• Sale gosse - 熊孩子 :-)Les enfants adorent dessiner et trouvent souvent des supports originaux pour exprimer leur talent. C'est ce qu'a découvert un père chinois à ses dépens.

    Suite à un voyage d'affaires en Corée du Sud, un père s'est retrouvé coincé à l'aéroport car son fils de 4 ans s'était amusé à dessiner sur son passeport quand celui-ci était occupé. La page d'identification du passeport étant rendue illisible, les autorités coréennes ont considéré qu'il n'était pas possible d'authentifier l'homme sur la photo.

    Jugez vous même du travail d'artiste que son père a fièrement posté sur le réseau Weibo : 

    Sale gosse - 熊孩子 :-)


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  • La Chine sur le bout de la langueLa télévision d'état chinoise CCTV, renommée pour sa programmation des plus soporifiques habituellement, nous offre depuis quelques mois une nouvelle série de reportages très intéressants pour découvrir la Chine sous son aspect le plus important : la nourriture.

    Approcher la Chine par la gastronomie, c'est apprendre à vraiment connaître ce pays, car pour les chinois, rien n'est plus important que de manger. Cette série de reportages, intitulée "La Chine sur le bout de la langue" ("A bite of China" / "舌尖上的中國"), est ainsi fascinante, car elle permet de découvrir les différentes régions de Chine au niveau culinaire mais aussi culturel. Les sujets traités sont variés et permettent de mieux comprendre la mentalité chinoise par la cuisine. 

    La Chine compte en effet de très nombreuses cuisines régionales dont une classification a été entreprise récemment. Il en ressort ainsi 8 grands groupes de cuisines (Je me contente ici de citer cette liste exhaustive, car si je suis gourmand, je suis très loin d'être un fin connaisseur, et encore moins un cordon bleu...) : 

    La Chine sur le bout de la langueLes habitants du Nord-Est ont la réputation d'aimer les arômes forts comme celui de l'ail, du vinaigre et de la sauce soja. La cuisine est riche et généreuse. Il y a une présence dominante du blé (galettes, petits pains, raviolis, etc.). La viande de mouton est associée à l'ail et à un vinaigre balsamique.

    Dans le Sud-Est et au Centre, les légumes (pousses de bambou, germes de soja, racines de lotus, etc.), les poissons et les crustacés d'eau douce sont particulièrement appréciés. Les plats au goût parfumé, frais et léger, sont agrémentés de gingembre, de vinaigre et de vin de riz.

    La cuisine régionale du Sud, très répandue mondialement, est complexe et riche, sans goût dominant; seule la fraîcheur prime. Tous les parfums y sont mariés. La cuisson à la vapeur est à l'honneur. Presque tous les animaux ont leur place dans l'assiette: serpent, singe, souris, etc., bien que les plats végétariens soient également très présents.

    Les habitants du Sud-OuestCentre aiment leur nourriture épicée et pimentée (piment rouge et poivre de Sichuan). La consommation de ces aromates épicés permet de supporter le froid et l'humidité de cette région. La viande consommée est principalement le bœuf. Les harmonies gustatives sont souvent baptisées de noms évocateurs : goût étrange, goût familial, goût pimenté-parfumé.

    Les habitants du Nord-Ouest sous influence musulmane, évitent le porc et ont une grande consommation d'agneau, accompagné de cumin et de piments. De nombreuses galettes de blé, nouilles de blés y sont consommées. Son influence est très importante à Pékin qui n'est pas loin du désert de Gobi.

    L'Ouest est principalement constitué du Plateau du Tibet et de l'Himalaya la steppe et le climat y sont rudes, il y a très peu de végétation, la viande de Yak et son beurre y sont les principaux aliments, même si on y mange également du riz et des légumes apportés de régions plus vertes.

     

    Vous trouverez ci-dessous le lien vers la rubrique CCTV (Français) qui reprend les épisodes déjà parus (Bon appétit ;-) :

    La Chine sur le bout de la langue


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  • "Tirer sur les jeunes pour hâter leur croissance" : Agir en dépit du bon sens, pêcher par excès de précipitation.


    Ya Miao Zhu Zhang (揠苗助长)Ce proverbe nous vient de Mencius (372-289 Av. JC), le principal disciple de Confucius. Un paysan impatient avait pour habitude de se rendre tous les jours dans son champ afin de s'assurer que ses graines avaient germé. Ainsi, quand les premiers pousses apparurent, plutôt que de se réjouir, le paysan s'inquiéta de la lenteur de leur croissance. Aveuglé par son empressement, il prit la décision de tirer sur les pousses afin de les faire grandir plus vite, ce qui eut évidemment pour résultat de détruire les pieds de son champ.

    Ce ChengYu est plein de bon sens, et nous montre par une parabole assez simpliste, qu'il faut laisser le temps agir et faire mûrir les choses, les idées. La précipitation est toujours la pire décision car, dans ces moments, nous manquons de logique.


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  • La croissance chinoise est-elle unique dans l'Histoire?La Chine s'est développée à une vitesse éclair ces dernières décennies. Beaucoup n'hésitent donc pas à la qualifier d'économie la plus prospère de tous les temps, mais qu'en est-il vraiment? Surestimons-nous une croissance qui nous dépasse dans un contexte de ralentissement de la croissance dans nos "vieux" pays développés? 

