confessions en garde à vue, retransmises en direct par CCTV. Cette phrase répréhensible est cependant loin de s'appliquer à la seule jeune fille lors de cette séance d'autocritique que l'on ne devrait plus voir en Chine en 2014 (Voir ci-dessous) :

    Guo Meimei : L'ambassadrice des maux de la Chine

    Si Guo Meimei doit en effet répondre des chefs d'accusation qui la concernent, et le cas échéant, tirer sa peine par la suite, il n'est pas normal que le Parti utilise encore et toujours cette humiliation publique (télévisée qui plus est) digne de la Révolution Culturelle que Xi Jinping a remis au goût du jour depuis le début de sa chasse à la corruption et aux excès. La concubine la plus célèbre de Chine est donc traînée sur la place publique depuis quelques semaines de la même manière que Bo Xilai ou Zhou Yongkang, qui sont pour leur part des gros poissons dont les méfaits ont largement dépassés ceux de cette starlette dépensière.

    Cependant, le Parti aime donner des exemples du "mal" qui ronge la société chinoise à sa base, même si la plupart des enfants des hauts cadres du Parti sont les premiers à profiter de ces richesses et excès qu'il critique. La leçon de morale martelée par les médias chinois sonne donc un peu faux et semble quelque peu surannée.

    Un mauvais timing pour le Parti

    Les critiques des internautes chinois face à cette médiatisation à outrance de l'affaire Guo Meimei ne se sont pas faites attendre non plus. La plupart ne défendent évidemment pas l'accusée à la morale douteuse, mais critiquent davantage les médias officiels pour leur manque de sens des priorités. 

    Comment des médias officiels, populaires, bras droit du gouvernement chinois, peuvent-ils simultanément faire des confessions de Guo Meimei leur gros titres quand la Chine est touchée en son sein par des catastrophes d'ampleur!

    Guo Meimei : L'ambassadrice des maux de la ChineEn effet, la Chine a connu début Août deux incidents majeurs. Tout d'abord, l'explosion dans une usine automobile à Kunshan, qui a fait 75 morts et 186 blessés le Samedi 02 Août, suivie le 04 Août, d'un tremblement de terre dans le Yunnan, dont le dernier bilan fait état de 589 morts, 2401 blessés et 230 000 personnes évacuées!

    Quelques heures seulement après ce terrible tremblement de terre meurtrier, au moment même où les ONG chinoises auraient eu besoin d'un relais de la part de l'Etat pour venir en aide aux victimes, tous les organismes d'information chinois n'avaient d'yeux que pour les aveux de Guo Meimei. Le 04 Août à 8h, le Quotidien du Peuple partageait ainsi 12 "Tweets" sur Weibo pour se réjouir des aveux diffusés par CCTV, l'agence de presse Xinhua en partageait 10 tout comme le gourou de l'information CCTV. La propagande chinoise ne peut donc pas faire une "pause" à sa leçon de morale quotidienne pour parler de l'actualité de son pays?

    La Croix-Rouge chinoise devant ce matraquage, a ainsi due inciter sur son compte Weibo, les internautes à se désintéresser de l'affaire Guo Meimei pour apporter leur soutien aux victimes du Yunnan.

     

    Une propagande à affiner

    Guo Meimei : L'ambassadrice des maux de la Chine

    La société chinoise est devenue très matérialiste en trente années d'ouverture. L'appât du gain est devenu un Leitmotiv pour les chinois, il est d'ailleurs intéressant de remarquer que "Argent" est le mot clé le plus recherché sur les moteurs de recherche en Chine, devant "sexe". Face à cette cupidité accrue permise par l'enrichissement incroyable de la société chinoise en trois décennies, les médias chinois ont pour mission de contrebalancer cette tendance en inculquant un minimum de morale dans ces esprits pervertis. Une affaire Guo Meimei est donc une aubaine pour relayer ce message de morale. Cependant, c'est la méthode quelque peu brutale et irrationnelle de l'Etat chinois buté à faire passer ses messages, qui nuit au final à leur efficacité auprès de la population.

    Le procès de Guo Meimei, déjà effectué "publiquement", est bien parti pour servir d'exemple afin d'appuyer le message accusateur du Parti envers l'immoralité et le consumérisme. C'est ainsi qu'une starlette flambeuse pénètre dans l'engrenage sans pitié de la justice chinoise, éclipsant au passage la réalité difficile du peuple chinois dans les heures sombres que vit la Chine actuellement.