    A la veille de l'accession de la Chine au rang de première puissance économique mondiale, penchons-nous sur cette question : ce développement effréné du pays est-il unique? Les superlatifs du développement chinois dans tous les domaines sont-ils justifiés ou l'Histoire nous offre t-elle des exemples similaires, voire plus impressionnants?

    C'est la question que pose le site Tea Leaf Nation dans un article récent : "Is China the fastest rising power in History?". L'article met en parallèle l'émergence des puissances modernes et celle de la Chine ces dernières décennies afin de comparer objectivement les données chiffrées de leurs croissances dans différents domaines et sous différents points de vues.

       

    La croissance chinoise : une expansion à nuancer?

    De grandes puissances ont émergé et décliné pendant des millénaires, c'est une donnée fondatrice de notre monde, et la Chine est bien placée pour la comprendre. Le pays a en effet connu des périodes fastes où il pouvait porter fièrement le nom "d'Empire du Milieu". Cependant, ces périodes d'excès ont toujours été contrastées avec des phases de déclin tout aussi remarquables faisant de la Chine un empire à reconstruire régulièrement dans l'Histoire. C'est d'ailleurs la fin d'une de ces périodes d'ombre en 1975, qui a permis le développement exceptionnel que connait la Chine actuellement. 

     

    L'émergence des puissances modernes 

    L'article susmentionné, s'intéresse surtout à l'Histoire économique moderne du milieu du XIXème Siècle à aujourd'hui. Tea Leaf Nation établit donc des comparatifs entre la Chine et quatre autres puissances du XXème Siècle :

    • Les Etats-Unis des années 1870
    • l'Allemagne des années 1870
    • L'URSS d'après 1945
    • Le Japon des années 1960

    L'étude commence par nous présenter les parts du PIB, des échanges commerciaux et des dépenses militaires dans l'économie mondiale, des différents pays ci-dessus 30 ans après le début de leur expansion économique, versus la Chine d'aujourd'hui (30 ans après les réformes économiques.

    La Chine squatte donc le top du classement en termes de PIB ou encore de part dans les échanges commerciaux mondiaux, cependant, on ne peut pas dire qu'elle devance réellement le peloton. Il est intéressant de remarquer que ses dépenses militaires si souvent décriées, sont également bien moins menaçantes que celles de l'URSS dans les années 1970. L'article nous montre ainsi que l'empreinte de la Chine sur le PIB mondial, 30 ans après le début de son développement, est comparable à celle des Etats-Unis en 1900, au même stade de leur ascension. En terme militaire, on peut comparer les dépenses militaires chinoises de 2012 aux dépenses militaires de l'Allemagne en 1900 (Environ 10% des dépenses militaires mondiales).

    La croissance chinoise est-elle unique dans l'Histoire?

    Le graphique ci-dessus en revanche, montre clairement que l'URSS a basée son développement sur les dépenses militaires : Cela est clairement lié à la Guerre Froide. L'URSS devait ainsi combler son retard militaire sur le géant américain. De plus, l'expansion de la doctrine communiste en Europe et dans le Monde, obligeait Moscou à se focaliser sur les dépenses militaires afin de "tenir" les pays du bloc soviétique.

    La Chine s'impose, en revanche, dans la vitesse de son expansion, qui elle est réellement unique. Le graphique ci-dessous s'intéresse à la croissance de la part du PIB de ces différents pays par rapport au PIB mondial :

    La croissance chinoise est-elle unique dans l'Histoire?

    Ce graphique repart du même référentiel qui est le début du développement de chacun des pays (Pour la Chine, "l'année 0" équivaut à 1982, lorsque Deng Xiaoping, après quelques années d'ouverture, lança des réformes économiques d'envergure). La Chine passe ainsi de 2,2% du PIB mondial en 1982, à 14,6% en 2012 : ce qui est unique dans l'Histoire.

    L'ascension de la Chine comme puissance commerciale est encore plus impressionnante :

    La croissance chinoise est-elle unique dans l'Histoire?

    La Chine s'est donc imposée à plus de 13% de la part du commerce mondial en 2012, en partant d'une part quasi-insignifiante dans les années 1980 (0,6%). Aucune autre nation n'a connu une telle expansion dans l'Histoire.

    La croissance chinoise est-elle unique dans l'Histoire?

    Dans cette étude, la vision militaire du développement chinois ressort donc comme la donnée la moins impressionnante du développement du pays. Mais l'analyse plus mitigée de la croissance des dépenses militaires chinoises a une explication. Elle prend ses racines dans la politique même du pays, lorsque Deng Xiaoping disait ainsi dans les années 1980 que la Chine "devrait cacher son potentiel et attendre son moment". Cela se traduit donc par une politique moins agressive en terme de dépenses militaires durant son développement, le Leitmotiv du Parti Communiste chinois étant de s'enrichir avant de se construire militairement. Ces dernières années, cependant, la Chine, maintenant bien assise dans sa position internationale, a commencée à rattraper ce retard en parallèle de revendications territoriales de plus en plus fortes en Asie. 

    Les années 2000 ont ainsi vu décoller ces dépenses militaires chinoises, malgré des chiffres assez flous : Le Pentagone estime en effet qu'une part non-négligeable des dépenses d'armement chinoises restent inconnues car les chiffres officiels sont opaques.

    Conclusions de ce comparatif Historique

    La Chine s'est développée plus vite mais pas plus (pour l'instant) que les autres puissances mentionnées, durant les 30 premières années de leur expansion. Cependant, cela ne permet pas de prédire comment la Chine va évoluer car les problématiques actuelles du pays ne sont pas les mêmes que celles du groupe de comparaison à leurs époques respectives.

    Le vieillissement de la population, la pollution, la corruption, l'endettement des collectivités locales et les risques de stabilité politique en Chine sont autant de facteurs qui peuvent influencer le cours de l'Histoire.

    Les analystes estiment cependant, que si aucun de ces éléments aléatoires n'affecte pas profondément le pays, la part de la Chine dans le PIB mondial devrait atteindre 28% en 2030, et donc faire du pays, la première puissance mondiale. La Chine réussirait ainsi à s'imposer de manière durable sur l'économie de la planète sans avoir bénéficié d'une situation favorable comme les Etats-Unis, à qui les deux Guerres-Mondiales, permirent d'accéder au statut de super-puissance du fait de l'affaiblissement de ses concurrents.

    La croissance chinoise est-elle unique dans l'Histoire?

    Voir aussi l'article sur le site de Tea Leaf NationIs China the fastest rising power in History?


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  • Souvenirs de Chine (#15)

    Macao (澳门)

    Macao SAR / Juin 2010


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  • LLe renouveau des triades de Hong Konges Triades de Hong Kong sont omniprésentes dans l'esprit des occidentaux. Ces organisations sont pour nous, l'incarnation de la mafia en Asie, et le cinéma de Hong Kong lui-même bien souvent financé par ces Triades, n'a fait que renforcer ce mythe.

    J'ai cependant voulu en savoir plus sur la réalité de ces Triades : leur réel pouvoir, leur influence et l'évolution de ces structures durant ces dernières décennies de grands changements : ouverture économique de la Chine, rétrocession de Hong Kong, évolution de Hong Kong comme hub financier en Asie, mais aussi les vagues successives de luttes anti-mafias...

    Je me suis pour cela fortement appuyé sur une étude menée par Roderic Broadhurst et Lee King Wa : "The transformation of Triad 'Dark societes' in Hong Kong: The impact of Law Enforcement, Socio-Economic and Political Change" (2009).

    Définition des Triades de Hong Kong

    Les Triades sont un concept assez flou pour commencer. Qui sont-ils? Quelles sont leurs activités? En quoi se différencient-ils des groupes mafieux italiens ou américains?

    Dans notre imaginaire, les Triades ne forment qu'un même grand groupe hiérarchisé bien défini. Cependant, dès le début de leur analyse, Broadhurst et Lee, cassent cette idée reçue. En effet, les Triades sont en réalité des petits groupes plus ou moins proches composés à l'origine d'immigrés chinois poussés vers Hong Kong par les soubresauts de l'Histoire chinoise (Guerres civiles, famine, communisme, Révolution Culturelle...). La formation de ces groupes, loin d'obéir à une hiérarchisation globale, est donc davantage liée à l'origine de ces immigrés qui se réunissaient selon leurs dialectes dans un soucis de protéger leur communauté des "autres".

    Le renouveau des triades de Hong KongLes Triades peuvent être définies comme des sociétés secrètes (Sociétés de l'ombre = HeiShiHui (黑社会) en chinois). Ce sont des groupes aux activités souterraines qui agissent en dehors du cadre normal défini par la société civile. Le terme de Triades désigne plus particulièrement les groupes mafieux de Hong Kong, comme les définit la police de Hong Kong. Ce sont des sociétés secrètes qui agissent à différents niveau de la vie locale.

    C'est en cela que les Triades doivent être distinguées des réseaux de crime organisé qui s'apparentent plus à des entreprises capitalistes globales aux activités criminelles plus étendues. Ces organisations sont plus comparables à nos grandes sociétés dans leur organisation et leur "Business Model" (Plans de développement, nouveaux marchés...). Ainsi, on peut voir les Triades comme des relais locaux éventuels aux grands réseaux de crime organisé, mais le lien n'est pas si simple à établir.

    Certains éléments peuvent laisser penser à un réseau mondial des Triades ultra-organisé. Par exemple, les activités mafieuses de membres de la communauté chinoise aux Etats-Unis et au Canada, en déclin d'ailleurs, ont-elles un lien avec les Triades de Hong Kong? Rien n'est moins sûr. Ces groupes ressemblent davantage aux premières mafias de Hong Kong et tendent plus à montrer un regroupement des individus par leur origine et leur dialecte, plutôt qu'à appuyer la thèse d'un rayonnement des Triades de Hong Kong à travers le monde.

    De plus, ces dernières décennies, les Triades de Hong Kong n'ont eu aucunementLe renouveau des triades de Hong Kong besoin d'aller développer des activités si loin. En effet, l'ouverture économique de la Chine et la rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, ont largement recentrés leurs activités sur la Chine Continentale. En premier lieu, la province du Guangdong (limitrophe de Hong Kong) et plus largement les provinces côtières de Chine, sont devenues les nouveaux terrains de chasse des groupes mafieux. Hong Kong bénéficie ainsi de sa place centrale de hub asiatique pour permettre aux Triades de connaître une croissance externe, et même de pouvoir servir de tête de pont à des plus grands réseaux criminels internationaux souhaitant profiter de l'essor de la Chine.   

    On peut donc remarquer que si les violences et crimes liés aux Triades, ont fortement diminuées ces dernières décennies à Hong Kong, c'est peut-être juste que la problématique s'est déplacée vers le Nord en Chine, notamment dans le Guangdong, et les chiffres le prouvent...