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  • Zhou YongKang : the Dead EndJe vous l'annonçais dans un article il y a trois mois (Liu Han : Le déclin du parrain du Sichuan) et c'est donc officiel désormais : Zhou Yongkang, l'ancien chef des services de sécurité intérieure de Chine, fait depuis peu l'objet d'une enquête pour corruption.

    La nouvelle a été rendue publique le 29 Juillet par l'agence Chine Nouvelle. Cette affaire fait ainsi entrer la lutte contre la corruption de Xi Jinping dans une autre dimension puisque Zhou Yongkang est l'officiel le plus gradé à tomber depuis 1980 et le fameux procès de la "bande des quatre" où la veuve de Mao fut reconnue coupable de trahison. Zhou doit donc être derrière les barreaux depuis déjà des semaines, voire des mois, et a déjà dû "confesser" ses crimes à l'heure qu'il est.

    Un homme de pouvoir

    Zhou YongKang : the Dead EndZhou, à 71 ans, était depuis 2012 retraité du Parti après une brillante carrière dans les fonctions les plus centrales du pays. Il a en effet occupé jusqu'en 2012 la fonction de membre du comité permanent du bureau politique du Parti Communiste, ce qui faisait de lui l'une des 9 personnes les plus puissantes de Chine.

    M. Zhou occupait également en ce temps le poste de chef de la Sécurité Intérieure du pays, poste clé en Chine, puisque cette fonction faisait de lui le chef suprême de la police, des renseignements civils et de la justice.

    On peut ainsi supposer que cet homme dur, au pouvoir sans limites, représentait de toute évidence un risque pour Xi Jinping qui a préféré l'évincer avant qu'il ne devienne une menace.

    "Combattre les tigres et les mouches"

    Ce mot d'ordre lancé par le président Xi est clair, qui que vous soyez, personne n'échappera au raz-de-marée de la lutte anti-corruption.


    Zhou YongKang : the Dead EndL'arrestation de Zhou Yongkang représente sans doute la meilleure capture de tigres réalisée par le Parti, car s'il n'est pas le plus enrichi des corrompus tombés sous l'ère Xi, Zhou Yongkang reste malgré tout un sacré poisson avec un réseau tissé dans toutes les sphères de la société chinoise, rendant ainsi sa chute bien plus compliquée à orchestrer.

    Un article du New York Times revenait d'ailleurs il y a peu sur ce puissant réseau qui aurait permis à son fils, sa belle-fille et la mère de cette dernière d'accumuler pas moins de 160 Millions de Dollars dans le secteur énergétique notamment, où il avait ses entrées.

    Ses relations n'ont cependant pas toujours joué en sa faveur, et sa décision de soutenir Bo Xilai, le prince déchu de Chongqing condamné pour corruption en 2013 par Xi Jinping, a inévitablement précipité sa chute. Les relations de ses proches n'étaient pas non plus du meilleur goût puisque son fils, Zhou Bin, a été cité dernièrement dans le procès de Liu Han, le parrain mafieux du Sichuan.

     

    C'est donc la fin pour la dynastie Zhou! La médiatisation de cette affaire par les journaux chinois fait déjà office de jugement avant l'heure, car aucune affaire sensible n'est rendue publique à l'heure des délibérations, seul le résultat l'est.

    La vraie question, dans ce safari géant mené par Xi Jinping depuis son accession au pouvoir, est donc désormais : Qui sera le prochain grand ponte à mordre la poussière?


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  • La Chine doit gagner en efficacité logistique sur son marché domestiqueL'empire du Milieu est bien installé comme superpuissance exportatrice mondiale. Les ports gigantesques de Shanghai, Tianjin ou Shenzhen n'en finissent pas d'étonner le public occidental. Le port en eaux profondes de Yangshan à Shanghai est effectivement le plus grand port à containers du monde. Pudong est quant à lui le 3ème aéroport mondial pour le fret aérien de marchandises.

    Toutes ces images d'une Chine forte ne doivent cependant pas nous faireLa Chine doit gagner en efficacité logistique sur son marché domestique oublier les faiblesses du pays : la logistique "domestique", c'est-à-dire les flux de marchandises internes au pays. La Chine a, sur cet aspect, accumulé un certain retard, qui malgré la politique du Go West, reste encore marqué.

    Le Wuliu (物流) domestique, c'est-à-dire la chaîne logistique intérieure telle qu'on l'entend par la combinaison des transports, entrepôts et de la gestion des biens, est distendue et pèse fortement sur les coûts des entreprises du pays.