    Histoire des Triades à Hong Kong

    L'origine des sociétés secrètes est toujours très romancée. Les Triades de Hong Kong dériveraient ainsi de la "Société du Ciel et de la Terre" (天地会), une société secrète créée au XVIIème Siècle pour lutter contre la prise de pouvoir des Qing (Ethnie Madchoue) sur la dynastie jusqu'alors Han (Ethnie majoritaire en Chine) des Ming en 1644. Les premières Triades organisaient donc une révolte politique contre une prise de pouvoir illégitime par cette ethnie du Nord de la Chine.

    Cependant, dès le XIXème Siècle, les sociétés secrètes s'organisent en groupes mafieux grâce aux opportunités commerciales apportées par les invasions occidentales. Hong Kong devient vite la plateforme du commerce de l'opium en Chine et les Triades s'insèrent dans cette lucrative activité. A cette époque, elles ont également un rôle social reconnu puisqu'elles organisent la vie des immigrants chinois dans les quartiers de la ville pour pallier au déni complet des autorités britanniques focalisées sur le commerce.

    Le renouveau des triades de Hong Kong

    C'est à la fin du XIXème Siècle qu'apparaît cette sous-culture de la violence longtemps caractéristique des Triades, afin d'évincer la concurrence des docks de Hong Kong où sont centrées les activités de commerce de la ville.

    A partir du XXème Siècle, leurs activités illicites sont marginalisées et ils se concentrent sur les activités rémunératrices de la rue laissées vacantes par le colon anglais : extorsion, prostitution, trafic de drogue, prêts usuriers...

    Durant le XXème Siècle, certains groupes useront même de discours patriotiques pour justifier leurs activités illicites. Celles-ci sont même encouragées à des moments de l'Histoire où la Chine doit faire front. C'est le cas pendant l'ère communiste en Chine Continentale, où certaines Triades seront invitées à développer des activités afin de contrer l'émergence de groupes mafieux de Taïwan anti-communistes.

    Depuis quelques décennies, c'est à un changement d'activité mais aussi de culture auquel nous assistons. Les Triades imitent maintenant les modes d'organisation des entreprises en diminuant les codes et la hiérarchie, mais surtout en sachant se rendre moins visibles dans la société et investir ainsi des champs plus légaux pour diluer leur présence dans des activités plus propres. Les crimes ont donc beaucoup baissé depuis les années 1980 en parallèle du renforcement des actions contre les Triades.

    Enfin, depuis les années 1980, on peut observer un réel déclin du nombre de membres des Triades à Hong Kong. Il y a 30 ans, la police de Hong Kong estimait ainsi les membres des Triades à 300.000 contre 100.000 aujourd'hui (Chiffres approximatifs difficiles à évaluer).

    Les efforts des autorités pour mettre à mal les Triades

    Le renouveau des triades de Hong KongPendant une longue période, jusqu'en 1945, le Royaume-Uni fit assez peu d'efforts pour combattre les Triades, les considérant comme un problème local n'entravant en rien le commerce de la colonie. 

    Dans la période post seconde Guerre Mondiale, Londres doit donc faire face au mécontentement populaire et doit agir pour éviter de perdre le contrôle de Hong Kong. Les autorités coloniales commencent donc par se préoccuper de la face visible et intolérable du problème des Triades : la connivence entre les Triades et la police. Les commissions anti-corruption se multiplient à Hong Kong : l'objectif est de casser cette alliance historique des Triades et de la police, car pour combattre les Triades ils faut s'attaquer d'abord aux "boucliers" dans les services publics.

    Cette lutte s'accélère dans les années 1980. L'accord de 1984 entre la Chine et le Royaume-Uni stipule en effet une rétrocession de Hong Kong à la Chine en 1997, ce qui suppose une promotion des "chinois" à tous les niveaux, y compris dans la police. Ainsi, pour éviter une corruption généralisée de la ville après cette rétrocession, les anglais doivent intensifier leurs efforts afin de minimiser l'influence des Triades.

    La création de l'ICAC (Independent Commission Against Corruption) en 1974 marque un pas décisif dans la lutte anti-corruption, et donc anti-Triades à Hong Kong. Cette commission accorde des pouvoirs bien plus étendus à la police. Cette campagne anti-triades intensive de 1974 à 1977, mènera à plus de 14.000 arrestations de membres des Triades. Les arrestations sont depuis ce pic, en diminution continuelle.

    En 1994, le Royaume-Uni, soucieux de frapper une fois de plus dans les réseaux mafieux, crée l'OSCO (Organised and Serious Crimes Ordinance) afin d'engager une lutte encore plus sévère contre les groupes mafieux. Il s'agit cette fois, de s'attaquer aux Triades "de la tête aux pieds". Il ne s'agit plus que d'arrestations, mais également de s'emparer des revenus des Triades par des saisies systématiques de leurs biens et des blocages de fonds pour déstabiliser ces organisations à la base. Ces nouvelles lois garantissent également une meilleure protection des témoins.

    Une action de fonds est également menée depuis les années 1980 par la police en parallèle dans les quartiers populaires afin de diminuer l'enrôlement des jeunes dans les Triades. Les Triades s'appuient en effet beaucoup sur les gangs

    Le renouveau des triades de Hong Kong

    de jeunes qui sont leurs relais dans les rues de Hong Kong. Cette action fonctionne bien puisque le nombre de membres de Triades est en constante diminution à Hong Kong et leur âge tend à augmenter, pouvant aussi laisser penser à une baisse d'intérêt des jeunes pour cette vie marginale. 

    Cependant, si les Triades sont moins visibles dans la société, elles n'ont pas disparues pour autant. Les différentes campagnes organisées contre les sociétés criminelles sont en effet inefficaces à moyen-terme puisqu'elles sont ponctuelles et que la réalité des Triades très fragmentée, rend difficile la mise au pas de leurs activités.

    La diversification des activités des Triades

    Les activités violentes des Triades tendent à diminuer à Hong Kong. Les homicides en sont un bon exemple. En effet, les homicides liés aux Triades (Parmi les plus connues : Sun Yee On, Wo Shing Wo, 14K...) ont fortement diminuées depuis les années 1990. Les crimes attribués aux Triades ci-dessus sont ainsi stables depuis 20 ans à 3 ou 4% des affaires enregistrées par la police de Hong Kong.

    Le renouveau des triades de Hong KongLes dirigeants des Triades ont en effet compris l'impact médiatique des crimes liés aux Triades et préfèrent désormais faire profil bas.

    L'essor de Hong Kong comme plateforme financière d'Asie depuis les années 90, a poussé les têtes de dragons des Triades à se tourner plus vers l'investissement et les activités licites plutôt qu'à rester en marge de la société. Cette criminalité locale au niveau des rues, reste cependant indispensable, pour se constituer un capital à investir.

    Hong Kong est devenu un hub financier offrant aux Triades, un moyen de recycler leurs liquidités dans des investissements lucratifs bien moins risqués que leurs activités passées. Les sociétés secrètes patriotes, basées sur un code d'honneur strict, ont ainsi laissées place à des entreprises mieux organisées, dirigées par des hommes d'affaires instruits : La fiscalité très avantageuse de Hong Kong n'est pas non plus étrangère à ces évolutions de stratégies.

    Un inévitable déplacement des activités illégales vers le Nord 

    Les années 1980 puis la rétrocession de 1997, ont poussées les Triades de Hong Kong vers la Chine Continentale, et notamment dans le Guangdong. Les investissements les plus massifs ont évidemment été la ville frontalière de Shenzhen au nord de Hong Kong. 

    Le renouveau des triades de Hong KongShenzhen est en effet une ville assez spéciale. Berceau des réformes de la fin des années 1970, Shenzhen a vu sa population exploser d'un simple port de pêcheur en 1975 à une métropole internationale de 15 Millions d'habitants aujourd'hui. Shenzhen s'est donc imposée comme le centre de ce renouveau économique du Sud de la Chine, attirant chaque année des centaines de milliers de migrants à la recherche d'une vie meilleure. La ville, devenue une des plus riches de Chine, est ainsi désormais, un centre d'intérêt majeur des investissements des Triades, car elle concentre à la fois de la main d'oeuvre pour les groupes mafieux (Les Minggongs (Travailleurs migrants)) mais aussi un vivier de clients énorme et de plus en plus fortuné.

    Ce développement a d'ailleurs coïncidé logiquement avec une explosion de la criminalité à Shenzhen. Pour illustrer ceci, les chiffres de la police de Shenzhen en 2003, faisaient état de 100.000 crimes enregistrés, avec une augmentation des homicides de 30% et des kidnappings de plus de 75%. Dans ce contexte, les Triades de Hong Kong apportent aux nouveaux groupes mafieux, leur expérience et bien sûr un flux de capitaux nécessaires aux investissements plus moins légaux sur place (Trafic de drogues, prostitution, jeux, extorsion...).

    Le travail de la police de Hong Kong est donc rendu compliqué par cette chasse "cross-borders" et oblige à une coopération avec les polices de Chine Continentale pour atténuer ce phénomène de "transplantation de crimes".

     

     

    Les Triades sont donc de moins en moins visibles et paraissent se fondre dans la société de Hong Kong. Cependant, si leur attrait tend à diminuer dans l'ancienne colonie britannique, leur influence en Chine Continentale, et notamment dans la province du Guangdong, tend à s'accélérer fortement. Les Triades après de nombreux investissements illégaux mais aussi industriels sur place, commencent également à recycler ces nouveaux flux d'argent sale, dans l'immobilier et multiplient les projets en Chine Continentale, diluant de plus en plus leur présence sur le territoire. Cette répartition géographique et d'activités, complique d'autant le travail des différentes polices contre ces organisations criminelles.

     

    Le renouveau des triades de Hong Kong

     

    Voir l'étude complète menée par Roderic Broadhurst et Lee King Wa : "The transformation of Triad 'Dark societes' in Hong Kong: The impact of Law Enforcement, Socio-Economic and Political Change(2009).


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  • Souvenirs de Chine (#14)

    Hangzhou (杭州)

    Zhejiang (浙江) / Juillet 2010


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  • Pékin évoque le projet d'une ligne à grande vitesse Chine-USALe China Daily, journal d'information du Parti, a publié ce Jeudi 08 Mai, un article évoquant un projet titanesque : relier la Chine et les Etats-Unis par train.

    Ce projet est sérieusement étudié par les autorités chinoises et s'inscrit dans dans les ambitions de Pékin d'élargissement de son réseau ferroviaire dans les décennies à venir.