    The Economist, dans un article récent baptisé "The Flow of Things", nous éclaire sur ce paradoxe chinois plutôt surprenant. Je me fais donc ici l'échos de cet article très intéressant sur les faiblesses de la logistique chinoise.

     

    Une logistique intérieure à revoir

    La Chine investit globalement plus que les autres pays dans ses infrastructures logistiques puisque 18% de son PIB passe dans ces dépenses (Contre 13 à 14% pour l'Inde et l'Afrique du Sud).

    Mais ces dépenses importantes cachent une bien mauvaise répartition des investissements.

    Le défi est énorme car les obstacles en terme de structures logistiques sont nombreux. La Chine manque d'entrepôts dans son territoire intérieur, car d'après l'entreprise spécialisée dans la construction d'entrepôts Global Logistics Properties, l'espace d'entreposage par habitant en Chine est comparativement équivalent à 10% de celui des Etats-Unis : un effort considérable est donc à faire en terme quantitatif mais également qualitatif par la mécanisation de la gestion des biens.

    De plus, les transporteurs en Chine sont confrontés à d'incessantes entraves qui font baisser leurs marges : changements de modes transports imposés, manque de hubs de cargos et ferroviaires, délais de prise en compte des marchandises dans les structures portuaires des grands fleuves...

    A cela s'ajoute des infrastructures nationales coûteuses qui pèsent lourdement sur les marges des transporteurs : péages nombreux sur les nouvelles autoroutes, taxes locales arbitraires, obligations de licences spéciales délivrées par des autorités locales pour circuler...

    La Chine doit gagner en efficacité logistique sur son marché domestiqueMais au-delà de ces facteurs externes désavantageux, le marché du transport chinois est également peu efficient actuellement. De nombreux transporteurs routiers, environ 700 000 (Contre 7000 aux Etats-Unis), se partagent un marché ultra-concurrentiel qui oblige les acteurs à rogner sur leurs marges et donc leur capacités à investir dans la modernisation de leurs actifs. A titre d'exemple, les 20 premières entreprises de ce marché ne possèdent que 2% de parts de marché du transport routier, qui est donc majoritairement composé de petites structures ne dépassant souvent les quelques salariés.

    Les entreprises de logistique étrangères dans ce domaine restent quant à elles cantonnées aux grands centres urbains de l'Est du pays où elles ont des autorisations d'exercice limitées, même si toutes espèrent pouvoir abreuver les chaînes logistiques de tout le pays dans les années à venir.

    Li Keqiang a récemment relevé le niveau de priorité de ces problématiques dans les années à venir, car l'enjeu du développement de la consommation intérieure est corrélé à la capacité de la Chine à développer les infrastructures adéquates.

    Les sociétés de e-commerce, forces motrices de cette évolution

     Les principales entreprises chinoises de e-commerce comme Alibaba (阿里巴巴) ou Jingdong (京东), qui ont vues leur croissance exploser ces dernières années, sont de loin les plus soucieuses de ces problématiques.

    La Chine doit gagner en efficacité logistique sur son marché domestiqueCes entreprises ont donc pris les devants en lançant des projets d'envergure pour améliorer leurs capacités logistiques aux besoins exponentiels. Certains par exemple, mettent en place des plateformes de data-sharing avec les transporteurs de manière à optimiser le remplissage de leurs camions et réduire les délais, car dans le milieu du e-commerce, le respect des délais est primordial.

    Les stratégies des intervenants du secteur sont diverses malgré tout. JingDong a ainsi choisi d'internaliser sa chaîne logistique en développant ses propres entrepôts et moyens de transports routiers notamment : c'est le choix de la sécurité et de la maîtrise du risque. Cependant, cette stratégie pourrait être coûteuse et représenter un frein pour le développement de ses activités en zone rurale.

    Alibaba, au contraire, a préféré s'associer à des partenaires jugés de confiance tel que China Post. L'entreprise prévoit à cet effet d'investir 100 Milliards de Yuans (12 M €) dans un système dit "Smart Logistics" basé sur le big data afin d'avoir un seul système centralisé de gestion de la chaîne logistique pour tous les sous-traitants de l'entreprise. Objectif : Livraison en 24h quelque soit le lieu.

     

    L'avenir logistique de l'intérieur du pays semble donc complexe, car il est lié à des efforts publics sur les infrastructures qui doit s'accompagner d'une restructuration inévitable du secteur par une concentration des entreprises chinoises et une modernisation de celles-ci. Des systèmes informatisés doivent commencer à se tisser dans le pays pour mieux suivre les marchandises. Tels sont les défis que doit relever le secteur en Chine.

    Vous pouvez retrouver cette analyse dans l'article de The Economist "The Flow of Things".


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  • La police de Chengdu, dans la province du Sichuan (Sud-Ouest de la Chine), a besoin de sang neuf. La ville a ainsi lancé une campagne publicitaire plutôt atypique.

    En effet, oubliez l'image du gendarme souriant véhiculée habituellement, car ici il s'agit de recruter de véritables commandos (Enfin, je pense)!

    Les affiches sont donc plus proches d'Expendables que du Gendarme à St-Tropez.

    Donc, si vous êtes chinois, courageux et que vous savez manier... l’arbalète, tentez votre chance pour "protéger et servir (blablabla)" :

    La police de Chengdu fait son show

     

    La police de Chengdu fait son show

     

    La police de Chengdu fait son show

     

    La police de Chengdu fait son show


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  • C'est une semaine chargée pour la censure chinoise! 

    Les censeurs de l'internet chinois étaient sur le pied de guerre cette semaine pour contrôler l'information en provenance de Hong Kong. 

    En effet, les manifestations du 1er Juillet (Date anniversaire de la rétrocession à la Chine de Hong Kong en 1997) ont été très largement suivies cette année par la population de l'île, puisque 510.000 personnes sont descendues dans les rues pour exprimer leurs craintes quant à l'emprise grandissante de Pékin sur la ville.

    Un référendum spontané de la population

    Le jour le plus long... pour la censure chinoiseSi les manifestations ne sont pas rares à Hong Kong (Anniversaire de Tiananmen, rétrocession de Hong Kong à la Chine...), celle-ci s'avérait d'emblée plus redoutable pour le voisin continental.

    Mais au-delà encore de cette forte mobilisation (1/2 million de personnes), c'est l'organisation d'un vote fictif au suffrage universel par les manifestants, qui a inquiété le pouvoir chinois confronté à la volonté d'un petit territoire comme Hong Kong, de faire entendre sa voix au niveau international. Ce scrutin virtuel majoritairement sur application smartphone à destination des hongkongais et organisé par OCLP (Occupy Central with Love and Peace), se déroulait du 20 au 29 Juin.

    Le vote portait sur trois révisions législatives liées au droit de vote à Hong Le jour le plus long... pour la censure chinoiseKong, l'objectif étant bien sûr de promouvoir le vote au suffrage universel. Résultat : 738.000 votes électroniques enregistrés en moins de 10 jours.

    L'intérêt de l'OCLP et d'autres groupes organisateurs de ce vote et de ces manifestations, était avant tout de réveiller les consciences face à la montée en force de l'intrusion du régime de Pékin dans la vie politique, économique et sociale de Hong Kong.

    Des manifestations qui se font l'écho d'un climat tendu dans l'ancienne colonie britannique

    L'intensité de ce mouvement populaire est à l'image des craintes de la population hongkongaise suite aux nombreuses ingérences de Pékin dans les affaires publiques de Hong Kong. Les hongkongais craignent en effet une perte de liberté rapide et une annexion accélérée du territoire par Pékin dans les années à venir.

    Force est de constater que l'actualité donne raison à ces craintes puisque de Le jour le plus long... pour la censure chinoiseplus en plus de journalistes libéraux se voient inquiétés par les autorités ou bloqués dans leur carrière du fait de positions prises ouvertement contre le Parti. Pire, dernièrement, les agressions physiques graves de journalistes indépendants se multiplient dans les rues de Hong Kong.

    Ces craintes se sont également renforcées le 10 Juin dernier lorsque Pékin a publié son Livre Blanc de Hong Kong où le Parti fait part de ses intentions sur l'avenir de Hong Kong, balayant d'un revers le principe fondamental suite à la rétrocession de la Chine à Hong Kong : "Un pays, deux systèmes".

    A l'heure où la population espère toujours la mise en place du suffrage universel à Hong Kong pour l'élection du chef de l'exécutif (Il est actuellement élu par 1193 grands électeurs composés en grande partie de proches de Pékin), cette initiative de Pékin est donc plutôt malvenue.

     

    Un impact non-négligeable sur la population chinoise

    Hong Kong n'est pas isolée et les réseaux sociaux permettent aux informations de circuler à une vitesse éclair : un véritable cauchemar pour la censure chinoise.

    En effet, une telle mobilisation a un écho en dehors de Hong Kong et en Chine Continentale notamment. Ainsi, beaucoup de jeunes chinois se sont intéressés à ces manifestations et l'ont fait savoir sur les réseaux sociaux.