    Cette ligne de chemin de fer à grande vitesse relierait ainsi les deux pays via le détroit de Béring, traversant la Sibérie, l'Alaska et le Canada. Les parties maritimes seraient également complétées par une série de tunnels de 200 km de long utilisant une nouvelle technologie déjà développée pour un autre gros projet à venir : la ligne Fujian - Taiwan. Ainsi, le trajet vers les Etats-Unis pourrait être fait en 2 jours à une vitesse moyenne de 350 km/h.

    Ce projet gigantesque à l'initiative de la Chine, devrait être entièrement financé et réalisé par Pékin.

    Projet à suivre de très près...

     

    Pour mieux comprendre les ambitions de la Chine sur les lignes à grande vitesse, voir aussi mon article "L'empire du rail" dans Economie.


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  • Le promeneur d'oiseauLe promeneur d'oiseau est un film très rafraîchissant, qui reprend une thématique déjà bien connue du cinéma : le choc des générations et les conflits au sein d'une famille. Ces sujets sont ici traités sur un ton plutôt humoristique et sans artifices, ce qui m'a personnellement beaucoup plu.

    Zhigen est un vieux paysan chinois qui vit seul à Pékin depuis longtemps. Il décide, un jour, de retourner à son village natal dans le Guangxi, à l'autre bout de la Chine, pour tenir la promesse faite à sa femme dans le passé. Il décide d'emmener avec lui sa petite fille Renxing, enfant trop gâtée par des parents accros au travail. La petite fille froide et capricieuse, saura au fur et à mesure du récit, s'ouvrir au monde dans la découverte d'une vie bien différente de la vie citadine.

    Le film nous donne donc à voir le spectacle de la nature luxuriante d'une Chine sans usines et sans pollution, où les habitants ont gardés une chaleur humaine parfois perdue dans les grandes villes de l'Est du pays. Ce film prend donc son intérêt dans la simplicité de sa narration et de ses personnages.

    Surtout, il est important de noter que Le promeneur d'oiseau est une co-production franco-chinoise. Le réalisateur, Philippe MUYL, est en effet français, mais tous les acteurs sont eux, chinois. Ce qui m'a donc frappé en premier lieu, ainsi que ma copine chinoise, est l'excellente retranscription de la Chine et des relations humaines dans ce pays par le réalisateur : j'en conclue que Philippe MUYL est un grand sinophile, ou alors, qu'il a laissé une grande liberté d'action à ses acteurs.

    Vous l'aurez compris, ce film est une bouffée de bonne humeur sans artifices.

    La bande annonce ci-dessous (Au cinéma depuis le 07 Mai 2014) :

    Le promeneur d'oiseau


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  • Liu Han : Le déclin du parrain du SichuanLiu Han, ce nom ne vous dit peut-être rien, mais ce milliardaire chinois a fait parler de lui ces dernières semaines en Chine.

    Cet homme d'affaires richissime, patron de Sichuan Hanlong Group, spécialisée dans les matières premières et l'énergie, notamment l'extraction minière, fait actuellement l'objet d'un procès retentissant dans le pays. Liu est en effet jugé pour meurtre, crime organisé, jeux illégaux ainsi que détention d'armes en grande quantité. Son procès, et celui de 35 autres personnes dont son frère, Liu Wei, fait la une des journaux depuis début Avril. L'histoire a en effet tout pour plaire : mafia, meurtres et corruption, tous les ingrédients d'un bon polar sont là.

    Liu Han : Parcours d'un parrain du Sichuan

    Liu Han : Le déclin du parrain du SichuanLiu Han est né en 1965, au commencement de la Révolution Culturelle, à Guanghan dans le Sichuan, au sud-ouest de la Chine. Ses parents sont professeurs, mais l'ouverture économique des années 1980, et l’appât du gain naissant en Chine, éloignent bien vite Liu d'un avenir intellectuel. Il commence ainsi à faire des affaires dans la construction et le commerce du bois. Dans les années 1990, avec son frère, Liu Wei, ils se lancent dans des affaires plus illicites et ouvrent une salle de jeux à Guanghan. Les affaires sont vite très florissantes pour les deux frères, il est temps de se diversifier vers des activités plus propres.

    Le groupe Sichuan Hanlong est ainsi créé en 1997 avec des activités principalement basées sur l'énergie, l'extraction minière et l'immobilier. L'entreprise se développe très vite et son dirigeant, Liu Han, se fait un nom du Sichuan jusqu'à Pékin, où il s'attire la sympathie d'alliés de choix qui le protégeront des enquêtes. L'homme est donc un businessman né, et un fin politicien.

    Liu Han est un personnage multi-facettes, généreux philanthrope le jour, qui n'hésite pas à financer des constructions d'écoles après le terrible tremblement de terre du Sichuan en 2008, et joueur invétéré la nuit, pouvant dépenser des millions de dollars à Macau en une seule soirée.

    Un journaliste du Wall Street Journal le décrira comme l'un des hommes les plus hauts en couleur qu'il ait interviewé, arrivant au déjeuner en manteau de vison et Ferrari bleue...

    La chute de la tête de dragon

    Le problème des hommes d'affaires puissants en Chine est de savoir faire profil bas, et le style de gangster de Liu Han est perçu peu à peu comme un affront par Pékin. Liu Han est ainsi inculpé une première fois en 2013 puis relâché par Pékin qui garde un oeil sur lui...