    L'armée de censeurs mandatés par le Parti pour faire régner l'ordre sur la toile de l'empire du Milieu, a donc dû mettre en place un blocage de masse de toute information liée à ces manifestations hautement déstabilisantes pour le pouvoir chinois.

    Le jour le plus long... pour la censure chinoiseUn institut de Hong Kong, Weiboscope qui effectue des statistiques sur les posts enregistrés sur le site de Microblog Weibo, a ainsi indiqué que le pourcentage de posts censurés sur la plateforme cette semaine, avait même surpassée celui de l'anniversaire des 25 ans de la répression de la place Tiananmen : un record donc!

    Des mots de soutien, des poèmes...de jeunes chinois ont ainsi été supprimés des plateformes et des mots clés tels que "Marche du 01/07" censurés.

    Cette industrialisation du contrôle de l'internet montre ainsi à quel point Pékin est soucieux de l'impact des voix dissidentes de Hong Kong sur la population chinoise dans son ensemble. Hong Kong n'est certainement pas un problème insolvable pour le pouvoir chinois, mais l'adhésion des chinois à ces valeurs de démocratie est une problématique bien plus ennuyeuse. 

     

    Comment Pékin peut-il apaiser les esprits à Hong Kong sans laisser croire à une ouverture? Accorder plus d'autonomie à Hong Kong ne passerait-il pas pour une faiblesse qui affaiblirait la mainmise du pouvoir sur la population chinoise?

    Il faut malgré tout garder à l'esprit la forte différence de mentalité entre les chinois du continent et les hongkongais. Ainsi, si l'exemple hongkongais peut en inspirer ou conforter certains en Chine Continentale, un mouvement de fonds de la population chinoise est totalement impossible, car en Chine, les voix dissidentes s'élèvent et redescendent comme un soufflet dans l'indifférence générale.

     

    Le soulèvement de la population à Hong Kong pose plus un problème de stabilité pour Pékin qui ne supporte pas de voir un territoire qui lui appartient contester son autorité. On peut donc supposer dans ce contexte que Hong Kong se dirige certainement vers une "ingestion" accélérée par Pékin et que ces manifestations de démocratie ne sont que les symptômes d'une déchéance rapide de leur autonomie.

     

    Voir aussi le mini-reportage du NY Times sur place cette semaine : 

    Le jour le plus long... pour la censure chinoise


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  • La conduite en Chine, c'est pas encore ça...

    Photo du jour

    Weihai (Chine)


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  • No comment, c'est juste planant :-)

    Pékin vu du ciel par quadricoptère


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  • Le manga, s'il est associé au Japon, existe bien dans d'autres pays d'Asie. En Chine, le Manhua (漫画), comme on le dit en chinois, est également répandu même si peu d'auteurs arrivent à accéder à la reconnaissance. 

    Parmi ces auteurs, Li Kunwu est de loin le plus connu en Chine, avec son style très personnel, qui le classerait plutôt dans la catégorie des dessinateurs de romans/autobiographies graphiques.

    Ces dernières années, j'ai pu lire certains de ses ouvrages, publiés en France par les éditions Kana

    Empreintes

    Empreintes : Li KunwuLe dernier à être paru en France, Empreintes, est également l'un de ses plus profonds. Li Kunwu s'y intéresse aux différents aspects marquants de la culture chinoise suite aux questions des amis étrangers de son fils, lui-même parti étudier en Angleterre.

    L'auteur, journaliste de profession dans le Yunnan (Sud-Ouest de la Chine), se retrouve donc à aller à la pêche à l'information pour son fils et ses amis anglais curieux de cette culture ancestrale chinoise qu'on ne connaît que trop sommairement en occident.

    Li Kunwu dessine ainsi son enquête auprès de différents experts des traditions chinoises comme un maître d'arts martiaux, des professeurs ou des membres de différentes ethnies afin de comprendre leurs coutumes.

    Cette recherche scrupuleuse d'information le pousse, ainsi que son fils, à s'interroger plus largement sur la singularité de la pensée chinoise. Li Kunwu dirige ainsi son récit vers une réflexion plus profonde sur l'équilibre de cette nation pourtant si bousculée. L'auteur prend ainsi le temps de nous dessiner dans le détail, le discours d'une maître de conférence de Kunming, Ma Qing, sur cette singularité de la pensée chinoise. Cette dernière reprend trois principes, trois voies, qui isoleraient la pensée chinoise des autres cultures :

    - La voie de l'Homme vertueux : l'intérêt collectif avant la réussite personnelle en toute circonstance

    - La voie du juste milieu de la pensée : garder une retenue dans son comportement 

    - La voie de la conduite civilisée : le respect de la piété filiale en fait partie

    Empreintes : Li KunwuLes chinois seraient ainsi inconsciemment guidés par ces principes qui les caractérisent, et dont le non-respect dans l'Histoire ou la société, ont toujours mené à des déséquilibres dommageables pour le pays. 

    Je trouve cette vision intéressante et j'aime, plus généralement, la manière avec laquelle Li Kunwu nous pousse à la réflexion sur cette Chine contemporaine, à travers son propre parcours initiatique d'une société dont il a du mal à suivre les changements permanents.

    Li Kunwu : Un regard unique sur l'Histoire moderne de la Chine 

    Li Kunwu, né en 1955 dans le Yunnan, est un témoin de tous lesEmpreintes : Li Kunwu bouleversements de la Chine depuis l'époque Maoïste jusqu'à l'ouverture économique et la société moderne d'aujourd'hui. Il dessine avant tout des mangas autobiographiques sous forme d'enquêtes, qui sont autant de réflexions sur les différents troubles qu'a pu connaître la Chine depuis l'arrivée au pouvoir de Mao.

    Li, qui a débuté en faisant des affiches de propagande communistes, peut ainsi enfin exprimer son talent et sa curiosité suite à l'ouverture économique de la Chine dans les années 1980.

    En France, il est plus connu pour son oeuvre emblématique en trois volumes, Une vie chinoise, où il décrit les bouleversements de la Chine à travers trois époques bien différentes qu'il voit tour à tour du point de vue du "Petit Li", lorsqu'il était écolier, jusqu'au "Li adulte" et le passage de la Chine de l'ère du culte du Parti à celui de l'argent. 

    Empreintes : Li Kunwu

    D'autres romans graphiques de l'auteur reviennent sur des coutumes chinoises anciennes que la Révolution a balayée. C'est le cas de son manga Les pieds bandés, où, à travers le récit de la vie de sa nounou, Li s'intéresse à ces femmes chinoises longtemps forcées à se faire bander les pieds pour trouver un mari riche, et finalement persécutées sous l'époque Maoïste pour leur "pensée réactionnaire".

    Dans une autre de ses oeuvres, Li Kunwu, nous raconte l'histoire du chemin de fer chinois dans le Yunnan mis en place par les Français au tournant du XXème Siècle pour relier la province chinoise au reste de ses colonies d'Asie du Sud-Est.

     

    Li Kunwu est donc un auteur unique, témoin des bouleversements de la Chine de la seconde moitié du XXème Siècle. Son style autobiographique très accessible, puisque toujours le résultat d'une enquête honnête et sans préjugés, facilite également l'approche de la culture chinoise pour les occidentaux.

    La plupart des ouvrages que je cite sont disponibles dans les rayons BD des libraires et autres magasins spécialisés.  

     

    Empreintes : Li Kunwu

     


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  • Chinese Food Week (Du 02 au 08 Juin)Cette semaine, la cuisine chinoise, dans toute sa diversité, est à l’honneur à Paris, et vous vous demandez sûrement : comment ai-je pu passer à côté de cet événement!! Mais puisque mieux vaut tard que jamais, je vous fais part de cette information aujourd'hui.

    En effet, cette Chinese Food Week, prend place dans des restaurants bien connus de la capitale , chacun représentant une spécialité régionale, d'où le mot d'ordre : "7 jours, 7 restaurants, 7 façons de découvrir la Chine!". Cependant, ne vous inquiétez pas, car si cet événement est une occasion de découvrir les spécialités régionales de l'empire du milieu, rien ne vous empêche de tester ces adresses ultérieurement puisque ces restaurants sont ouverts toute l'année.

    Au menu, vous pourrez donc découvrir la cuisine raffinée Sud, les plats épicés du Sichuan ou encore les saveurs musulmanes des restaurants ouighoures, le tout en effectuant une balade touristique aux quatre coins de Paris.

    Alors enfilez vos chaussures et prenez vos pass Navigo pour voyager en Chine au gré des arrondissements de la capitale.

    Le lien vers le site officiel ci-dessous :

     

    Chinese Food Week (Du 02 au 08 Juin)

    NB : Si la cuisine chinoise vous intéresse, je vous invite à lire mon article La Chine sur le bout de la langue


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