    Le parrain et son entourage agissent en effet en toute impunité et n'hésitent pas à commanditer des exécutions de rivaux lorsque la concurrence en affaires devient plus soutenue. Mais c'est le meurtre de trois personnes à une terrasse de café de Guanghan en 2009, qui met le feu aux poudres. La police

    Liu Han : Le déclin du parrain du Sichuansoupçonne immédiatement Liu Wei, frère de Liu Han, d'être à l'origine de cette fusillade. 

    Cette affaire, et les nombreuses découvertes qui suivront, déboucheront ainsi sur l'inculpation de Liu Han, son frère et 34 autres personnes puis le procès actuellement en cours.  

    L'ombre de la lutte anti-corruption dans le procès Liu Han

    Pour réussir dans les affaires, il faut des appuis, et Liu Han n'a pas oublié de soigner son image politique au niveau local comme national. Notre homme a profité de "parapluies protecteurs" (保护伞), c'est-à-dire d'alliés politiques, dans toutes les sphères de la vie publique.

    Le procès de la famille Liu pourrait donc virer vers la chasse aux sorcières de la lutte contre la corruption menée par le président Xi Jinping.

    Les yeux se tournent déjà vers Zhou Yongkang, ex-directeur de la sécurité intérieure, et surtout ancien membre du comité permanent du Parti Communiste. 

    Liu Han : Le déclin du parrain du SichuanZhou Yongkang, lorsqu'il était secrétaire du Parti du Sichuan, aurait ainsi eu des liens privilégiés avec Liu Han et pourrait en avoir retiré des profits non négligeables. Et c'est bien là que ce procès devient très sensible, car si Zhou Yongkang fait déjà l'objet d'une enquête pour corruption, l'associer à des activités mafieuses est d'une autre envergure. L'étau semble donc se resserrer autour de la famille Zhou puisque le journal libéral chinois Caixin a établi un lien direct entre Liu Han et Zhou Bin, fils de Zhou Yongkang, pour des participations dans des projets immobiliers mystérieux.

     

    L'issue du procès qui s'est ouvert début Avril sera sans surprise pour Liu Han et son "gang". Cependant, nous ne sommes pas au bout de nos surprises dans cette enquête, et la mise en examen de Zhou Yongkang pourrait faire l'effet d'une bombe comme l'a été la chute de Bo Xilai en 2012, lui aussi figure centrale de la province Sichuan...


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  • L'empire du milieu est aussi devenu depuis une décennie, le leader du réseau de trains à grande vitesse.

    Cependant, si la croissance des lignes à grande vitesse est impressionnante à travers tout le pays, certains se demandent si la Chine a réellement les moyens de cette expansion fulgurante. La revue Foreign Policy consacre ainsi un article entier et complet sur ce sujet (En Anglais).

    J'ai choisi de vous mettre le lien ci-dessous, car je ne pense pas pouvoir apporter d'éléments plus précis à la fine analyse qui nous est ici délivrée :

    Pour information : Afin de visualiser l'article, lorsque la page d'inscription apparaît, cliquer sur Twitter par exemple, puis fermer la fenêtre, vous pourrez ensuite continuer votre lecture :-)


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  • Souvenirs de Chine (#13)

    Xuancheng (宣城)

    Anhui (安徽) / Janvier 2014


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  • Le miracle chinois brille sur le monde depuis déjà trois décennies, remettant en cause nos modèles économiques et nos idéaux, qu'ont forgés la pensée économique occidentale depuis des siècles.

    Cependant, même si les zones d'ombres sont souvent dissimulées par tant de vernis, la réalité est claire, la Chine a beau avoir un potentiel de croissance encore immense, elle reste bâtie sur des fondations fragiles.

    "How China fooled the World" Reportage BBC World

    Le point faible du modèle actuel est ce que la plupart des occidentaux perçoivent le moins de l'empire chinois : la dette. Car si la Chine a fière allure, c'est en grande partie grâce à l'énorme volume de crédits accordés par les banques aux collectivités locales notamment. Or, à l'heure du retour à la raison, beaucoup se demandent encore ce que représente cette masse de liquidités et surtout, quel sera la capacité des emprunteurs à rembourser leurs dettes.

    Ce reportage assez bien tourné, revient plus particulièrement sur la période post-crise financière depuis 2008 et l'énorme New Deal que le Parti a planifié avec la Chine pour éviter à tout prix au pays de connaître les mêmes difficultés que les pays occidentaux.

    La vraie question est ainsi : La Chine n'est-elle qu'un pays comme les autres qui devra faire face à ses contradictions? Ou le modèle économique de la Chine est-il si différent de ce que nous avons vu auparavant, qu'il est capable d'éviter de tomber dans une crise financière que nous n'avons pu éviter?

    Il est d'ailleurs intéressant de noter que Pékin a annoncé ce Vendredi 04 Avril, vouloir limiter le recours au crédit à l'avenir... craignant de plus en plus l'explosion de cet endettement national qu'il ne maîtrise pas.

    Je vous laisse visionner ce reportage (ci-dessous) et vous faire votre avis sur un sujet crucial pour l'avenir économique de l'empire du Milieu (Le reportage est en Anglais sans sous-titres) :

     

    "How China fooled the World" Reportage BBC World


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  • Trop de centres d'affaires vides en Chine ContinentaleLa multiplication des CBD (Central Business Districts) et la hausse des prix de locations d'espaces de bureaux en Chine, commence à avoir ses revers. En effet, le pays a connu, ces dernières années, une hausse de son parc locatif immobilier pour les professionnels, ce qui a progressivement entraîné un déséquilibre.

    Si des villes comme Shanghai, Beijing ou Canton ne sont pas en crise, en revanche les villes moyennes chinoises ont un excès d'offre d'espaces de bureaux, de plus en plus prononcé. 

    C'est ce que rapporte Franck CHEN, directeur exécutif de CBRE en Chine, dans une interview au site d'information sur la Chine China Economic Review. La moyenne d'espaces de bureaux inoccupés dans les villes de second rang dans le pays atteindrait ainsi 21%, et connaît des pics dans certaines villes comme Chengdu (44%).

    Difficultés pour le Parti de contrôler les villes secondaires

    Trop de centres d'affaires vides en Chine ContinentaleLes promoteurs immobiliers locaux sont en effet directement responsables de cette hécatombe, car la plupart, outrepassent les consignes du gouvernement central, voire même local, en ne respectant pas les restrictions imposées sur la surface de bureaux à construire.

    Cette stratégie des promoteurs entraîne une multiplication des espaces vides dans les CBD, ce qui pourrait entraîner une baisse générale des prix et mettre en danger le marché immobilier entreprises en Chine à moyen-terme. Cependant, si certains gouvernements locaux prennent leurs précautions par rapport à cet emballement, la plupart des villes accueillent à bras ouverts les développeurs voyant ces projets immobiliers comme une dynamique pour l'économie locale : Chengdu, Shenyang en font partie.

    Pourquoi une gestion si anarchique du parc immobilier entreprises

    Les gouvernements locaux ont toujours eu comme objectifs de faire grandir leursTrop de centres d'affaires vides en Chine Continentale métropoles rapidement pour attirer les investissements et les grandes entreprises. Beaucoup souhaitent devenir des centres régionaux voire nationaux de premiers plans.

    De plus, pour les gouvernements locaux, le développement de bureaux est beaucoup plus intéressant que celui des logements en termes de revenus. En effet, les taxes et impôts générés par ces espaces de bureaux sont bien supérieurs aux impôts locaux dont s'acquittent les résidents d'une ville.

    Ce genre de comportement est certes précurseur à ce type de dérives, mais le déclencheur serait le relâchement de l'économie chinoise qu'a permis le gouvernement central suite à la crise financière de 2008. En effet, le Parti central craignant un ralentissement de l'économie chinoise, a injecté dans l'économie des sommes astronomiques et assoupli les taux d'intérêt. La politique centrale du Go West a également favorisé l'expansion des investissements des développeurs, encouragés au niveau central, vers les villes de l'Ouest et de l'intérieur.

    Quelle solution pour endiguer le problème

    D'après F. CHEN, 10% d'espace de bureaux vide dans une ville, semble être un taux raisonnable afin de laisser une marge de manoeuvre permanente au développement de nouveaux business : Les villes secondaires chinoises dépassent donc en moyenne de 2 fois ce taux "recommandé".

    A l'inverse, un taux en-dessous de 5% montre une pénurie d'espace, ce qui est le prélude à une hausse certaine et prononcée des prix. C'est le cas dans les villes principales du pays comme Pékin.

    Les villes doivent donc commencer à gérer l'espace urbain d'une façon plus rationnelle et moins opportuniste afin de construire des espaces de bureaux en gardant ce type de chiffres en tête et non en pensant systématiquement aux gains à très court-terme.

    Les villes doivent ainsi avoir un plan stratégique clair de quelle type de zone commerciale ils veulent développer : toutes les villes secondaires du centre de la Chine ne peuvent être un centre financier comme Shanghai. Chaque ville doit trouver sa spécialisation et non imiter ses grandes soeurs, même s'il est sûr que les activités financières sont toujours plus lucratives et ont une plus forte propension à faire augmenter la valeur foncière des terrains et donc les revenus globaux de la ville.

    Les réactions de Pékin face à ce problème de taille

    Pékin semble actuellement bien plus préoccupé par l'immobilier résidentiel pour des raisons évidentes de volume et d'impacts sociaux que ses prix ont sur la population chinoise : La hausse des prix de l'immobilier résidentiel est en effet l'une des problématiques les plus sensibles à laquelle doit faire face le gouvernement de Xi Jinping.

    Le marché de l'immobilier d'entreprise est donc largement sous-réglementé pour le moment, car il n'a aucun impact sur la vie quotidienne des chinois, et donc sur la stabilité sociale du pays.

    Si des mesures ont quand même été prises, il semble que ce soit réellement aux collectivités locales de prendre des mesures de contrôles afin de ne pas se tirer une balle dans le pied en faisant baisser les prix de l'immobilier d'entreprise dans leurs villes, ce qui serait une cause certaine de fuite des développeurs immobiliers.

     

    Trop de centres d'affaires vides en Chine

     


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  • L'émission Arte Reportage a diffusé ce Samedi 22 Mars, un reportage sur l'énigmatique Xi Jinping, président de la République Populaire de Chine. Loin de lever le voile sur sa personnalité, ce qui serait impossible tant les secrets d'état sont protégés en Chine, le documentaire s'attache plutôt à montrer les deux facettes de cet "ultra" président qui réussit le doublé parfait d'asseoir son pouvoir absolu sur le Parti tout en conservant une image sympathique auprès de la population chinoise par des actions concrètes pour le peuple.

    Ce reportage est visualisable sur Arte Replay pendant encore quelques jours (Voir le lien ci-dessous, juste après le documentaire sur l'Ukraine) :

    Docteur Xi et Mister Jinping


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